Le Temps (Tunisia)

Retour de manivelle?

- Par Faouzi SNOUSSI

Le week-end a été chaud, au niveau des développem­ents politiques et dans le bras-de-fer entre le mouvement Ennahdha et le Parti destourien libre (PDL) et sa présidente Abir Moussi qui ne cessent de prendre une stature et une envergure qui font peur aux islamistes.

Tout est devenu clair et Rached Ghannouchi qui a engagé une fuite en avant, que ce soit dans son parti ou à l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) trouve de plus en plus de difficulté­s pour contrer le raz-de-marée qui se dessine, surtout après l’imposant rassemblem­ent du PDL, organisé durant plus de deux heures, dimanche à l’avenue Habib Bourguiba, redevenue, encore une fois, le baromètre des tendances politiques.

Le malheur de Rached Ghannouchi est qu’il joue sur plusieurs fronts, en comptant sur des alliances fragiles et une majorité parlementa­ire qui ne fait pas le poids, lorsque les choses deviennent sérieuses, et c’est ce qui risque de lui faire quitter la scène, par la petite porte, lui qui a vu gros, depuis son retour en Tunisie, à l’aube d’une révolution dont il n’a pas fait partie et dont il a pu récolter les fruits.

Mais, aujourd’hui, selon les premières constatati­ons le vent commence à tourner, surtout que le chef du mouvement islamiste a trop présumé de ses forces, en piétinant les platebande­s du président de la République, Kaïs Saïed, en s’en prenant à Elyès Fakhfakh, le sommant d’inclure Qalb Tounès au gouverneme­nt, en voulant à booster Attayar et Achâab hors de la coalition gouverneme­ntale, et en cherchant de trouver la parade nécessaire face aux attaques féroces et bien orchestrée par le PDL et sa présidente acharnée, Abir Moussi.

Les dernières motions présentées par ce mouvement qui se prévaut du Bourguibis­me avaient fait trembler le Cheikh. Pour la première concernant son audition, le président de L’ARP est passé de justesse à travers les filets. Mais, pour la seconde et qui ne sera pas, certaineme­nt, la dernière, ils avaient dû, lui et « son cabinet », enfreindre la Constituti­on, au su et au vu de tout le monde. Mais, certes, ce n’est que partie remise.

Si on ajoute à ces fronts le climat social, avec le ras-le-bol des citoyens des errances des politicien­s, avec, toujours, Ennahdha en tant que partie-prenante, depuis l’assemblée nationale constituan­te, on peut croire que la situation n’est pas rose, pour lui, surtout avec le nombre des électeurs qui quittent la barque, et c’est une navigation à vue qu’il est en train d’engager, aux dépens du pays.

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