Le rafistolage, désormais un «sport national»
Le pays gémit sous le joug d'une crise financière jamais connue. L'etat tâtonne et cafouille. Aux agnels, le bureau exécutif de l'union générale tunisienne du travail, (UGTT) hausse le ton et réitére son appel à former un gouvernement restreint afin de prendre en charge les différents dossiers économiques et sociaux. Face aux besoins de financements énormes, l'etat s'ingénie à colmater les brèches. En effet, la Tunisie vient de recevoir officiellement sa quote-part estimée à 522,7 millions de DTS.
Un décret présidentiel paru dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT) du 14 septembre 2021, a approuvé l'encaissement des allocations de droits de tirage spéciaux (DTS) attribuées par le FMI à l'etat tunisien.
L’etat tunisien rembourse la commission appliquée au titre de l’utilisation de ce montant, au profit du FMI, ainsi que le principal du montant, en cas d’annulation de l’allocation. Et ce conformément aux procédures en vigueur auprès du Fonds, fixées par ladite convention.
Il est à souligner que le conseil des gouverneurs du FMI a approuvé une allocation générale de droits de tirages spéciaux (DTS) équivalente à 650 milliards de dollars (environ 456 milliards de DTS), le 2 août 2021, en vue d’accroître les liquidités dans le monde. Le DTS est un avoir de réserve international créé en 1969, par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. A ce jour, un total de 660,7 milliards de DTS (équivalant à environ 943 milliards de dollars) , ont été alloués. Ce montant comprend la plus grande allocation de l’histoire, d’environ 456 milliards de DTS, qui a pris effet le 23 août 2021.
Le DTS n’est pas une monnaie et ne constitue pas non plus une créance sur le FMI. Il constitue surtout une créance potentielle sur les monnaies librement utilisables des pays membres du FMI. Les DTS peuvent être échangés contre ces monnaies.
Le Niet des banques pour prêter
à l’etat est justifié
Entre autres, selon ilboursa.com, le Trésor a pu lever 60 millions de dinars, contre 120 millions de dinars convoités et annoncés préalablement. En dépit de ses besoins de financement, le Trésor se contente de lever la moitié du montant programmé initialement dans un souci de ne pas exercer une pression à la hausse sur les taux. Du côté des bailleurs de fonds locaux, les banques ont accepté partiellement de financer le Trésor sans relever les taux.
Il sied de rappeler que les banques locales ont refusé de prêter à l’etat sur le long terme. En revanche, Hichem Rebai, membre de l’association professionnelle des banques, vient de déclarer à « African Manager » que ce n’était pas un refus « arbitraire » mais, s’explique par un assèchement de la liquidité au niveau des banques. Et d’expliquer : « le refus par le Trésor de l’offre des banques permettrait d’éviter l’effet d’éviction. Il y a des limites à tout. Il y a pour les banques, des ratios à respecter ».
Les banques avaient également fait don de 160 MDT, dont 50 MDT pour faire réussir la rentrée scolaire après avoir déjà acheté beaucoup de BTA, prêté à l’etat en devises, et participé à l’emprunt national en juillet dernier.
Une détérioration de la rentabilité des banques
D’autant plus, « le flou artistique que traverse le pays va accentuer les pressions sur les banques nationales.
Les banques tunisiennes sont confrontées à un environnement macroéconomique et opérationnel plus difficile, avec des profils financiers et de risque déjà faibles.
Il y aura une détérioration de la rentabilité des banques dans un environnement opérationnel hautement fragmenté, des perspectives économiques faibles et des pertes de crédit en hausse », estime l’agence de notation Standard & Poor’s.
La persistance de l’invisibilité économique, financière, mais surtout politique ne fera qu’assombrir les horizons et le tribut à payer ne sera que plus lourd. La gestion du temps est importante. Die Zeit Ist Geld.