Coronavirus : aucun pays n'est à l'abri d'une reprise
Ce n’est pas le type de records auxquels les Etatsunis nous avaient habitués. Avec 59 400 nouveaux cas de Covid-19 enregistrés dans la seule journée du mercredi 8 juillet, le pays a dépassé son propre plafond de 56 000 cas, établi à peine cinq jours plus tôt. La pandémie a repris dans des proportions spectaculaires outre-atlantique, où les Etats-unis totalisent 3 millions de cas et 133 000 morts ; 37 des 50 Etats américains connaissent de nouveau une forte croissance de la propagation du virus, en particulier dans l’ouest et le Sud. Les hôpitaux de Floride et du Texas menacent d’être submergés.
Cela n’empêche pas le président Trump de continuer à faire pression pour la réouverture des écoles et la reprise de l’activité économique. L’attitude à adopter face à la pandémie a tourné dans ce pays à l’affrontement politique, à quatre mois de l’élection présidentielle.la situation politique et sanitaire est tout aussi tendue au Brésil, où le président Jair Bolsonaro vient d’être testé positif au virus, après l’avoir tourné en dérision. En Inde, les mesures – imparfaites – de confinement ont échoué à juguler l’épidémie ; celle-ci a redoublé d’intensité lorsque l’activité économique a repris, manifestement trop tôt.
Situation préoccupante
Les pays où la gestion de la pandémie est contestable ne sont pas les seuls, cependant, à subir cette nouvelle flambée du virus. Au Japon, en Australie, en Europe, des pays qui pensaient voir le danger maîtrisé sont contraints de renouer avec des restrictions draconiennes, au moins localement. L’europe centrale, un temps épargné par la vague qui a frappé l’europe du Sud et la Grande-bretagne de plein fouet au début de l’année,
LE MONDE (FRANCE)
est de nouveau en alerte. Dans plusieurs pays des Balkans, la situation est préoccupante ; en Serbie, elle a provoqué un mouvement de protestation contre le pouvoir.
Ces multiples poussées de la pandémie montrent que, sans même attendre l’éventuelle deuxième vague redoutée pour l’automne, le virus reste terriblement présent, prêt à rebondir dès que l’on baisse la garde, quelles que soient les configurations politiques dans lesquelles ont été arrêtées les stratégies anti-covid.
L’avertissement vaut évidemment pour la France, où, les vacances d’été arrivant et le nombre de cas marquant une baisse régulière, la vigilance d’une partie de la population s’est affaiblie. L’infectiologue Jean-françois Delfraissy, président du conseil scientifique chargé d’éclairer les décisions des autorités sur la lutte contre la pandémie, a eu raison d’alerter ces derniers jours : les Français, prévient-il, sont « à la merci d’une reprise de l’épidémie ».
M. Delfraissy déplore en particulier le relâchement dans le respect des gestes barrières ; ce n’est pas le spectacle des embrassades de ministres, anciens et nouveaux, ni celui des collaborateurs fraternellement massés, sans masque, dans les cours des ministères, à la faveur des cérémonies de passation de pouvoir, cette semaine, qui le démentiront.
Si les usagers des transports en commun respectent le port du masque avec une remarquable discipline, il serait bon qu’au sommet de l’etat on se souvienne des mérites d’une règle élémentaire : celle de l’exemplarité. Le virus et les comportements permettant de combattre sa diffusion nous sont désormais familiers ; masques et tests ne manquent plus. Dans l’attente d’un vaccin, qui peut encore durer plus d’un an, plus que jamais, la responsabilité de chacun est impérative.