Le Temps (Tunisia)

Contrôle croissant de Pékin sur le centre financier

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Une semaine après l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, la Chine a inauguré hier à Hong Kong un bureau pour ses agents du renseignem­ent qui peuvent dorénavant opérer au grand jour pour la première fois dans le territoire.

L'ouverture en grande pompe de ce Bureau de défense de la sécurité nationale symbolise le contrôle croissant que Pékin entend exercer sur le centre financier.

Son emplacemen­t, dans un hôtel reconverti, est tout aussi significat­if : il domine le parc Victoria où se rassemblen­t depuis des années des manifestan­ts pro-démocratie. Chaque année en juin, ils s'y retrouvent pour une veillée en souvenir des victimes de Tiananmen.

Un drapeau chinois a été déployé devant l'emblème de la Chine a été installé.

Mercredi, une plaque au nom du nouveau bureau a été dévoilée, en présence de représenta­nts du gouverneme­nt de Hong Kong et d'officiels dont le commandant de la garnison de l'armée chinoise dans le territoire.

C'est "un moment historique", a déclaré Carrie Lam, cheffe de l'exécutif local désignée par Pékin. L'appareil de renseignem­ent chinois sera un "partenaire important" pour aider à préserver la sécurité nationale.

Luo Huining, directeur du Bureau de liaison, l'organe du pouvoir central chinois à Hong Kong, a affirmé que la ville avait "fait ses adieux à l'époque où elle était sans défense en matière de sécurité nationale".

La loi adoptée la semaine dernière par le régime communiste de Pékin vise à réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères, en réponse à la contestati­on lancée l'an dernier contre le pouvoir central dans l'ex-colonie britanniqu­e.

Elle constitue le changement le plus radical pour Hong Kong depuis sa rétrocessi­on par le Royaume-uni à la Chine en 1997. Les militants pro-démocratie redoutent une érosion sans précédent des libertés et de l'autonomie dans le territoire.

Des lois similaires en vigueur en Chine continenta­le permettent d'écraser toute contestati­on. La police hongkongai­se a déjà arrêté le 1er juillet, jour d'entrée en vigueur du texte, des manifestan­ts qui exprimaien­t des opinions politiques désormais illégales, comme l'indépendan­ce ou l'autonomie du le bâtiment et territoire.

Le contenu de cette loi est demeuré secret jusqu'à son adoption le 30 juin à l'unanimité par le comité permanent de l'assemblée nationale populaire (ANP). Le Parlement local n'a pas eu son mot à dire.

Le texte prévoit que les agents de sécurité chinois pourront opérer sur le sol hongkongai­s, une première, et certaines affaires tomberont directemen­t sous la juridictio­n de Pékin. Jusqu'à présent, la police et le système judiciaire hongkongai­s avaient toute compétence sur le territoire.

Dans son discours, M. Luo a rejeté les critiques concernant le système judiciaire chinois, le qualifiant de "sain".

Des observateu­rs s'inquiètent régulièrem­ent des procédures, avec un taux de condamnati­ons pour les tribunaux d'environ 99%.

Pour Pékin, cette loi vise à rétablir la stabilité sur le territoire après des mois de manifestat­ions monstres en 2019 et à réprimer le courant militant pour l'indépendan­ce.

Si le rôle précis du bureau demeure vague, la nomination à sa tête la semaine dernière par Pékin de Zheng Yanxiong est un signe.

Il s'est fait connaître avec la répression du soulèvemen­t en 2011 des habitants d'un village de la province du Guangdong, voisine de Hong Kong.

Durant la cérémonie, il a affirmé que le bureau "renforcera ses relations et sa coordinati­on" avec les organismes du continent déjà sur place comme la garnison de l'armée chinoise.

Ses deux adjoints ont été nommés: Li Jiangzhou, un officier de sécurité publique qui a travaillé au Bureau de liaison, et Sun Qingye, décrit la semaine dernière par le quotidien hongkongai­s South China Morning Post comme un haut fonctionna­ire du renseignem­ent chinois.

Le bureau dépend directemen­t de Pékin, ses agents ne sont pas soumis aux lois hongkongai­ses dans l'exercice de leurs fonctions.

Son inaugurati­on intervient au lendemain d'un renforceme­nt par Hong Kong des pouvoirs de sa police qui pourra effectuer des perquisiti­ons sans mandat ainsi que contrôler et supprimer toute informatio­n sur internet s'il existe des "motifs raisonnabl­es" de penser qu'elle viole la loi.

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