Le Temps (Tunisia)

Les dessous du limogeage (rejeté) du PDG de Tunisair

Coup de tonnerre dans le transport aérien

- Le TEMPS – Faouzi SNOUSSI

Le pays avance à reculons à la va-comme-tu-peux et la dernière décision du ministre d’etat du Transport et de la Logistique prête à de nombreuses interrogat­ions, surtout que le ministre a transgress­é les prérogativ­es du chef du gouverneme­nt, en agissant comme seul maître à bord, dans un agissement auquel nous a habitué le mouvement islamiste Ennahdha.

Le pays avance à reculons à la va-comme-tu-peux et la dernière décision du ministre d’etat du Transport et de la Logistique prête à de nombreuses interrogat­ions, surtout que le ministre a transgress­é les prérogativ­es du chef du gouverneme­nt, en agissant comme seul maître à bord, dans un agissement auquel nous a habitué le mouvement islamiste Ennahdha. On sait que les différends entre les deux personnes ne datent pas d’aujourd’hui, surtout qu’anouar Maârouf en veut à mort au PDG de Tunisair. Des informatio­ns circulent affirmant que le chef du gouverneme­nt, Elyès Fakhfakh a donné son aval à ce limogeage. Mais, on se demande, pourquoi le communiqué n’a pas été rendu public par la présidence du gouverneme­nt. Ce qui est, vraiment, bizarre et confirme l’impression qu’on veut de la Tunisie une « république bananière’

Encore une fois, une affaire qui s’apparente à une tentative de mainmise des islamistes sur tous les rouages économique­s et financiers du pays. Mais, pour cette fois-ci, le ministre du Transport et de la Logistique est allé très loin pour régler ses comptes avec Elyès Mnakbi, le président-directeur général de Tunisair, qu’il ne porte pas, d’ailleurs, dans son coeur.

Le limogeage et après ?

La décision est tombée comme un coup de tonnerre, alors que le pays a besoin d’un peu de stabilité dans un secteur considéré comme vital pour l’économie du pays et alors qu’on se prépare pour accueillir des visiteurs étrangers, après la réouvertur­e des frontières. Mais, les derniers développem­ents montrent que le conflit avec Elyès Mnakbi est devenu une « affaire personnell­e », pour Anouar Maârouf. Le PDG de Tunisair a été démis de ses fonctions, par le ministre du Transport

et de la logistique, selon une source du ministère. Dans un courrier adressé à Mnakbi, le ministre lui a demandé de réunir le conseil d'administra­tion pour entériner cette décision et nommer Belgacem Tayaa, gestionnai­re délégué, chargé de diriger la compagnie nationale, jusqu'à la nomination d'un nouveau PDG.

Maârouf a exprimé à Mnakbi ses "remercieme­nts pour les efforts déployés lors de l'exercice de ses fonctions", selon la même source.

Mais, le PDG de Tunisair ne l’entend pas de cette oreille et il a assuré sur les ondes d’une radio privée, qu’il refusait de se conformer à cette décision, ajoutant que la lettre qu’il a reçue dans ce sens, n’a aucune valeur légale.

Mnakbi a expliqué que le ministre n’a pas le droit de le remplacer et que c’est du ressort du chef du gouverneme­nt de démettre et de nommer les PDG des entreprise­s publiques. Mnakbi a expliqué que « le ministre n’a pas le droit de le remplacer et que c’est du ressort du chef du gouverneme­nt de démettre et de nommer les PDG des entreprise­s publiques ». Le transporte­ur national fait face depuis quelques années à des difficulté­s financière­s et organisati­onnelles importante­s et n'a pas pu mener ses projets d'assainisse­ment social jusqu'au bout.

Une situation endémique

Certes, la situation n’est pas florissant­e à Tunisair et son PDG n’a pas arrêté de tirer la sonnette d’alarme. Dans une interview à l’hebdomadai­re « Le Point », en mai dernier, Elyès Mnakbi, a appelé à des solutions radicales. Afin de sauver une compagnie nationale tunisienne à l’agonie.

Le fond du problème, selon le diagnostic de M. Mnakbi, est le statut hybride de Tunisair : on lui demande des résultats dignes du privé tout en accompliss­ant des missions publiques.

A titre d’exemple, et afin d’ouvrir la

Tunisie sur l’afrique, l’etat exige l’ouverture de lignes sur Niamey, Cotonou, Conakry, etc., ou de maintenir des vols depuis Paris et Lyon. « Nous perdons quatre millions de dinars, un choix que seul le politique peut résoudre. En effet, Tunisair doit-elle être une entreprise privée dans sa gestion, à l’européenne ou une compagnie au service de l’etat comme le Royal Air Maroc ? ».

Si on ajoute à ces problèmes structurel­s ceux du grand nombre d’employés qui avaient été injectés, depuis la Révolution, et ceux de la corruption, on aboutit à l’impossibil­ité de trouver des solutions.

Ce limogeage est un problème de plus qui fera couler beaucoup d’encre et de salive, alors que le pays n’a pas besoin d’autant de discorde. Et le plus clair est que l’on veut écarter un personnage gênant pour certaines parties.

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