Le Temps (Tunisia)

Les USA luttent contre la fuite de leurs scientifiq­ues vers la Chine

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Alors que la guerre commercial­e entre la Chine et les États-unis bat son plein, le président Donald Trump doit aussi faire face à ce qu'il considère comme une « tentative d'espionnage économique et scientifiq­ue »: la fuite des chercheurs et chercheuse­s américaine­s vers la Chine.désormais, le ministère de la Justice des États-unis tente de punir les scientifiq­ues qui se tournent vers ce pays. L'affaire Tao

Washington estime que ses université­s sont l'épicentre des plans de recrutemen­t des scientifiq­ues américain·es orchestrés par Pékin pour acquérir des avancées technologi­ques et scientifiq­ues. Mais les États-unis ont un mal fou à enrayer cette tendance, car il leur est difficile de lancer des accusation­s à l'encontre de ces spécialist­es séduit·es par l'étranger.

Les accusation­s de vol de propriété intellectu­elle ne suffisent pas pour prononcer une condamnati­on, car dans le milieu universita­ire les recherches sont régulièrem­ent partagées entre les facultés.

Le cas de Franklin Feng Tao, professeur d'ingénierie à l'université du Kansas récemment accusé d'avoir caché son emploi dans une université chinoise, pourrait désormais permettre de poursuivre en justice les participan­t·es à ce type de programme, sans avoir à fournir de preuves de vol de propriété intellectu­elle. Les procureurs en charge de l'affaire ont déclaré que la non divulgatio­n de son contrat avec l'université chinoise de Fuzhou lui a permis de conserver à la fois son travail dans le Kansas, mais aussi une subvention de l'état américain.

Bien que Franklin Feng Tao déclare ne jamais avoir accepté de poste en Chine, il encourt jusqu'à vingt ans de prison pour fraude. Son cas pourrait faire office de jurisprude­nce.

Auparavant, d'autres mesures avaient été prises pour enrayer la fuite des cerveaux. En 2018, le ministère américain de l'énergie avait interdit à ses chercheurs et chercheuse­s de mener ce type d'activités annexes en Chine, après avoir découvert en son sein du personnel recruté à coup de millions de dollars par Pékin pour un programme lié à l'armée.

Selon

le Wall

Street Journal,

le gouverneme­nt chinois a déjà engagé des milliers de scientifiq­ues dans le monde entier, en plus des 2.629 expert·es américain·es, pour travailler dans des institutio­ns chinoises grâce à son plan 1.000 talents.

Ce dernier prévoit des fonds importants pour séduire la fine fleur des scientifiq­ues du monde entier et faire revenir au pays des profession­nel·les d'origine chinoise. Déménageme­nt, assurance, loyer, scolarité, tout est pris en charge par ce programme lancé en 2008, qui offre également une bourse de recherche de 5 millions de yuans aux lauréat·es (plus de 640.000 euros).

Le contexte de guerre économique entre Pékin et Washington, engagée il y a plus d'un an, a relancé la polémique autour de ce plan. Les autorités américaine­s, notamment depuis que Donald Trump est à la Maison-blanche, se sont lancées dans ce qui ressemble à une chasse aux sorcières parmi ses scientifiq­ues. La Chine, de son côté, ne semble pas vouloir renoncer à ses ambitions d'orienter son développem­ent économique vers les techniques d'avenir. Le pays est notamment passé en 2016 devant les États-unis en nombre d'articles scientifiq­ues publiés.

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