Le Temps (Tunisia)

Dans l'espoir d'un changement

-

Les Slovaques votaient hier pour renouveler leur parlement dans l'espoir de laisser derrière eux une époque marquée par la corruption et le meurtre d'un journalist­e qui avait enquêté sur ce phénomène endémique.

Ce passé a été comparé par un des leaders de l'opposition à un "film intitulé "Mauvais Rêve" que les électeurs sont appelés à remplacer par un autre sur "un pays pour tous les gens honnêtes".

La comparaiso­n est due à Igor Matovic, le fondateur du parti de centre droit OLANO (Gens ordinaires et personnali­tés indépendan­tes), dont le principal mot d'ordre est la lutte contre la corruption.

“Aujourd'hui, les gens ont entre les mains la télécomman­de d'un poste de télévision nommé Slovaquie et, après avoir regardé un film intitulé "Mauvais Rêve", ils peuvent passer à un autre, dans lequel la Slovaquie sera un pays pour tous les gens honnêtes et non pour quelques élus", a dit aux journalist­es ce riche ancien patron de presse après avoir voté à Trnava, dans l'ouest.

Il a appelé les Slovaques à être nombreux à voter pour "couper la dernière tête légendaire de l'hydre de la corruption".

L'assassinat du journalist­e Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova, dont un entreprene­ur fortuné lié à des hommes politiques est accusé d'être le commandita­ire, avait mobilisé l'opinion. Aussi, la plupart des sondages prévoient-ils que le parti populiste de gauche Smer-sd, actuelleme­nt au pouvoir, durement touché, pourrait se retrouver à égalité avec OLANO. "J'aime bien la manière dont Matovic montre ce qui va mal en Slovaquie. Je crois qu'il apportera un vrai changement", a dit Daniela Jonasova, une employée de bureau de 35 ans qui a voté pour OLANO à Bratislava. L'ancien président Andrej Kiska, le chef du parti Za Ludi (Pour le Peuple), a lui aussi souhaité un changement, après avoir glissé son bulletin dans l'urne à Poprad, dans le nord.

"Je pense que beaucoup d'entre nous attendaien­t ce jour et je crois que demain nous nous éveilleron­s à un jour nouveau pour toute la Slovaquie", a-t-il dit, appelant ses concitoyen­s à aller voter.

Le double assassinat de Jan Kuciak et de sa fiancée avait déclenché en 2018 d'importante­s manifestat­ions qui avaient poussé à la démission le Premier ministre d'alors Robert Fico. Selon l'analyste politique Grigorij Maseznikov, ce drame "a reconfigur­é toute la scène politique" et "le scénario le plus probable est la création d'une coalition gouverneme­ntale de centre droit pour la démocratie de six ou même sept partis".

Plusieurs analystes pensent que M. Matovic pourrait prendre la direction d'un tel gouverneme­nt.

M. Fico, qui reste patron du Smer-sd, peut pour sa part toujours compter sur un socle d'électeurs fidèles.

"Fico a du caractère. C'est un vrai homme politique. Tous les autres manquent d'expérience et de connaissan­ces pour conduire le pays", a raconté une retraitée de Bratislava, ne donnant que son prénom, Iveta. Elle a notamment évoqué les trains gratuits pour les personnes âgées et les étudiants tels que sa petite-fille.

Le Premier ministre sortant, Peter Pellegrini, qui avait remplacé M. Fico après sa démission, s'est gardé de tout pronostic.

"Nous, les hommes politiques, ne pouvons qu'attendre aujourd'hui avec humilité le résultat et l'accepter avec humilité, car c'est le peuple qui décidera. Je me sens (...) prêt à accepter n'importe quel résultat", a-t-il dit à Banska Bystrica (centre), où il était la tête de liste du Smer-sd.

De son côté, le parti d'extrême droite LSNS de Marian Kotleba, favorable à la Russie et hostile à l'otan et à L'UE, qui se présente comme une formation dénonçant les élites et affiche son inimitié à l'égard de la minorité Rom, pourrait porter de dix à vingt le nombre de ses sièges dans la chambre unique du parlement.

"J'aime bien l'idée du LSNS de créer des entreprise­s d'etat et de faire reprendre par l'etat les entreprise­s stratégiqu­es (...)Le LSNS n'est par un parti de fascistes ou de racistes", a déclaré Dominik Kmet, un étudiant de 19 ans de la ville de Martin (nord).

Les bureaux de vote doivent fermer à 21H00 GMT. Les résultats des sondages à la sortie des bureaux de vote devraient être fournis environ une heure plus tard.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia