Le front interne, plus que jamais à l’ordre du jour…
Avec l’escalade en Libye et les développements en Algérie :
Tandis que le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, entame un mois nouveau de consultations afin de former un gouvernement, la région nord-africaine connait des rebondissements de taille.
Tandis que le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, entame un mois nouveau de consultations afin de former un gouvernement, la région nord-africaine connait des rebondissements de taille. En Algérie, c’est un nouveau Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui débarque, mettant fin, ne serait-ce que provisoirement, à un chaos politique que le voisin connait suite à la désaffection soudaine de l’ancien président Bouteflika, qui postulait à une reconduction malgré son état de santé défaillant. A l’est, la Libye de Sarraj aurait signé, seule, un accord permettant à la Turquie d’erdogan d’intervenir militairement dans le conflit libyen. Accord qui a soulevé une vague de protestation qui dépasse le cadre de l’afrique du nord. Les Européens l’ont très mal pris, en plus de l’egypte, et de quelques autres Etats impliqués directement dans le dossier libyen.
A Tunis, le Président Kaïs Saïd vient de recevoir M. Fayez Sarraj, chef du gouvernement «reconnu» internationalement, deux jours avant l’offensive du Maréchal Khalifa Haftar contre Tripoli. Malgré les démentis successifs de Sarraj, les informations provenant de Libye indiquent que le militaire libyen aurait décidé d’en découdre avec le gouvernement de Tripoli, qu’il présente comme étant accoudé sur des milices islamistes qui se proposent de combattre l’armée libyenne commandée par Haftar. Un conflit que les accords du Maroc n’ont pas réussi à réduire.
La Présidence de la République a été très peu bavarde sur cette visite de M. Sarraj. Quelques termes laconiques n’ont pas contribué à étancher la soif des médias et de l’opinion publique par ces temps de tensions diverses qui enveniment la Libye. Certes, sur le terrain, la situation opérationnelle a été vite prise en charge le long de la frontière tuniso-libyenne par l’armée et les autres corps paramilitaires. Sur le plan purement politique en revanche, le flou règne non pas sur les perspectives de ce conflit, mais sur les prises de positions officielles des autorités tunisiennes, avec en premier plan la Présidence de la République. Parallèlement, le gouvernement appelé à renvoyer les affaires courantes continue ses activités de routine «en temps de paix». Aucune réunion sur les dispositions à prendre en cas d’escalade de la violence en Libye, avec son lot de déplacements en masse des populations. En même temps se multiplient les communiqués sur les prises de la douane et de l’armée de convois de contrebande le long de la frontière sud. La contrebande découverte ces derniers jours inclut des lots d’armes et d’articles militaires. Dans la région de Kasserine même, une prise inquiétante vient d’avoir lieu, et qui semble minorée voire ignorée par les médias. Il s’agit notamment de matériel d’écoute et de brouillage d’une gravité très peu soulignée. C’est dire que le pays est sur la ligne de mire de forces qu’il est grand temps de «pointer» sans ambages, afin d’en prévenir les dégâts sur la sécurité du pays. Les émissions de télé-poubelles ne peuvent suffire à remplir le vide et l’attente quant à ces questions cruciales qui défilent sur les sites d’information et les réseaux sociaux. Cela fait un bon moment que l’on suit les séminaires et les sessions de formation accélérée dédiés à la promotion d’une information où l’investigation a sa place. Sur ce chapitre, le fruit tarde à prendre forme. Mutisme et black-out inquiétants
Le mutisme et les réserves sont autant de signes inquiétants sur les perspectives de cette tension qui ne manquera pas de façonner les rapports régionaux et internationaux sur les décennies à venir, en l’absence de mesures concrètes à l’intérieur, et de la diplomatie tunisienne, dont la léthargie commence à inquiéter sérieusement. Sur ce chapitre particulier la formation des commissions parlementaires pour la sécurité et les corps d’armes n’augure rien de prometteur. A en égrener les noms retenus, on découvre, comme à l’accoutumée, que ces commissions ont été constituées sur la base de clivages politiques internes, et étrangers au contexte sécuritaire de l’époque. Aucun membre de ces commissions n’a de lien, de près ou de loin, avec les secteurs de compétence en jeu. Certaines mauvaises langues ne se sont pas privées, dans ce contexte, de faire remarquer qu’aucun membre de ces commissions n’a fait son devoir national, son service militaire. Avec la parité, les choses finissent en un travail pour le moins folklorique loin, très loin des véritables préoccupations sécuritaires du pays. En somme, L’ARP, sur ce chapitre, se présente plus comme étant un obstacle qu’un atout en faveur du renforcement de l’efficacité des défenses de notre pays.
A moins de nous dire franchement que ces commissions sont faites dans une logique de simple simulation, les «décisions» étant du ressort de milieux autres, que nous ne devons pas connaitre, en Tunisie ou ailleurs. Il n’y a pas d’autres explications possibles. Pourtant, sur le plan économique, tout dépendra de la position officielle que la Tunisie adoptera, et des choix économiques adaptés à ce chaos dans lequel la région semble se précipiter sur les mois à venir.
Espérons que notre front interne sera à la hauteur des défis qui se profilent.