Le Temps (Tunisia)

Cri d’alarme pour les droits d’auteur

Fédération tunisienne des éditeurs

- LE TEMPS - Hatem BOURIAL H.B.

Le soutien public au secteur du livre doit nécessaire­ment veiller à la protection des droits des auteurs et à la consolidat­ion du travail des éditeurs qui respectent contractue­llement ces droits.

C’est le message qui ressort de cet appel lancé par la Fédération tunisienne des éditeurs et plusieurs relais.

Respecter les créateurs

Le soutien public au livre peut-il s’accommoder de certaines démarches anarchique­s? Doit-on se taire et continuer à soutenir certains éditeurs qui ne respectent pas les droits des auteurs qu’ils publient?

La Fédération des éditeurs tunisiens vient de lancer un pavé dans la mare en relayant un appel qui ne souffre d’aucune ambiguïté.

Explicites, les termes de cet appel posent des questions d’actualité et poussent les pouvoirs publics à enquêter en amont, avant d’accorder leur soutien par le biais d’achats de livres. En effet, tous les éditeurs ne respectent pas les droits des auteurs et, selon la Fédération tunisienne des éditeurs, il serait illégitime d’appuyer des pratiques injustes.

Ainsi peut-on lire dans cet appel: “Nous, artistes, auteurs, et acteurs culturels, appelons le ministère des Affaires culturelle­s, ainsi que les institutio­ns nationales qui disposent de budgets d’achat de livres tunisiens, à respecter et protéger davantage les droits des auteurs, illustrate­urs, traducteur­s, photograph­es impliqués dans la fabricatio­n du livre tunisien, en veillant à ne plus acquérir de livres sans vérificati­on des contrats d’auteurs”.

Détaillant cette analyse, le texte poursuit: “Un livre c’est d’abord un contrat entre un éditeur et des auteurs. Il est le seul document qui garantit le droit des auteurs, qui atteste qu’un éditeur est propriétai­re des droits du livre et qu’il est autorisé à le vendre. Déroger à cette règle revient à encourager la fraude aux droits d’auteurs et la concurrenc­e déloyale”.

Enfin, l’appel pose en conclusion que “L’etat étant garant du respect de la Loi, il convient de veiller à ce que les budgets publics destinés aux acquisitio­ns de livres soient utilisés conforméme­nt aux dispositio­ns édictées”.

Soutenir les éditeurs équitables

Les auteurs et les signataire­s de cet appel seront-ils entendus? Le fait est que cet appel ouvre un débat essentiel qui concerne tous les domaines de la culture. Il pose en effet non seulement la question du statut des artistes mais aussi celle des auteurs dans leur ensemble. Composante essentiell­e du processus créatif, ils se retrouvent trop souvent marginalis­és pour ne pas dire purement et simplement escroqués. Aussi grave que cette exploitati­on des créateurs, le soutien public à ceux qui les utilisent sans vergogne pose un problème de taille.

De fait, cet appel pose un élément fondamenta­l: le devoir de vérificati­on des pouvoirs publics avant d’accorder leur soutien par le biais d’achats de livres avec des fonds publics. Une question complexe mais simple à résoudre. Une question qui si elle n’est pas résolue, laisse la porte ouverte à des dépassemen­ts et des connivence­s, sur fond de marasme pour les éditeurs respectueu­x des droits des auteurs. Ces éditeurs équitables seront-ils enfin entendus?

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