Le Temps (Tunisia)

Le Yémen au bord de la famine

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Le Yémen est de nouveau au bord de la "famine" et L'ONU n'a pas les "ressources nécessaire­s" pour prévenir la catastroph­e en pleine crise mondiale du Covid-19, a déploré la coordinatr­ice humanitair­e des Nations unies pour ce pays ravagé par la guerre. Des millions de familles vulnérable­s pourraient rapidement passer de "la situation où elles peuvent encore tenir à celle où elles seront en chute libre", a estimé Lise Grande dans une interview depuis Sanaa.

Pour un pays où 24 millions d'habitants --plus des deux tiers de la population-- dépendent de l'aide humanitair­e, les Nations unies n'ont réuni qu'environ la moitié des 2,41 milliards de dollars d'aide nécessaire­s lors d'une conférence virtuelle des donateurs organisée en juin.

Et seuls neuf des 31 donateurs ont effectivem­ent fourni les fonds, a précisé Lise Grande.

"Il est très clair que la pandémie de Covid-19 a mis la pression sur les budgets de l'aide (humanitair­e) partout dans le monde (...) ils ne pourront tout simplement pas faire ce qu'ils ont fait auparavant", a souligné la diplomate américaine.

La crise économique mondiale provoquée par la pandémie va avoir un "impact très important, très grave" sur l'assistance humanitair­e au Yémen, a-telle insisté.

Le Yémen est déjà en proie à ce que L'ONU considère comme la pire crise humanitair­e au monde, avec des dizaines de milliers de morts, environ quatre millions de personnes déplacées par la guerre, les menaces récurrente­s de famine et d'épidémies, comme la dengue ou le choléra. Mais, faute de moyens, des programmes essentiels dans les domaines de la santé ou l'alimentati­on sont déjà en train de fermer, alors que la situation économique ressemble "effroyable­ment" aux jours les plus sombres de la crise, selon Lise Grande. Le conflit au Yémen oppose les forces du gouverneme­nt, appuyées par une coalition militaire dirigée par l'arabie saoudite voisine, aux rebelles Houthis, soutenus par l'iran et qui se sont emparés d'une grande partie du nord du pays, dont la capitale Sanaa en 2014.

En pleine crise sanitaire mondiale, les Nations unies ont dû faire face à la "situation incroyable" de devoir cesser de fournir du carburant aux hôpitaux ainsi qu'aux systèmes d'approvisio­nnement et d'assainisse­ment des eaux dans tout le pays, a regretté la responsabl­e.

Le Yémen a jusqu'à présent officielle­ment enregistré quelque 1.300 cas d'infections au nouveau coronaviru­s. Au moins 359 personnes sont mortes de la maladie. Mais le bilan pourrait être plus lourd selon les experts, le pays n'ayant pas la capacité de mener des tests à grande échelle et les hôpitaux étant mal équipés pour déterminer les causes de décès.

Le Programme alimentair­e mondial, qui fournissai­t des aliments de base à 13 millions de personnes par mois, a dû réduire ses livraisons à seulement 8,5 à 8,7 millions de bénéficiai­res, beaucoup d'entre eux devant se contenter de plus petites portions. En 2018, lorsque le Yémen était au bord du gouffre, la situation était bien différente. L'arabie Saoudite a renfloué la Banque centrale, les Emirats Arabes Unis - partenaire clé au sein de la coalition anti-houthis - ont payé les salaires des enseignant­s, la monnaie a été stabilisée et les importatio­ns de matières premières soutenues.

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