Le Temps (Tunisia)

Les «visas» de Layouni, la «chienne» de Abbou et les «bijoux» de Mraïhi !

Sarcasmes, satires et railleries sur la toile :

- Raouf KHALSI

Tous les coups sont permis dans les arcanes de ce musée aux horreurs que sont devenus la classe politique et son épicentre, le Parlement. Toutes les exhibition­s clownesque­s, dans l’enceinte même des plénières, donnent de bonnes raisons de railleries aux Tunisiens. On le sait : nos compatriot­es ne manquent pas d’imaginatio­n, ni d’humour et, encore moins, de sarcasmes. Ils exercent la politique à leur manière. Les facebooker­s tunisiens comptent, en effet, des milliers et des milliers d’humoristes pouvant, même, tenir la dragée haute aux Lotfi Abdelli ou autres Lamine Nehdi. L’imagerie tunisienne, par ailleurs décapante depuis des lustres est, aussi, le réceptacle du modèle culturel et sociétal régissant les rapports sociaux dans les nations de la rive-sud de la Méditerran­ée.

Tous les coups sont permis dans les arcanes de ce musée aux horreurs que sont devenus la classe politique et son épicentre, le Parlement. Toutes les exhibition­s clownesque­s, dans l’enceinte même des plénières, donnent de bonnes raisons de railleries aux Tunisiens. On le sait : nos compatriot­es ne manquent pas d’imaginatio­n, ni d’humour et, encore moins, de sarcasmes. Ils exercent la politique à leur manière. Les facebooker­s tunisiens comptent, en effet, des milliers et des milliers d’humoristes pouvant, même, tenir la dragée haute aux Lotfi Abdelli ou autres Lamine Nehdi. L’imagerie tunisienne, par ailleurs décapante depuis des lustres est, aussi, le réceptacle du modèle culturel et sociétal régissant les rapports sociaux dans les nations de la rive-sud de la Méditerran­ée. Le nôtre est également enrichi par l’autodérisi­on qu’à incrustée Al Jahedh, dans notre culture arabophone. Le mérite de cette « révolution », le mérite de la chose publique, telle qu’exercée par des élus du peuple-sans peuple éluc’est d’avoir stimulé le rire, la moquerie, les railleries dans toutes leurs facettes, hormis ces temps de forte sinistrose.

Comment aller au Kram ?

Voilà donc, un Fathi Layouni, maire du Kramouest, dépeint dans les allures d’un « Emir » qui se trompe de siècle. A croire qu’il se prend pour le rejeton des « Foutouhats », c'est-à-dire l’invasion arabo-musulmane en Tunisie.

Il délimite, donc, son territoire et les internaute­s l’imaginent établir des barricades autour de son « Emirat » : personne n’y pénètre, en effet, sans « visa ». Pire que le visa Schengen.

Il a, en effet, piqué une colère bleue, lorsqu’un électron libre répondant au nom de Kaïs Saïed, et qui n’en est pas moins Président de la République, a choisi d’aller faire sa prière du vendredi au… Kram, c'est-à-dire dans « l’emirat » de Fathi Layouni. Notre cher « Maire » n’en a pas moins crié à la violation -allions-nous dire : « violation de domicile »- jugeant l’intrusion du Président anticonsti­tutionnell­e. Il n’en fallait pas davantage pour enflammer la toile : des demandes de visas de se rendre au Kram y sont déversées, comme une trainée de poudre.

On demande même des renseignem­ents sur les formulaire­s à remplir et les droits à payer. Le Maire n’en démord pourtant pas : l’initiative de Kaïs Saïed déroge à ses yeux, au chapitre 73 de la constituti­on.

Il dit même que le Kram est sous sa tutelle et que quiconque y entre, doit d’abord en référer à lui. Et, même, pour aller vers Dieu dans une mosquée ! Sauf qu’il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Tranquille­ment, Kaïs Saïed, refait le coup le vendredi d’après, c'est-à-dire, avanthier. Voilà donc « l’emir » qui avait institué le « fond Zakat » avec un problème de plus sur les bras : doit-il remettre à flot les Ligues de protection de la révolution pour contrôler tous les flux « migratoire­s » vers son fief ? Finalement, c’est en cela sa vision du localisme. En tous les cas, les internaute­s lui sont gré de leur avoir donné à se marrer.

Ce traitre de streaming

L’imagerie facebookie­nne ne s’arrête pas là. La technologi­e joue, en effet, de sales tours aux élus du peuple. Ils s’épient tous mutuelleme­nt, en fait. Cet aparté entre le député nahdhaoui (Becher Chebbi) et la très implacable députée d’attayar, Samia Abbou, a été capté en streaming et toute la teneur de la discussion autour de Abir Moussi et la façon de la neutralise­r, a été consignée aux mains de la bouillonna­nte présidente du PDL. Des chaines de télévision de chez nous en ont rapporté les images et les propos tenus.

Samia Abbou : « Qu’est-ce qu’on va faire d’elle, la chienne ? »

Becher Chebbi : « On va lui fabriquer un dossier pour une affaire de terrorisme. On va lui préparer un système ». Du coup, sautant comme d’habitude sur toutes les occasions pour débiter ses éternelles redondance­s, Abir Moussi donne une conférence de presse, annonce que ledit enregistre­ment est consigné par P.V. chez un huissierno­taire et déclare son intention de saisir le Parquet. Elle se dit menacée et qu’elle n’exclut pas un meurtre au sein du Parlement, du fait que, selon elle, Habib Khedher, le chef de cabinet de Rached Ghannouchi permet l’accès à des individus étrangers à l’administra­tion parlementa­ire, dont les éléments des Ligues de protection de la Révolution. Bien plus, invitée au programme d’al Watanya : « Avec les gens », elle déclare avoir reçu un sms de la part d’une personne qu’elle connait, mais avec laquelle elle n’est pas forcément d’accord, un sms dans lequel cette personne l’alerte quant à l’arrivée de Daéchiens de Libye, pour la liquider.

En tous les cas, on sait que les forces sécuritair­es avaient déjà, depuis quelque temps, prévenu la patronne du PDL quant à certaines menaces dont elle fait l’objet. En revanche, commentant ce streaming, Becher Chebbi ramène le tout aux techniques policières des écoutes propres à Abir Moussi (lisez : elle met tout le monde sur écoutes) arguant que la discussion portait sur le discours haineux tenu par elle et que cela tombe sous le coup de la loi anti-terroriste. Quant à Samia Abbou, elle s’est limitée, sur Jawhara fm, à s’excuser sur le mot « chienne ».

Sauf que la toile a fait son oeuvre. Le Parti Attayar a droit à tous les noms d’oiseaux, ou à tous les noms de chiens, si vous voulez. Un confrère en a même transposé une : dans la toile, Mme Abbou est comparée à la fameuse « The Goodmother ». Comparaiso­n tout de même un peu exagérée. Mais, c’est ça la toile…. Le Parlement et la classe politique toute entière stimule, donc, toutes les moqueries et tous les sarcasmes. Toute la classe politique se prête au jeu.

La politique classique est en effet ennuyeuse. Il faut, donc, des idées nouvelles, quitte à paraître hérétique. Encore heureux, d’ailleurs, que Lotfi Mraïhi ne soit aux commandes du pays : il aurait réquisitio­nné tous les bijoux des femmes tunisienne­s pour payer le FMI.

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