Le Temps (Tunisia)

«Il faut traiter le destin par le mépris»

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être déifié, face aux espoirs d’une vie éternelle des Karamazov.

A cette absence de finalité et d’espoir (qui n’est pas le désespoir), répondent cependant une conscience cherchant sa direction, des intentions au coeur d’un présent, un mouvement, un devoir d’intelligen­ce, des échanges humains et pour ne pas «ruminer», l’imaginatio­n, source de créations, fussent-elles éphémères.

Choisir entre «la croix ou l’épée», la contemplat­ion ou l’action, bien que les sachant inutiles mais, dans une certaine mise à distance de l’événement, «faire comme si» et devant un hasard toujours «roi», savoir user de l’esquive...

Préférer encore la mutilation d’oedipe, résistant ainsi au désespoir et à la tentation du suicide ; cette résistance devenant l’affirmatio­n que «tout est bien».

C’est donc précisémen­t l’absence de sens de l’existence qui en fait son intérêt.

Ainsi, pour Camus comme pour les stoïciens, l’homme peut et doit affronter le destin, enrichisse­ment vers une certaine liberté intérieure : «Il faut traiter le destin par le mépris».

Ce fut une lutte intellectu­elle pour le comprendre : mais où veut-il en venir ? Camus est un homme qui interroge. Avant lui, je ne connaissai­s pas l’importance de «l’absurde». Là, comme Sisyphe, comme les existentia­listes, il se révolte contre la mort, contre les dieux. Pourquoi nous donner une vie pleine de passions, si nous devons mourir après ? Alors autant qu’elle soit la plus longue possible.

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