Le Temps (Tunisia)

A Idleb, les déplacés syriens craignent le pire

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Après avoir survécu ainsi que ses dix enfants aux combats dans le nord-ouest de la Syrie, Nasr Ahmad Sultan craint désormais de succomber à une famine ou une propagatio­n du Covid-19 après le veto russo-chinois sur le renouvelle­ment d’une aide aux déplacés syriens.

Le mandat accordé à L’ONU depuis 2014 pour acheminer des aides via la frontière turque a expiré sans que le Conseil de sécurité, profondéme­nt divisé, ne soit en mesure de prolonger cette assistance humanitair­e vitale pour 2,8 millions de personnes dans la région d’idleb, selon L’ONU.

Berlin et Bruxelles ont lancé une ultime initiative pour tenter de sauver ce mécanisme dans l’espoir d’un nouveau vote ce week-end. A l’intérieur d’une tente extrêmemen­t modeste dépourvue de meubles, dans un camp de déplacés près de la localité de Maarrat Misrine, dans le nord de la région d’idleb, Nasr Ahmad Sultan, dit craindre le pire.

Après avoir survécu ainsi que ses dix enfants aux combats dans le nordouest de la Syrie, Nasr Ahmad Sultan craint désormais de succomber à une famine ou une propagatio­n du Covid19 après le veto russo-chinois sur le renouvelle­ment d'une aide aux déplacés syriens.

Le mandat accordé à L'ONU depuis 2014 pour acheminer des aides via la frontière turque a expiré sans que le Conseil de sécurité, profondéme­nt divisé, ne soit en mesure de prolonger cette assistance humanitair­e vitale pour 2,8 millions de personnes dans la région d'idleb, selon L'ONU. Berlin et Bruxelles ont lancé une ultime initiative pour tenter de sauver ce mécanisme dans l'espoir d'un nouveau vote ce week-end.

A l'intérieur d'une tente extrêmemen­t modeste dépourvue de meubles, dans un camp de déplacés près de la localité de Maarrat Misrine, dans le nord de la région d'idleb, Nasr Ahmad Sultan, dit craindre le pire. "Nous avons quitté nos maisons, nos terres et nos moyens de subsistanc­e, et nous n'avons plus que ces aides (...) Si elles s'arrêtent, nous serons exposés à une famine", s'inquiète cet homme de 45 ans.

Avec sa famille, ils ont fui leur village dans le sud d'idleb, lors d'une offensive d'ampleur menée par les forces du régime, soutenues par Moscou, à partir de décembre dans la région.

L'opération a poussé environ un million de personnes à fuir les zones bombardées avant l'entrée en vigueur début mars d'un cessez-le-feu convenu par la Russie et la Turquie, qui soutient des factions hostiles au régime.

La région d'idleb, dernier grand bastion rebelle, abrite quelque trois millions d'habitants dont la moitié ont été déplacés.

La moitié de la région et ses environs restent dominés par le groupe terroriste Hayat Tahrir al-cham (exbranche syrienne d'al-qaïda) et des factions rebelles moins influentes.

L'aide était jusqu'à vendredi acheminée via deux points de passage à la frontière turque. Celui de Bab alsalam menant à la région d'alep --dont la Russie exige la suppressio­n-et Bab al-hawa, desservant la région insurgée d'idleb. Moscou, qui considère que le mécanisme de L'ONU constitue une violation de la souveraine­té de son allié syrien, justifie sa position par le fait que 85% des aides transitent via Bab al-hawa et souhaite conserver cet unique passage frontalier pour une livraison d'aide d'une durée d'un an. En janvier, Moscou avait déjà fait réduire le dispositif de quatre à deux points de passage et pour six mois, alors que l'autorisati­on était renouvelée annuelleme­nt depuis sa création. Le veto russo-chinois coïncide avec l'enregistre­ment depuis jeudi des trois premiers cas de nouveau coronaviru­s --tous des soignants-- dans la région d'idleb, faisant craindre une crise alimentair­e et sanitaire, notamment en cas d'absence d'aides.

"Si les médicament­s ne sont plus acheminés vers les camps, nous serons foutus", s'emporte Nasr Ahmad Sultan. "Le coronaviru­s va nous achever." "Comment allons-nous nous confiner à l'intérieur des camps si les gens ne peuvent plus subvenir à leurs besoins alimentair­es avec l'arrêt des aides?", renchérit Abdel Salam Mohamad Youssef.

"Une catastroph­e humanitair­e" est à venir "car la majorité des déplacés dans les camps dépendent totalement du panier alimentair­e ou du pain" distribués par L'ONU, prévient cet autre père de dix enfants, âgé de 47 ans. Plusieurs ONG internatio­nales ont condamné les vetos de Moscou et Pékin sur l'aide transfront­alière, "seul moyen d'atteindre les familles du nord-ouest syrien", selon Save the Children.

"Si les postes frontalier­s ne sont pas rétablis, de nombreuses familles ne pourront pas manger, ne recevront pas de soins de santé", a déploré

Inger Ashing, directrice de L'ONG, appelant à une réunion urgente en vue d'autoriser à nouveau l'aide. L'internatio­nal Crisis Group (ICG) a lui dénoncé la "politisati­on" d'un dossier humanitair­e. "Continuer de tenter de marquer des points politiques aux dépens des plus vulnérable­s pourrait conduire les États occidentau­x à revenir à un modus operandi antérieur à 2014, en contournan­t les mécanismes multilatér­aux et acheminant l'aide directemen­t vers le nord de la Syrie", a estimé Dareen Khalifa, analyste au ICG.

En cas d'échec des ultimes pourparler­s à L'ONU, Abdel Salam Mohamad Youssef dit craindre que des millions de Syriens soient confrontés à "une grande catastroph­e devant les yeux du monde entier".

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