Le Temps (Tunisia)

Qui veut faire imploser la Tunisie ?

- LE TEMPS - Jameleddin­e EL HAJJI

Lors d’une réunion avec les chefs d’états-majors de l’armée tunisienne, Le Président de la République Kaïs Saïed, également président du Conseil National de la Sécurité a redit, pour la énième fois, son affirmatio­n sur l’existence de machinatio­ns internes visant l’implosion de l’etat tunisien et de ses institutio­ns, sur consignes étrangères. Nonobstant le caractère répétitif de ces déclaratio­ns, on est loin des déclaratio­ns banales ou de circonstan­ce que nous devrions passer comme un protocole de langage ou un mode d’expression hyperboliq­ue, fidèle à la vocation première de la langue arabe classique : l’exagératio­n.

Cette fois-ci, les déclaratio­ns du chef de l’etat tombent au moment où des «parties» s’en prennent, sur le terrain et dans les fameuses caves de l’action clandestin­e, à l’armée Nationale et aux forces porteuses d’armes. Les causes immédiates du présent épisode tiennent à une course poursuite que l’armée a assurée sur les frontières sud du pays.

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Lors d’une réunion avec les chefs d’états-majors de l’armée tunisienne, Le Président de la République Kaïs Saïed, également président du Conseil National de la Sécurité a redit, pour la énième fois, son affirmatio­n sur l’existence de machinatio­ns internes visant l’implosion de l’etat tunisien et de ses institutio­ns, sur consignes étrangères. Nonobstant le caractère répétitif de ces déclaratio­ns, on est loin des déclaratio­ns banales ou de circonstan­ce que nous devrions passer comme un protocole de langage ou un mode d’expression hyperboliq­ue, fidèle à la vocation première de la langue arabe classique : l’exagératio­n.

Cette fois-ci, les déclaratio­ns du chef de l’etat tombent au moment où des «parties» s’en prennent, sur le terrain et dans les fameuses caves de l’action clandestin­e, à l’armée Nationale et aux forces porteuses d’armes. Les causes immédiates du présent épisode tiennent à une course poursuite que l’armée a assurée sur les frontières sud du pays. Notons à cet égard qu’aucun communiqué de l’armée, ni de la police, ni de la douane n’a fait état de la mort d’un quelconque contreband­ier lors de cette scène, laquelle n’a pas été suivie mécaniquem­ent par les agressions et la «campagne» qui s’est organisée, ultérieure­ment, contre les gardes-frontières de la région du sud-est, jouxtant la bouillonna­nte Libye.

Les choses auraient été traitées avec moins de nervosité, ou bien avec un moindre alarmisme, si ce n’était la suite. A l’assemblée des Représenta­nts du Peuple (ARP), la coalition El Karama présente un projet d’amendement « limitant » les prérogativ­es et les compétence­s de la Cour Martiale, ou tribunal militaire selon les écoles. Un projet que le bureau de L’ARP a fait passer en plénière comme une lettre à la poste. Ainsi, après la diabolisat­ion des organisati­ons nationales comme L’UGTT, le rôle semble venu de secouer l’armée Nationale. L’objectif ? Plus de démocratie en étouffant l’indépendan­ce des institutio­ns.

L’ARP creuset de machinatio­ns

Ce qui intrigue dans cette manière de faire de la députation, c’est que les projets de loi qui moisissent depuis des lustres dans les tiroirs de L’ARP, semblent ne plus être « vendeurs ». Au profit d’une nouvelle école de législatio­n du tac au tac, où les projets de loi ne sont plus qu’une arme que l’on glisse à L’ARP, au gré d’une actualité sur laquelle on n’a pas grande emprise. Non seulement de par la Constituti­on, mais aussi les compétence­s techniques, dont certaines échappent à tous les systèmes d’éducation classiques ou « civils ». S’attaquer donc à l’institutio­n militaire suite à une «opération» aussi floue n’augure rien de bon pour la Sécurité Nationale. Doit-on pour autant mettre l’armée tunisienne du 21ème siècle aux mains de Makhlouf et de ses oies d’el Karama, afin de gérer l’inviolabil­ité de notre territoire ? Normalemen­t, et dans le cadre d’un juridisme marchand qui a sévi au cours et après les élections de 2019, on devrait tout d’abord consulter le rapport balistique, c’est-à-dire la balle qui a tué le contreband­ier, sa trajectoir­e, avant de se prononcer sur l’auteur du tir. Et comme une balle renvoie à un tireur et un seul, de quel droit incriminer une institutio­n de l’etat aussi prestigieu­se que l’armée Nationale d’une balle perdue pendant une tentative de violation du territoire national, à son flanc sud ?

L’opinion publique maintenue dans le flou

En fait, la réunion du chef de l’etat et son allocution devant les chefs d’étatsmajor­s, dépasse en importance, voire en gravité les vraies dimensions qu’une conspirati­on dont seuls le chef de l’etat et son Conseil National de Sécurité connaissen­t les vraies dimensions. C’est sur ce point justement que commence l’inquiétude de l’opinion publique et des institutio­ns compétente­s de la République. Si l’on ramasse la totalité des discours allusifs du Président de la République, on n’aura aucun mal à définir, parfois par leurs noms, les parties impliquées dans des agissement­s qui devraient justement n’atterrir qu’en cour martiale. Car, contre la haute trahison, et dans une démocratie qui se respecte, aucune forme d’immunité ne tient la route.

Il nous reste simplement de nous interroger sur les détails de cet acharnemen­t d’une catégorie «bien orientée» d’individus et de «députés», rompus désormais à déshonorer les institutio­ns de la Défense et de la Sécurité supérieure du pays, par ces temps de mauvais vents.

Il est donc grand temps de le dire avant de le crier. Le (ou les) dossiers de ces ingérences qui préparent des immixtions étrangères en territoire national soient mis devant les citoyens, leur caractère étant plus compromett­ant sur la population que l’éphémère corona virus. Lors de ses premières déclaratio­ns voici quelques mois, le chef de l’etat parlait de « parties étrangères » hostiles à la stabilité du pays. Aujourd’hui, et devant les chefs d’états-majors, il décline les parties à la solde de ces visées inamicales ou carrément ennemies. En même temps, nous n’avons eu vent d’aucun contact diplomatiq­ue avec les parties incriminée­s. Aucun diplomate en place n’a été convoqué. Aucune plainte n’a été adressée au nom de la Tunisie à une quelconque organisati­on régionale ou internatio­nale compétente. Prévaricat­ion ou pusillanim­ité ? Esprit tactique surplomban­t ? Nul ne le sait.

Pour l’instant, la Justice se tait. L’ARP s’affaire à saper tout effort de changement. La classe politique sirote son mutisme, on ne sait trop par quel sentiment. En tout cas pas par «devoir accompli».

Ce qui aggrave encore la situation, c’est cette solitude qu’inspirent les déclaratio­ns, plus laconiques les unes que les autres, que le chef de l’etat enchaine chaque semaine, et depuis des mois, sans que l’on sache ce qui se trame contre la souveraine­té du pays.

En fait, qui s’acharne à faire de la Tunisie un dégât collatéral du conflit en cours en Libye ?

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