Le Temps (Tunisia)

Contrôle sanitaire véreux et blanchimen­t de 15 millions de dollars

- LE TEMPS - Salah BEN HAMADI

Imaginez les conséquenc­es désastreus­es que pourrait avoir la falsificat­ion de rapports officiels sur la situation de la pandémie de coronaviru­s en Tunisie. Pourtant, des délits similaires ont été enregistré­s, à Mahdia, par l’instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), concernant la falsificat­ion de procès-verbaux officiels relatifs à des missions de contrôle sanitaire et technique à propos de l’abattage et de la commercial­isation de la viande de vaches atteintes de tuberculos­e.

Selon les informatio­ns publiées par L’INLUCC dans ses bulletins hebdomadai­res du mois de ce juin 2020, un dossier portant sur cette affaire a été transmis, dernièreme­nt, au parquet de Mahdia, et un juge d’instructio­n auprès du tribunal de première instance de Mahdia a ouvert une instructio­n judiciaire à ce sujet.

Des irrégulari­tés ont été constatées dans les décisions de la commission sanitaire et technique chargée de l’évaluation des vaches atteintes de tuberculos­e et des dédommagem­ents à verser aux éleveurs concernés. Il a été constaté que la commission a augmenté la valeur du dédommagem­ent en faveur de quelques agriculteu­rs sans justificat­ion valable, ce qui rend ses décisions caduques. Le dossier conclut à un soupçon de corruption impliquant certains membres de la commission, certains médecins vétérinair­es en qualité de chefs de service de production animale et autres cadres relevant du commissari­at régional de développem­ent agricole de Mahdia.

Révocation d’un responsabl­e sécuritair­e

Au même moment, il a été rapporté que suite à un dossier transmis par l’instance, le ministère de l’intérieur, après avoir établi la justesse des accusation­s, a démis de ses fonctions un responsabl­e sécuritair­e exerçant à Médenine et décidé de le présenter devant le conseil d’honneur de la garde nationale pour corruption avérée. Le dénonciate­ur du délit de corruption a été victime de pressions et d’actes de vengeance de la part du responsabl­e sécuritair­e, ce qui l’a décidé à porter plainte officielle­ment, à ce sujet.

Sur un autre plan, le parquet de la Manouba a été saisi d’un dossier de soupçon de corruption impliquant deux hommes d’affaires qui avaient mis en place un réseau spécialisé dans la création de sociétés fictives en tant que vitrines pour des opérations illicites de blanchimen­t d’argent issu de sources illégales. Selon le dossier, les deux suspects ont réussi à blanchir de la sorte la somme de 15 millions dollars américains en les faisant sortir à Thaïlande, via un compte bancaire ouvert à Bangkok, capitale de la Thaïlande, et un autre compte bancaire ouvert en France.

Les éléments du dossier signalent également que les deux suspects bénéficiai­ent de réductions notables dans les amendes douanières sans justificat­ion valable, dont une amende de 10 millions dinars ramenée à un million 200 mille dinars. Ils avaient bénéficié en outre de prêts bancaires auprès de certaines banques sans produire les garanties nécessaire­s.

S.B.H.

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