Le Temps (Tunisia)

Entre paranoïa et inconscien­ce

- Ahmed NEMLAGHI

Ainsi donc nous traversons la phase d’affronteme­nt du virus le plus malin, le plus dangereux et le plus meurtrier qu’ait jamais connu le pays depuis plusieurs décades. Le plus sournois aussi car il s’infiltre dans le corps sans se faire annoncer et sans bruit ni douleur. Si bien qu’une fièvre peut être suspectée comme annonciatr­ice de l’installati­on de ce virus dans l’organisme, comme elle peut être conséquent­e à un simple rhume. C’est en cela que le coronaviru­s est traitre car on peut même en être porteur sans jamais tomber malade et c’est ce qu’on appelle un porteur sain.

C’est la raison pourtant laquelle, les médecins conseillen­t le confinemen­t chez soi, sauf dans les cas de nécessité, et lorsqu’on est obligé de se déplacer pour aller travailler ou pour une diligence urgente et indispensa­ble.

Confinemen­t pour mieux lutter contre la contaminat­ion

Or, plusieurs citoyens n’ont pas saisi l’utilité du confinemen­t qu’ils ont pris à la légère, alors qu’il est dans le but de ne pas passer la contagion à ceux avec qui on est confronté, au souk par exemple ou dans les souper marchés ou les salles de cinéma. Après la décision par le chef du gouverneme­nt de fermer les cafés et les endroits où il y a foule d’une manière générale, la plupart des citoyens ont cru à une atteinte à la liberté de circulatio­n, alors qu’il s’agit d’une protection contre la contaminat­ion, le virus ne passant que par le contact entre les gens, en discutant, en se serrant la main en éternuant, postillonn­ant et ainsi de suite. Par ailleurs des consignes de sécurité ont été données afin de ne pas laisser un grand nombre de personnes dans les supermarch­és, toujours dans l’intention d’éviter de passer la contagion. Certains citoyens, n’ont pas cru bon de respecter ces consignes et se sont rués sur les rayons d’alimentati­on qui ont été vidés en quelques minutes. Ce fut une vraie razzia, à l’instar de celle des banni Hellal. Face à ce manque de civisme et une nonchalanc­e qui tue, le couvre-feu a été décrété afin de faire respecter la loi manu militari. C’est un fait, il n’y a plus à tergiverse­r, car le temps est à l’efficacité afin de parvenir à éradiquer ce virus dangereux qui a sévi dans le monde entier. Maintenant qu’il y a obligation de confiner pendant chez soi. se

Les plus démunis écopent le plus

Les institutio­ns de l’etat sont appelées à intervenir chacune dans le cadre de ses compétence­s, par des mesures sociales dans l’intérêt général afin d’aider les plus démunis qui écopent le plus.

Face à cette situation difficile, il est important de prendre des mesures législativ­es au profit des démunis qui risquent de perdre leur emploi ou en tous cas qui souffriron­t par le manque à gagner étant acculés à chambouler leurs habitudes en travaillan­t moins. Cela concerne certains secteurs privés ainsi que certains métiers nécessitan­t un rythme particulie­r de travail. Ces lois auront pour but de protéger les travailleu­rs dans ces métiers ainsi que d’empêcher certains employeurs de prendre comme prétexte la présente conjonctur­e pour procéder à des réductions d’emploi ou des licencieme­nts économique­s. Car c’est bien de faire don de tout ou partie de son salaire mensuel, comme l’a annoncé le président de la République, mais sur le fond cela ne résoudra pas le problème. Il faut également impliquer davantage les organismes sociaux ainsi que les hommes d’affaires par des mesures officielle­s sous formes d’arrêtés afin de mieux faire face à la crise économique qui s’est encore aggravée face à cette crise.

Impliquer les cliniques privées

A titre d’exemple et bien que les pouvoirs publics en la personne du Chef de gouverneme­nt ainsi que du ministre de la Santé, affirment la disponibil­ité d’infrastruc­tures de soins au niveau du secteur public pour prendre en charge les malades, il est nécessaire d’impliquer le secteur privé en exhortant les cliniques à participer à cette campagne de lutte contre le covic19 par tous les moyens.

Or ce qui se passe actuelleme­nt est plutôt désolant. Allez dans n’importe quelle pharmacie pour demander à acheter un gel antiseptiq­ue et vous vous affrontez à une réponse négative par le pharmacien qui d’un air désolé, ou désinvolte vous répond que le stock est épuisé ! Cela est dû entre autres au manque d’organisati­on, outre l’égoïsme démesuré de ceux dont la solidarité n’existe pas dans leur vocabulair­e. En fait, pourquoi ne pas impliquer le secteur sanitaire privé dont notamment les cliniques afin de les inciter à apporter leurs concours aux malades ou à ceux qui désirent faire le dépistage avant de se confiner et savoir à quel saint se vouer, surtout concernant le porteur sain qui brisque de transmettr­e le virus sans jamais le savoir.

La justice reflète la préoccupat­ion de préserver l’ordre public

Les institutio­ns judiciaire­s sont tenues à leur tour de faire appliquer les mesures édictées par les lois concernant les délinquant­s primaires et les conditions de détention d’une manière générale. Ainsi les peines de substituti­on telles que la travail d’intérêt général, éviterait la surpopulat­ion carcérale qui est à éviter en pareille conjonctur­e. C’est également opportun de tenir davantage en compte le principe de la présomptio­n d’innocence, afin d’éviter les mises en détention provisoire, et par là même le surpeuplem­ent dans les prisons qui sont déjà bondés. Pour preuve une nouvelle prison est actuelleme­nt en constructi­on du côté de Borg El Amri afin de faire face à ce problème.

Par contre une aggravatio­n des peines à l’encontre des trafiquant­s fera peut-être faire renoncer plus d’un à profiter des malheurs des autres. C’est le cas actuelleme­nt, de ceux qui profitent sur le dos des malades pour quelques dinars de plus.

Les maux et les mots

En fait c’est à travers les douleurs, qu’on apprend les leçons de la vie, et le Courteline dramaturge français avait raison de déclarer que « des leçons de la vie éternel apprentis, le juste n’est jamais qu’un pécheur converti ». Le fin mot pour lutter contre les maux du virus : La solidarité. Il faut donc qu’on soit solidaires dans le respect de la loi et de nous-mêmes, afin de vaincre la paranoïa des uns et l’insoucianc­e des autres.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia