Mémoires militantes et mots incandescents
L’ouvrage vient de paraître en langue arabe aux éditions Zanoobya qu’anime Zeineb Farhat. Six militantes de la gauche tunisienne racontent leur parcours carcéral sous le titre “Banat Essiasa” (Les filles de la politique), une appellation qui les distinguaient des détenues de droit commun. À lire pour la valeur du témoignage et la belle démarche éditoriale.
Tout a commencé par un atelier d’écriture qui a permis de faire remonter des paroles enfouies, des mots incandescents pour se remémorer les années des premiers combats militants. Neuf femmes se sont associées pour accoucher d’un livre qui devrait faire date, d’un ouvrage dans lequel les unes parlent, les autres transcrivent ou éditent.
Détenues à cause de leur engagement politique
Socle de ce projet mémoriel et éditorial, six militantes de la gauche tunisienne remontent la généalogie de leurs combats et racontent des pans intenses de leur histoire. La septième voix est celle d’une militante irakienne qui est à l’origine de l’atelier d’écriture qui a abouti à cet ouvrage. Les deux autres femmes associées à ce projet sont respectivement l’éditrice qui a concrétisé la publication et la réalisatrice graphique de l’ouvrage.
“Banat Essiasa” ou les détenues politiques , pour les distinguer des détenues du droit commun. Tel est le titre de l’ouvrage qui sera bientôt en librairie et où ont témoigné six militantes politiques du mouvement Perpspectives-amel Ettounsi, jugées et condamnées par la Cour de la sureté de l’etat en 1974. Ces dames sont Amal Ben Aba, Dalila Mahfoudh , Zeineb Ben Said Cherni, Sassia Rouissi
Ben Hassen, Aicha Guellouz Ben Mansour, Leila Belili Temimi. Elle furent torturées, emprisonnées, radiées du travail, pourchassées dans leur gagne pain et traquées dans leur vie quotidienne.
Sept témoignages pour le respect de la dignité
Leur narration dégage un discours chargé de faits qui interpellent les institutions diverses politiques, carcérales, sociales et autres. Elles dégagent à partir de leur étant-femme un besoin d’éthicité historique et de redressement de la société vers la démocratie et le respect de la dignité humaine.
Leur témoignage est complété par celui de Haifa Zengana, militante de gauche irakienne, écrivaine qui a monté l’atelier d’écriture qui a généré cet ouvrage. Il est édité par Zeyneb Farhat dans sa propre maison d’édition “Zanoobya” et réalisé techniquement par Nibras Charfi .
Comme le souligne l’éditeur du livre, il s’agit d’une oeuvre au féminin et d’un cri contre l’immonde. Neuf femmes se sont en effet investies dans un acte de création qui porte en lui une beauté tragique. L’ouvrage vient tout juste de paraître et devrait faire l’objet de plusieurs séances de dédicace et de présentation.