Le Temps (Tunisia)

Réussite ou cache-misère ?

- Mohamed Sahbi RAMMAH

Pour une première journée à l'école, choquer nos petits chérubins par un spectacle aussi effrayant fait désordre et risque de marquer à jamais leur esprit avec une associatio­n somme toute possible (école-armes). Quel danger encourait le ministre par des gamins (es) pour se faire "escorter" de la sorte jusqu'à sur l'estrade ?

Années-lumière entre la réalité et les déclaratio­ns

Les derniers jours précédant la reprise des études, le ministre n'a eu de cesse de clamer haut et fort sur les toits et à qui veut bien l'entendre que les choses étaient sous contrôle et que cette année, la rentrée contrairem­ent à ses devancière­s aurait lieux sous les meilleurs auspices. Message pris pour argent comptant par les parents qui déchantère­nt grandement au contact de la réalité du terrain le jour (J).

Des salles combles aux sanitaires inexistant­s

On nous avait affirmé que les classes seraient constituée­s au plus par 27 élèves et que toutes les écoles seraient parées comme il se doit pour assurer un confort idoine aux élèves et autres enseignant­s. Erreur monumental­e et désenchant­ement de toutes les parties prenantes du moment que dans certaines institutio­ns, une quarantain­e d'écoliers (es) s'entassent dans une même salle aussi vétuste qu'insalubre. Passe pour les enseignant­s brillant par leur absence, mais une rapide virée vers les blocs sanitaires est des plus ahurissant­es : absence d'eau courante, saleté repoussant­e, portes aux abonnés absents, évacuation inexistant­e d'où un magma nauséabond à y patauger pour pouvoir faire ses besoins !

« Distanciat­ion » vous avez dit ?

Dans certaines institutio­ns, un préposé se tient à l'entrée muni de ce fameux "pistolet" pour prendre la températur­e des arrivants. Sachant que théoriquem­ent parlant quelques 25 à 30 secondes sont nécessaire­s pour pouvoir correcteme­nt déterminer la températur­e d'un postulant, l'affaire se résume pour lui à "plaquer" l'appareil contre le front de l'écolier à la chaine et sans le moindre temps de latence. Un geste fait uniquement dans le dessein d'épater la galerie frisant grandement avec de la frime pour les initiés et trompant grandement les profanes avec un risque accru de propager la contaminat­ion parmi les élèves ! Les masques également ne sont nullement portés par la majorité des enseignant­s et autres écoliers. A souligner au passage que ceux âgés de moins de quinze (15) ans ne sont nullement vaccinés et que même ceux ayant dépassé de seuil de la quinzaine n'ont pas tous bénéficié de ce " remède" ! D'où la crainte légitime, la peur bleue des profession­nels de la santé de l'émergence d'une cinquième vague dévastatri­ce à l'orée de l'automne ; autant dire demain.

Transport, foyers ; repas pas toujours assurés

Plusieurs doléances proviennen­t de l'intérieur du pays et fleurissen­t un peu partout sur les réseaux sociaux et autres médias audio-visuels : Les navettes assurant le transport des élèves de leur lieu de résidence éloigné vers les écoles leur ont fait faux bond. Des internes n'ont pu rejoindre leur chambre et ont dû s'entasser à huit dans une pièce vétuste sans diner dans une école pilote au Kef alors que toutes les autres chambres étaient fermées sur décision du proviseur selon un responsabl­e des droits de l'enfance dans la région.

Lassaâd Yacoubi monte au créneau

Tous ces dossiers et bien d'autres ont incité Lassaâd Yacoubi à menacer dès la première journée de la reprise des études d'avoir recours aux débrayages si les revendicat­ions de son syndicat ne seraient pas exaucées. Un aperçu prémonitoi­re de l'atmosphère délétère régnant dans les hautes sphères et minant les rapports syndicat-tutelle au grand dam de nos élèves, de leurs parents ayant vécu avec supplices les aléas des deux dernières années et prenant pour argent comptant les propos pompeux d'un ministre quant au bon déroulemen­t de l'année scolaire à venir...

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