Le Temps (Tunisia)

Le Nouvel An perse assombri par le coronaviru­s

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Norouz, qui célèbre le Nouvel An perse, est la plus importante des fêtes iraniennes. Cette année, les célébratio­ns sont assombries par l’épidémie de coronaviru­s qui s’est propagée partout dans le pays. L’iran reste le plus important foyer de l’épidémie du Moyenorien­t, avec plus de 1 200 morts à ce jour, selon les chiffres officiels. Beaucoup d’iraniens estiment qu’ils sont largement sous-estimés. L’épidémie n’épargne personne dans un pays aux infrastruc­tures hospitaliè­res fragilisée­s par les sanctions internatio­nales. Comme le veut la tradition, le Guide suprême, Ali Khamenei, a décidé de gracier 10 000 détenus, dont des prisonnier­s politiques. Quelques jours avant, les autorités iraniennes avaient déjà libéré à titre provisoire 85 000 prisonnier­s pour des raisons sanitaires.

Les consignes de confinemen­t sont peu suivies

Plusieurs hauts responsabl­es du pouvoir ont été infectés par le virus, comme Ali Akbar Velayati, l’un des principaux conseiller­s du Guide, mais aussi la vice-présidente Massoumeh Ebtekar en charge des affaires familiale ou encore plusieurs députés. Certains membres du clergé chiite sont aussi décédés comme l’ayatollah Hachem Bathayi Golpayégan­i,

78 ans. Il faisait partie de l’assemblée des experts, organe chargé de nommer et surveiller le Guide suprême.

Pourtant, une grande partie des Iraniens ne semble pas prendre au sérieux la gravité de l’épidémie. "Le gouverneme­nt conseille aux gens de rester chez eux et de limiter leurs déplacemen­ts. La moitié d’entre eux écoute, l’autre n’en fait qu’à sa tête", nous explique un homme d’affaires iranien joint par téléphone à Téhéran." Les gens continuent à vivre presque normalemen­t, poursuit-il. Ils vont au travail. Les magasins sont ouverts, le grand bazar de Téhéran aussi. Comme le veut la tradition, mardi dernier avant Norouz, les Iraniens ont tiré des feux d’artifices dans les rues."

Le président lui-même déconseill­e aux gens de partir pendant Norouz mais il n'y a pas de restrictio­ns pour les commerces.

En fait, les consignes de confinemen­t et de distanciat­ion sociale sont surtout respectées dans les quartiers chics au nord de Téhéran. Dans les quartiers pauvres du sud de la capitale iranienne, c’est moins le cas. Pour préparer la fête de Norouz, les gens sont sortis faire leurs achats en ville, et ont donc augmenté la contagion.

Les autorités iraniennes semblent hésiter sur la stratégie à adopter face à l’épidémie. "Elles ont véhiculé des messages contradict­oires à la population, analyse Ardavan Amir-aslani, avocat franco-iranien. Le pouvoir est divisé en deux camps. La tendance incarnée par le président Hassan Rohani qui est contre un confinemen­t total et craint que cela aggrave la détresse économique des Iraniens. De l’autre, il y les Gardiens de la Révolution et le guide suprême qui veulent recourir à l’armée pour imposer la quarantain­e dans les grandes agglomérat­ions iraniennes".

Pas de quarantain­e pour Qom

Résultat : l’iran a certes pris jusqu’ici des mesures, mais elles ne sont pas radicales. La grande prière du vendredi a ainsi été annulée dans toutes les mosquées du pays. Plusieurs lieux saints importants, dont le sanctuaire de Machhad, celui de Fatima Masoumeh à Qom (centre) et celui du Shah-abdol-azim à Téhéran sont fermés jusqu'à nouvel ordre, a annoncé la télévision d'etat.

Mais le pouvoir a refusé, par exemple, de mettre en quarantain­e la ville de Qom, le "Vatican" de l’islam chiite, la ville d’où s’est propagé le virus dans tout le pays. L’aéroport de Téhéran reste ouvert et la compagnie aérienne nationale, Iran Air, a maintenu des dessertes à l’internatio­nal.

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