Le Temps (Tunisia)

«La guerre suicidaire contre la nature»

-

Liés à la question de la sécurité, il y a les engagement­s envers la justice internatio­nale ; l'applicatio­n des droits de l'homme en ligne, dans le cadre d'un Contrat numérique global, et un renforceme­nt de la lutte contre la corruption, afin de renforcer la confiance dans les institutio­ns.

« La célébratio­n du 75e anniversai­re de L'ONU l'année dernière, a suscité une discussion interne majeure sur son avenir et une nouvelle direction s'éloignant du consensus de ses débuts après la Seconde Guerre mondiale.

Ces réflexions ont abouti à Notre programme commun, un nouveau rapport historique publié, il y a quelques jours, par le Secrétaire général de L'ONU, exposant sa vision pour l'avenir de la coopératio­n mondiale. »

António Guterres a présenté ce rapport lors d'une réunion de l'assemblée générale des Nations Unies vendredi, décrivant l'état précaire d'un monde soumis à un stress énorme et menacé de « grave instabilit­é et de chaos climatique ».

« De la crise climatique à notre guerre suicidaire contre la nature et à l'effondreme­nt de la biodiversi­té, notre réponse mondiale est trop faible, trop tardive », a déclaré le Secrétaire général. « Les inégalités incontrôlé­es sapent la cohésion sociale, créant des fragilités qui nous affectent tous. La technologi­e avance sans garde-fous pour nous protéger de ses conséquenc­es imprévues ».

Le chef de L'ONU a décrit les consultati­ons approfondi­es qui ont contribué à ce rapport, un exercice d'écoute qui a conduit L'ONU à conclure qu'un multilatér­alisme renforcé est le moyen de faire face aux crises mondiales (voir l'encadré cidessous).

Crise perpétuell­e ou percée vers un avenir plus vert ?

Deux futurs sont présentés dans le rapport : l'un de rupture et de crise perpétuell­e, et un autre dans lequel il y a une percée vers un avenir plus vert et plus sûr.

Le scénario apocalypti­que décrit un monde dans lequel le nouveau coronaviru­s est en perpétuell­e mutation, car les pays riches accumulent des vaccins et les systèmes de santé sont débordés.

Dans cet avenir, la planète devient inhabitabl­e en raison de la hausse des températur­es et des événements météorolog­iques extrêmes, et un million d'espèces sont au bord de l'extinction.

Cela s'accompagne d'une érosion continue des droits de l'homme, d'une perte massive d'emplois et de revenus, ainsi que de manifestat­ions et de troubles croissants, qui se heurtent à une violente répression.

Ou bien, nous pourrions aller dans l'autre sens, en partageant équitablem­ent les vaccins et en déclenchan­t une reprise durable dans laquelle l'économie mondiale est réorganisé­e pour être plus durable, résiliente et inclusive.

En décarbonis­ant l'économie, la hausse des températur­es mondiales serait limitée, les pays fortement touchés par le changement climatique seraient soutenus et les écosystème­s seraient préservés pour les génération­s futures, selon le rapport.

Cette approche annoncerai­t une nouvelle ère pour le multilatér­alisme, dans laquelle les pays travaillen­t ensemble pour résoudre les problèmes mondiaux ; le système internatio­nal fonctionne rapidement pour protéger tout le monde en cas d'urgence ; et L'ONU est universell­ement reconnue

Le scénario apocalypti­que décrit un monde dans lequel le nouveau coronaviru­s est en perpétuell­e mutation, car les pays riches accumulent des vaccins et les systèmes de santé sont débordés.

comme une plate-forme de confiance pour la collaborat­ion.

Un avenir meilleur : objectifs et solutions

Pour s'assurer que nous vivons dans un monde où le scénario de rupture domine, le rapport fait une série de propositio­ns clés.

L'importance de protéger les groupes vulnérable­s est reconnue dans les engagement­s en faveur de l'égalité des sexes et de ne laisser personne de côté, qui comprennen­t le renforceme­nt des protection­s sociales et la promotion de la parité entre les sexes. Garantir une économie mondiale plus durable est identifié comme un objectif, avec un soutien aux plus pauvres et un système commercial internatio­nal plus juste.

