HUMEUR DU TEMPS
Entre de «bonnes» mains!
Quand on dit que la richesse est intérieure, cela peut tranquilliser, ou faire peur. On peut être riche par son esprit ou son coffre-fort. Les deux possibilités sont à prendre lorsqu’elles viennent avec spontanéité, sans ingéniosité ni arnaque, en toute simplicité et sans causer de difficultés. Ces dernières commencent avec des actions douteuses, dans des transactions juteuses, que le commun des mortels ne peut voir, et qu’un citoyen honnête ne peut y croire.
C’est surtout quand la politique s’en mêle, que les choses se compliquent de plus belle. La politique n’est-elle pas, en effet, pour certains gouvernants, l’art d’obtenir de l’argent des riches, suivant un ordre de préférence préalablement enregistré dans des fiches. C’est ainsi que sont renflouées les caisses de l’etat, par le biais de ce qu’on appelle impôt sur le revenu, qui est une sorte de mise à nu des richesses cachées, que les fortunés sont obligés de déclarer sous peine d’être sévèrement réprimandés. Raison pour laquelle mille et une entourloupette sont fomentées afin d’y échapper.
C’est ce qui débouche sur toutes sortes de malversations et aboutit à une justice à deux vitesses, fille de la corruption, que les princes qui nous gouvernent ont toujours promis d’éradiquer, durant les campagnes en vue de leur élection. Hélas on se retrouve toujours face à un cercle vicieux, où ceux que nous choisissons s’évertuent à innover de plus belle pour nous pomper en créant des caisses et des fonds ; au profit de l’intérêt général ?
Allons bon ! Croyez-vous que le maire d’une municipalité voisine qui allait crier famine, auprès de ses compères Nahdhaouis, pour créer un fonds de la Zakat, animé de l’intention de renflouer les caisses de l’etat, n’ait pas enfreint la loi ? Il ne peut y avoir deux systèmes d’impôt, l’un civil et l’autre religieux, gérés en même temps par les collectivités locales et l’etat.
La Zakat, était collectée par l’etat, dans un système de Califat. A cette époque, le spirituel et le temporel n’en faisaient qu’un et les Califes en étaient l’alpha et l’oméga. Le maire du Kram n’ayant pas encore compris cela, persiste et signe en voulant se montrer digne d’une action qu’il prétend pour le bien de la communauté.
Or le gouverneur qui est son chef de tutelle, convaincu du contraire, a engagé pour cette raison, deux actions, l’une sur le fonds et l’autre sur la forme devant le tribunal compétent. Cette dernière a consisté à demander en référé, un sursis à exécution de l’arrêté municipal. Le tribunal administratif dans sa sentence a rejeté cette demande, estimant qu’il n’y avait pas urgence. Ce qui fait qu’en attendant la décision sur le fond, le maire ne sera pas tenu de s’arrêter à collecter de l’argent en vertu du même arrêté.
Mais que ferait-il, au cas où le jugement sur le fonds en ordonne l’annulation ? Eh bien demain il fera jour ! Il pourra d’ici là aller en appel comme toujours. Nous avons affaire à un plaideur invétéré, doublé d’un avocat chevronné, qui croit toujours agir pour le bien de la communauté. Est-ce dans ce sens que le tribunal a argumenté sa sentence, concernant l’action du gouverneur, pour la rejeter ? C’est franchement à méditer.