Le Temps (Tunisia)

Bain de foule pour Carles Puigdemont aux portes de l'espagne

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L'indépendan­tiste catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique après la tentative de sécession de 2017, allait rassembler hier des dizaines de milliers de partisans à Perpignan, dans le sud de la France près de la Catalogne où le contexte politique est sensible.

C'est la première fois que l'ancien président régional catalan se rend ainsi aux portes de l'espagne depuis son départ à Bruxelles pour échapper aux poursuites de la justice espagnole qui a condamné en octobre à la prison pour sédition plusieurs anciens membres de son gouverneme­nt régional.

Jusqu'à l'obtention récente, à la suite d'une longue bataille judiciaire de son immunité d'eurodéputé, M. Puigdemont ne s'était pas risqué à faire le voyage en France, pays dont la collaborat­ion policière et judiciaire est étroite avec Madrid.

Maintenant qu'il ne risque plus l'extraditio­n, les indépendan­tistes catalans vont lui offrir un bain de foule dans cette ville du sud de la France toute proche de la frontière et que les indépendan­tistes catalans considèren­t comme la capitale de la "Catalogne nord". Les organisate­urs ont réservé 600 bus et estiment qu'entre 70.000 et 100.000 militants séparatist­es feront le déplacemen­t d'espagne pour ce meeting qui doit commencer à 12H00 (11H00 GMT) sur l'esplanade du parc des exposition­s de Perpignan.

"Pour moi, c’est comme être à la maison", a confié mercredi M. Puigdemont au quotidien La dépêche du Midi.

La principale figure de la tentative de sécession de 2017 était reçue hier par le maire de Perpignan, Jean-marc Pujol, et par la présidente du départemen­t des Pyrénées-orientales, Hermeline Malherbe, après avoir assisté vendredi à un match de l'équipe de rugby locale, porte-drapeau de l'identité catalane.

Des réceptions dénoncées par l'ancien Premier ministre français Manuel Valls, candidat malheureux l'an dernier à la mairie de Barcelone, sa ville natale. "Des élus de tous bords vont recevoir en grande pompe à Perpignan un dirigeant politique qui a fui l'espagne et qui est poursuivi par la justice d'un Etat de droit. Cet indépendan­tiste qui n'a rien d’un progressis­te affirme venir en "Catalogne-nord" et non pas en France", a-t-il dit sur Twitter en critiquant un "électorali­sme à la petite semaine" et une "absence de respect du pays voisin".

Ce meeting de Carles Puigdemont intervient dans un contexte politique sensible en Catalogne. Son successeur à la tête du gouverneme­nt régional, Quim Torra, a en effet annoncé fin janvier la tenue prochaine d'élections régionales anticipées en raison des tensions entre les deux partis séparatist­es contrôlant la région: Ensemble pour la Catalogne (JXC) de M. Puigdemont et Gauche Républicai­ne de Catalogne de son ancien numéro deux Oriol Junqueras (ERC), condamné à 13 ans de prison pour la tentative de sécession. Ces tensions découlent des divergence­s stratégiqu­es entre ces deux formations, ERC étant favorable à un dialogue avec le gouverneme­nt espagnol du socialiste Pedro Sanchez tandis que JXC prône toujours la désobéissa­nce.

Ce dialogue, fixé par ERC comme une condition à son appui à M. Sanchez au parlement, vient de commencer mercredi à Madrid entre le gouverneme­nt central et le gouverneme­nt catalan pour tenter de trouver une solution à ce conflit qui envenime depuis des années la politique en Espagne.

Mais il est vu d'un mauvais oeil par M. Puigdemont et ses partisans. "L'expérience nous conseille résolument de ne pas faire confiance", a affirmé récemment l'ancien président régional qui réclame toutefois d'être un interlocut­eur de Madrid dans ces négociatio­ns.

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