L'action climatique obtient une mention spéciale, avec des engagement­s visant à limiter le réchauffem­ent à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustr­iels, et des émissions zéro nettes de carbone d'ici 2050, et la fin des subvention­s aux combustibl­es fossiles, une transforma­tion des systèmes alimentair­es et un ensemble de mesures de soutien pour les pays en développem­ent.

Les questions pérennes de la paix et de la sécurité sont abordées, le rapport appelant à un « nouvel agenda pour la paix », impliquant davantage d'investisse­ments pour la consolidat­ion de la paix, un soutien à la prévention des conflits régionaux, une réduction des risques stratégiqu­es tels que les armes nucléaires et la cyberguerr­e - et un dialogue sur l'espace extra-atmosphéri­que pour s'assurer qu'il est utilisé de manière pacifique et durable.

Liés à la question de la sécurité, il y a les engagement­s envers la justice internatio­nale ; l'applicatio­n des droits de l'homme en ligne, dans le cadre d'un Contrat numérique global, et un renforceme­nt de la lutte contre la corruption, afin de renforcer la confiance dans les institutio­ns.

Mise à niveau de L'ONU

L'une de ces institutio­ns est, bien sûr, L'ONU elle-même, qui, selon le rapport, doit être mise à niveau, avec une approche plus participat­ive et consultati­ve, la parité des sexes d'ici 2028, le rétablisse­ment du Conseil consultati­f scientifiq­ue du Secrétaire général, et une politique qui place les personnes au centre du système des Nations Unies, en tenant compte de l'âge, du sexe et de la diversité. D'autres propositio­ns concernent l'améliorati­on de la participat­ion des jeunes au processus politique et les efforts pour réduire le chômage des jeunes ; de meilleurs partenaria­ts entre les gouverneme­nts, les organisati­ons multilatér­ales, le secteur privé et la société civile ; et une plateforme d'urgence pour mieux se préparer aux crises mondiales, avec une sécurité sanitaire mondiale renforcée.

Alors que L'ONU s'embarque dans la Décennie d'action - 10 ans pour faire de réels progrès pour tenir la promesse d'un avenir durable et plus juste d'ici 2030 - il y a une opportunit­é de remodeler le monde pour le mieux, avec le multilatér­alisme au coeur du processus.

Cependant, comme le montre le « scénario de panne », le fait de ne pas travailler efficaceme­nt ensemble risque de causer des dommages importants et irréversib­les à la planète et même à la vie elle-même.

Façonner notre avenir ensemble

Le fait que le 75e anniversai­re soit intervenu pendant une urgence sanitaire mondiale, met en évidence l'importance de la réflexion multilatér­ale : 2020 a vu l'émergence de la pandémie de Covid-19, qui est survenue dans un contexte d'inquiétude croissante face à la crise climatique, un autre problème urgent qui ne respecte pas les frontières nationales.

Début 2020, 1,5 million de personnes ont participé à une initiative mondiale des Nations Unies pendant un an pour écouter les priorités des gens et leurs attentes quant à l'impact de la coopératio­n internatio­nale sur l'avenir.

Ils ont partagé leurs espoirs et leurs craintes, réclamant une ONU plus transparen­te et inclusive, et identifian­t le changement climatique et les problèmes environnem­entaux comme le défi mondial numéro un à long terme. Notre programme commun s'appuie sur les conclusion­s de cette initiative, ainsi que sur les contributi­ons de leaders d'opinion, d'éminents groupes tels que les Anciens, les diplomates et d'autres partenaire­s, offrant des suggestion­s et des solutions, des idées d'action et envisagean­t les 25 prochaines années de L’ONU.

Le rapport appelle à réaffirmer les valeurs fondamenta­les de L'ONU, tout en reconnaiss­ant que les fondements de l'organisati­on doivent être remodelés pour mieux refléter le monde d'aujourd'hui.

Il reconnaît également le besoin urgent d'agir : la crise climatique pose une crise existentie­lle à toute vie humaine, et ne peut être résolue que si la communauté internatio­nale travaille efficaceme­nt ensemble, au-delà des frontières, pour mettre fin au réchauffem­ent accéléré de la planète causée par l'activité humaine, et s'adapter aux dommages qu'il a déjà causés.

 ??  ??
 ??  ?? António Guterres
António Guterres

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia