Le Hezbollah achemine du fioul iranien via la Syrie
Des dizaines de camions-citernes transportant du fioul iranien et acheminés par le Hezbollah sont arrivés depuis la Syrie au Liban, en proie à de graves pénuries de carburant.
En août, le chef du mouvement chiite pro-iran, Hassan Nasrallah, avait annoncé le départ d'un premier navire iranien chargé de carburant destiné au Liban, promettant que d'autres allaient suivre, alors que l'etat libanais, en faillite et à court de devises étrangères, peine à importer. Un premier convoi de 20 camionsciternes, portant des plaques d'immatriculation syriennes est entré en territoire libanais mercredi matin via un passage illégal dans la région du Hermel (est).
Arrivés de Syrie où le navire iranien a déchargé sa cargaison au port de Banias, les camions-citernes ont été accueillis dans la liesse par des sympathisants du parti pro-iranien stationnés le long de la route menant de Hermel à Baalbeck, deux fiefs du Hezbollah.
De part et d'autre de la route, des femmes ont lancé des youyous ainsi que du riz et des pétales de roses tandis que des hommes brandissaient des drapeaux du parti chiite.
Au total, 80 camions-citernes, d'une capacité totale de quatre millions de litres, devaient arriver hier au Liban.
Ils déchargeront leurs cargaisons à Baalbeck dans les réservoirs des stationsservice Amana, détenues par le Hezbollah et visées depuis février 2020 par des sanctions américaines, avant d'être distribuées sur le marché, par ordre de priorités.
"C'est une aide humanitaire qui répond aux besoins de la population et des producteurs de pain, de farine et des produits de première nécessité", affirme Jawad, 50 ans, un habitant du Hermel.
Le Hezbollah "ne prendra pas la place de l'etat, c'est une mesure temporaire jusqu'à ce que l'etat puisse assumer ses fonctions", ajoute-t-il, en allusion aux critiques lancées par des Libanais à l'adresse du parti, l'accusant d'instaurer un Etat dans l'etat et d'exposer le Liban au risque de sanctions économiques.
Ennemi juré des Etats-unis et d'israël et visé par des sanctions, le Hezbollah est un poids lourd de la vie politique libanaise. Depuis l'automne 2019, le Liban vit au rythme d'une crise inédite, qualifiée par la Banque mondiale d'une des pires au monde depuis 1850, ayant vu sa monnaie nationale perdre plus de 90% de sa valeur face au dollar.