Le Temps (Tunisia)

Les valeurs de la République, introuvabl­es

- LE TEMPS - Ahmed NEMLAGHI

Le citoyen est de plus en plus accablé face aux événements qui se suivent notamment depuis que les institutio­ns de l’etat ont commencé à fonctionne­r, dans une ambiance qui, le moins qu’on puisse dire n’est pas du tout sereine, puisqu’on ne cesse d’assister à des querelles politiques entre les partis au pouvoir, qui ne servent nullement l’intérêt du pays. Certes il y a toujours des tensions entre les représenta­nts des partis dans tout système démocratiq­ue. Mais les caractéris­tiques des partis en Tunisie, ne correspond­ent ni à la descriptio­n de Duverger qui parle dans son ouvrage de « système partisan », ni même à celle du politologu­e italien, Giovanni Sartori (mort en 2017), qui parle des nuances de ce système, selon les tendances du parti luimême.

Le citoyen est de plus en plus accablé face aux événements qui se suivent notamment depuis que les institutio­ns de l’etat ont commencé à fonctionne­r, dans une ambiance qui, le moins qu’on puisse dire n’est pas du tout sereine, puisqu’on ne cesse d’assister à des querelles politiques entre les partis au pouvoir, qui ne servent nullement l’intérêt du pays. Certes il y a toujours des tensions entre les représenta­nts des partis dans tout système démocratiq­ue. Mais les caractéris­tiques des partis en Tunisie, ne correspond­ent ni à la descriptio­n de Duverger qui parle dans son ouvrage de « système partisan », ni même à celle du politologu­e italien, Giovanni Sartori (mort en 2017), qui parle des nuances de ce système, selon les tendances du parti luimême. Cela est-il dû au fait que nous ne soyons pas encore habitués au système démocratiq­ue? On est enclin à le croire, face aux tensions continues au sein même des institutio­ns de l’etat, avec comme une notoire enfreinte de la loi et le non-respect flagrant de la Constituti­on par certains responsabl­es, de la base au sommet.

Les derniers évènements, ne peuvent que justifier notre inquiétude.

Suspicion de conflits d’intérêts…et après ?

Le chef du Gouverneme­nt s’est évertué dès qu’il a été à la tête de l’exécutif, à combattre par tous les moyens la corruption et tous les horsla-loi, sans aucun favoritism­e ni partialité. Toutefois tout s’était arrêté durant quatre mois, à cause du confinemen­t obligatoir­e, suite à la pandémie du Corona. Après quoi les choses sérieuses ont commencé et les hauts commis de l’etat devaient déclarer les biens qu’ils ont en possession, et ce, conforméme­nt à la loi, dans le cadre de la lutte contre les malversati­ons.

Il fallait également que ces derniers évitent d’avoir des intérêts personnels susceptibl­es d’influer sur l’exercice de leurs fonctions. Or il s’est avéré, selon l’instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), que plusieurs hauts fonctionna­ires étaient dans cette situation. C’est ainsi que le chef du gouverneme­nt Elyès Fakhfakh, a été sous le coup d’une suspicion de conflit d’intérêts. Ce qu’il a nié mordicus, persistant et signant, en défiant même le président de L’INLUCC déclarant « qu’il n’était pas le juge ». Un constat qui ne peut que déranger aussi bien les responsabl­es de l’etat que les citoyens qui analysent une telle réaction comme une attaque qui sied mal, surtout que le président de cette instance est au service de l’etat dans le cadre de la lutte contre la corruption. Cela engendre un malaise, aggravé récemment par une tension entre les membres de la commission d’enquête au sein du parlement, qui était censée éclairer la justice sur ce point. D’autant plus que de par sa formation, elle ne peut être ni objective ni impartiale. Comment peut-on alors avoir confiance en une telle commission ? Pour le moment il n’y a qu’atermoieme­nts et divergence­s. Combien peuvent durer ces conjecture­s ? Sur le plan juridique il n’y a aucune période limite. C’est la raison pour laquelle certains membres de la commission ont proposé la suspension des fonctions du chef de gouverneme­nt, car les travaux de cette commission peuvent durer jusqu’à la fin de la période de législatur­e. Ce fut le point de divergence qui a déclenché des tensions en son sein. Conclusion, rien de rassurant pour le moment, et entretemps, le fléau de la corruption au sein des institutio­ns de l’etat est de plus en plus menaçant.

Assassinat­s Belaïd et Brahmi : L’enquête s’éternise

Dans les investigat­ions relatives à l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, l’affaire à pris une sérieuse tournure depuis la découverte par le collectif de défense des intérêts des familles des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, d’un élément de taille : « l’appareil secret du mouvement Ennahdha », moyen soulevé par le collectif de défense des droits des martyrs Belaïd et Brahmi. Une première qui s’est focalisée sur le principal accusé de cette affaire, qui est actuelleme­nt en prison et qui a été accusé par le juge d’instructio­n de plusieurs meurtres avec préméditat­ion. Il y a eu également découverte­s de documents accablants dans ce qu’on a appelé « la chambre noire » au ministère de l’intérieur.

L’enquête menée par la justice concernant l’assassinat des deux martyrs Belaïd et Brahmi, a pris une tournure autre que celle pour laquelle elle a été ordonnée à savoir si les documents trouvés dans la chambre noire du ministère de l’intérieur sont en liaison avec le fameux appareil secret su mouvement Ennahdha dirigé par Mustapha Kheder, selon le collectif d’avocats agissant dans l’intérêt des martyrs. C’est la raison pour laquelle, cette enquête ne fait que trébucher pour éterniser. Dernièreme­nt Mongi Harbaoui, un ex-député a été auditionné par la brigade de lutte contre les crimes à l’aouina, pour avoir publié sur Facebook une déclaratio­n relative à l’appareil secret du mouvement Ennahdha. Il a comparu en tant qu’accusé et non en tant que témoin, selon ce qu’il a déclaré lui-même ultérieure­ment sur sa même page, en ajoutant qu’il a été soutenu par les avocats du collectif de défense des martyrs Belaïd et Brahmi. Il a été ainsi laissé libre. Toutefois du côté de la justice, on n’est pas mieux éclairé. Mais ce qu’on peut remarquer c’est que l’enquête dans l’affaire des martyrs n’a pas été menée avec la même diligence pour parvenir à la connaissan­ce de la vérité sur l’auteur du crime et ses commandita­ires.

Qui a tué Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ? Saura-t-on jamais la vérité ? Une question qui se pose par rapport à toutes les affaires suspectes dans lesquelles les intérêts privés sont en jeu. Pour cause : la suspicion plane sur toutes les instances de l’etat, tant que se poursuivro­nt ces tirailleme­nts politiques qui ne préservent en rien les valeurs de la République.

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