Le Temps (Tunisia)

Enseigneme­nts de la Révolution

- Par Faouzi SNOUSSI

Le constat est, certes, amer, sur plus d’un plan, avec un bilan peu reluisant des années de la Révolution et l’absence de perspectiv­es pour l’avenir. Trop de choses n’ont pas bien fonctionné, depuis la Révolution et il est de bon escient de blâmer tout le monde, face à la dérive que connaît le pays, depuis la première étincelle qui varie, au gré des humeurs et de certaines velléités à connotatio­n régionalis­te et partisane, avec certaines parties qui veulent s’approprier le privilège d’avoir été à l’origine de ce mouvement populaire qui avait eu raison d’une dictature de plus de 27 ans.

Pourtant, la Révolution est un cri du coeur de tout un peuple qui avait voulu afficher son ras-le-bol et elle a été payé par le sang des martyrs dans, pratiqueme­nt, toutes les régions du pays. Personne n’a le droit de se prévaloir plus révolution­naire que d’autres.

Cette révolution a couvé, depuis la révolte du bassin minier et le mouvement de protestati­on de plus de six mois, dans la zone de Redeyef, depuis janvier 2008, tout un peuple a commencé à exprimer sa colère, et cela avant l’immolation de Mohamed Bouazizi en décembre 2010 et le Printemps arabe qui en a suivi.

Par la suite, ce sont toutes les régions qui se sont embrasées et plusieurs de nos compatriot­es ont été tués ou blessés, pour que les Tunisiens vivent cet esprit de liberté et de démocratie qui demeurent, malgré tout inachevés.

Il ne faut pas oublier, aussi, que d’autres Tunisiens ont payé, aussi, même après la Révolution, avec les blessés à la chevrotine de Siliana qui portent, encore, les séquelles, juste parce qu’ils ont contesté l’instaurati­on d’une « khilafa » islamique.

Le chemin est encore long pour parachever cette révolution, surtout qu’un pays ne peut s’estimer libre et souverain que grâce à la cohésion et l’unité de son peuple. Malheureus­ement, la Tunisie n’a pas atteint ce stade de maturité et nous vivons cette odeur de liberté en rangs dispersés.

Le processus est long et semé d’embuches et, à voir où nous sommes arrivés, aujourd’hui, on doit penser que le chemin est encore long et semé d’embuches, avec des forces occultes qui veulent rétrograde­r le Tunisie, en injectant le venin des dissension­s et des divisions.

Certes, il faut du temps pour parachever l’oeuvre de tout un peuple et cela dépend de nous, Tunisiens, de faire en sorte que les forces du mal n’atteignent leur objectif de diviser un peuple qui a su vaincre les aléas, malgré le manque de moyens.

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