Le double jeu des islamistes
Flash-back. Le 4 avril 2020, l'assemblée des Représentants du Peuple (ARP), approuve la délégation provisoire au Chef du gouvernement le pouvoir de promulguer des décrets lois en relation avec la gestion de la crise de la Covid-19. Elyès Fakhfakh, Chef du gouvernement à la date, formulait une demande à L'ARP pour l'activation de l'article 70 de la Constitution de 2014. La requête de Fakhfakh, est approuvée par 178 députés après un report de quelques jours.
Flash-back. Le 4 avril 2020, l’assemblée des Représentants du Peuple (ARP), approuve la délégation provisoire au Chef du gouvernement le pouvoir de promulguer des décrets lois en relation avec la gestion de la crise de la Covid-19. Elyès Fakhfakh, Chef du gouvernement à la date, formulait une demande à L’ARP pour l’activation de l’article 70 de la Constitution de 2014. La requête de Fakhfakh, est approuvée par 178 députés après un report de quelques jours.
Deux mois après, L’ARP s’est penchée sur l’approbation de l’ensemble des décrets lois promulgués par le Chef du gouvernement. Mais avant, tout au long de cette période, le gouvernement de Fakhfakh évitait le passage par L’ARP (principalement la commission des finances présidée par l’opposition).
Une année après, le recours à l’article 70 est de nouveaux débattu. Oussama Khélifi, chef du bloc parlementaire Qalb Tounes, principal allié des islamistes propose le recours à cet article. Il va d’ailleurs plus loin en annonçant que la délégation provisoire du pouvoir au Chef du gouvernement est une question qui fait l’unanimité au sein de la troïka parlementaire.
Khélifi explique que le recours à l’article 70 s’explique par la crise économique et sociale que le pays connaît. Serait-ce possible ? Quoi qu’il en soit, la délégation des pouvoirs au Chef du Gouvernement demeure tributaire de l’aval des nahdhaouis. Noureddine Bhiri explique que c’est au gouvernement de formuler une demande à L’ARP. Mais avant, la tête pensante qui dirige le bloc parlementaire islamiste à L’ARP explique que le recours à la délégation des pouvoirs doit faire l’objet d’un accord entre les différentes institutions de l’état, y compris le Président de la République. Le même constat, enfin presque est adopté par Oussama Khélifi qui s’aligne souvent aux positions nahdhaouies, les plus extrême mêmes.
Auprès du Courant démocratique, la question est évoquée depuis quelques semaines. Pour Hichem Ajbouni, ancien Président du bloc démocratique, la délégation du pouvoir à Hichem Mechichi semble prioritaire pour la gestion de la crise engendrée par la Covid-19. Il évoque par contre le manque de confiance envers Hichem Mechichi. L’idée n’est pas pour autant écartée. Le même constat, enfin presque, est observé auprès de Tahya Tounes et le bloc de la Réforme Nationale. Ces deux blocs n’écartent pas cette idée.
Bientôt une demande officielle
En tout cas, le recours à la délégation du pouvoir permettra à l’actuel gouvernement d’éviter le passage obligatoire par la commission des finances au sein de L’ARP. Une commission, présidée par l’opposition, que le gouvernement essaie d’écarter à tout prix. Et pour cause, le Président de ladite commission dénonce l’exclusion de la Commission dans les discussions relatives aux réformes économiques proposées aux Fonds Monétaire international (FMI). Le recours à la délégation de quelques pouvoirs permettrait au Chef du Gouvernement ainsi qu’à L’ARP de passer outre la Présidence de la République. À Carthage, le Président refuse l’approbation (la signature) de tout texte législatif qu’il considère anticonstitutionnel. À la Kasbah, l’idée attise la volonté de Hichem Mechichi. C’est d’ailleurs ce que deux sources au sein du Cabinet du Chef du gouvernement expliquent. Le Chef du gouvernement va formuler, d’ici une semaine, une demande officielle pour l’application de l’article 70 de la Constitution.
Ghannouchi toujours menacé
141, c’est le nombre des voix que le projet de loi sur la révision de la loi fondamentale de la Cour Constitutionnelle a collecté lors de la dernière plénière à L’ARP. Parmi les voix pour, on dénombre des députés appartenant à l’opposition, Attayar en l’occurrence, Tahya Tounes ainsi que le bloc parlementaire la Réforme nationale.
Rached Ghannouchi a pu mobiliser 141 députés y compris des députés qui ont déjà signé la motion de retrait de confiance à son encontre. Auprès des islamistes, c’est la fête puisque L’ARP a validé leur démarche concernant la Cour Constitutionnelle, face au refus du Président de la République. Les islamistes (tout blocs parlementaires confondus) même les radicaux ont garanti de nouveau la Présidence de L’ARP.
Compte-tenu des résultats de vote de la dernière plénière, Rached Ghannouchi demeure Président de L’ARP. D’autant plus que le nombre des signataires de la motion qui appelle au retrait de confiance de Ghannouchi, est de plus en plus réduit. Des députés de Tahya Tounes et d’autres de la Réforme Nationale essaient de se rattraper en affirmant que Rached Ghannouchi a échoué dans la gestion des travaux et des conflits au sein de L’ARP. Drôle de situation.