Le Temps (Tunisia)

Le télétravai­l n'est pas l'alternativ­e appropriée pour les plus vulnérable­s,

- La crise amplifie les inégalités !

selon des expertes du FMI

Les travailleu­rs dans le secteur alimentair­e, de l'hébergemen­t et ceux exerçant dans le commerce de gros et de détail, sont les plus touchés par la pandémie du coronaviru­s. Car, leurs emplois sont ceux qui se prêtent le moins au télétravai­l, constatent des expertes du FMI, dans un article récemment publié sur le site de l'institutio­n internatio­nale. Les jeunes travailleu­rs et les personnes qui n'ont pas fait d'études supérieure­s sont nettement moins susceptibl­es de télé-travailler. Les femmes pourraient également être particuliè­rement concernées, car elles se concentren­t de manière disproport­ionnée dans les secteurs les plus durement touchés comme les services de restaurati­on et l'hébergemen­t, estiment ces économiste­s.

De surcroît, les femmes assument une part plus importante de la prise en charge des enfants et des tâches domestique­s quand la fourniture de ces services n'est plus assurée sur le marché.

Les travailleu­rs à temps partiel et les salariés des PME ont plus de risques de perdre leur emploi. Les postes à temps partiel sont souvent les premiers supprimés quand la conjonctur­e économique se dégrade et les derniers à être pourvus quand elle s'améliore, alertent les auteures de l'article ( Mariya Brussevich, économiste à la division ASEAN I du départemen­t Asie-pacifique du FMI, Era Dabla-norris, cheffe de la division Asie I du départemen­t Asie-pacifique du FMI et cheffe de mission pour le Viet Nam et Salma Khalid, économiste à la division Sud III du départemen­t Hémisphère occidental du FMI).

Elles ont conclu que les effets de la crise sur les travailleu­rs à faible revenu et précaires pourraient être particuliè­rement sévères et amplifier des inégalités de longue date. Le phénomène est aggravé par le fait que les travailleu­rs en bas de l'échelle sont déjà disproport­ionnelleme­nt représenté­s dans les secteurs qui se prêtent le moins au télétravai­l.

Selon les estimation­s des expertes du FMI, près de 100 millions de travailleu­rs dans 35 pays (sur 189 membres du FMI) pourraient être concernés par ce problème, car ils sont dans l'incapacité de télé-travailler. Ils représente­nt en moyenne 15 % de la population active, mais des différence­s importante­s sont observées en fonction des pays et des travailleu­rs.

Des disparités considérab­les ont aussi été constatées entre les pays même pour des profession­s identiques : il est beaucoup plus simple de télé-travailler en Norvège et à Singapour qu'en Turquie, au Chili, au Mexique, en Equateur et au Pérou, parce que dans les pays émergents et les pays en développem­ent, plus de la moitié des ménages n'ont même pas d'ordinateur chez eux. Les pouvoirs publics sont ainsi appelés à concentrer leurs efforts sur l'aide aux travailleu­rs et aux familles touchés, en élargissan­t les filets de sécurité et de protection sociales capables d'amortir le choc des pertes de revenu et d'emploi. Des programmes de subvention­s salariales et de travaux publics peuvent les aider à retrouver un moyen de gagner leur vie pendant la reprise.

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