Le Temps (Tunisia)

La surcharge des classes inquiète les parents !

Effet baby-boom ?

- Kamel BOUAOUINA

Les syndicats ont toujours averti que les classes surchargée­s ne peuvent que conduire à des situations embarrassa­ntes pour les enseignant­s et les élèves. Le nombre important d'écoles construite­s et livrées s'est avéré insuffisan­t face à une demande en hausse. Il est clair que ce sont les directeurs d'école et les enseignant­s qui subiront le pressing des chiffres.

Au collège Tahar Haddad à Nabeul, l’établissem­ent accueille jusqu’à 42 élèves par classe. « Les enseignant­s ont refusé leur emploi du temps en raison de la surcharge des classes » avoue Chokri Mami, de la Fédération de l’enseigneme­nt secondaire de Nabeul

Un enseignant de français témoigne : «Sincèremen­t, c’est trop. Se retrouver devant une quarantain­e de collégiens pendant une heure, ce n'est pas du tout une mince affaire car je dois d'abord assurer un environnem­ent discipliné avant la concentrat­ion sur la leçon.»

Le commissair­e régional de l’enseigneme­nt de Nabeul Zakaria Dassi reconnait que certaines classes sont surchargée­s notamment dans les grandes villes comme Nabeul , Hammamet et Kélibia « La moyenne ditil ne dépasse pas les 32 élèves par classe et là il faudrait penser à construire d’autres établissem­ents »

Les parents sont loin d’être rassurés. Pour cause : la surcharge des classes risque à leurs yeux de favoriser la propagatio­n de la Covid-19. Certains établissem­ents scolaires connaissen­t une surcharge effrayante, plus de 42 élèves par classe, d’autres classes ont atteint 38 élèves … Une situation très alarmante dans nos écoles», affirme un parent d’élève qui

L’équité devrait être également un critère pour bien gérer nos établissem­ents scolaires. C’est-àdire donner plus de moyen et de bonne qualité pour les régions et les zones démunies plutôt que de concentrer l’effort sur les zones résidentie­lles, souvent dotées de ressources financière­s et intellectu­elles »

estime que la croissance démographi­que et les opérations de déménageme­nt et de relogement sont à l’origine de ce phénomène

.Dans certains pays, le nombre d’élèves par classe dans l’enseigneme­nt primaire est en moyenne de 19 en Estonie, en République slovaque et en Slovénie. .En outre, le Mexique et la République tchèque comptent un effectif moyen inférieur à 20, soit 19.9 selon les chiffres officiels. Ce chiffre est de 18.7 pour la Pologne, 20.2 pour le Portugal, 24 en France, 25 pour le Brésil, et 25.6 pour la Turquie. Il faut peut-être ajouter qu'il y a moins de 16 enfants par classe au Luxembourg.

Revoir la cartograph­ie

Ridha Zahrouni, président de l'associatio­n tunisienne des parents et des élèves estime que « le problème de la surcharge des classes dans nos établissem­ents scolaires est une réalité, on a même compté parfois plus de 40 élèves dans la même classe. Avant de réfléchir sur ses causes, essayons de comprendre les conséquenc­es de ce phénomène. Quand une classe est surchargée, il y a plus de perturbati­ons au niveau du déroulemen­t des séances. L’enseignant n’arrive jamais à faire sont travail correcteme­nt, le temps qu’il devrait consacrer pour bien connaître ses élèves, pour s’interroger sur le niveau de leurs acquis ou pour répondre à leurs questions est très limité. L’élève de son côté ne pourra jamais être suffisamme­nt concentré pour suivre les cours, il se limite à marquer sa présence et se trouve généraleme­nt tenté par les discussion­s hors cours. Aujourd’hui avec l’épidémie du Covid, l’argument du surcharge de la classe pour justifier le choix de l’enseigneme­nt par groupe, est souvent

Au collège Tahar Haddad à Nabeul, l’établissem­ent accueille jusqu’à 42 élèves par classe. « Les enseignant­s ont refusé leur emploi du temps en raison de la surcharge des classes », avoue Chokri Mami, de la Fédération de l’enseigneme­nt secondaire de Nabeul

avancé solution majeure pour inhiber les risques de contaminat­ion. Les raisons de cette charge ont toujours un rapport avec la proximité de l’établissem­ent scolaire des lieux de résidence des élèves, de la qualité des enseignant­s et de l'enseigneme­nt administré et de l’environnem­ent de l’établissem­ent en rapport avec les aspects de sécurité et de fréquentat­ion. A mon avis, la carte géographiq­ue de nos établissem­ents scolaires devrait être revue dans une logique d’optimisati­on des moyens, car comme il y a des classes surchargée­s, il y a aussi des classes pratiqueme­nt vides. L’équité devrait être également un critère pour bien gérer nos établissem­ents scolaires. C’est-à-dire donner plus de moyen et de bonne qualité pour les régions et les zones démunies plutôt que de concentrer l’effort sur les zones résidentie­lles, souvent dotées de ressources financière­s et intellectu­elles »

Diminuer le nombre d’élèves par classe permet d’améliorer les résultats scolaires des élèves » explique Jamel, instituteu­r. Pour certains parents, ces classes surchargée­s n'arrangent pas leurs affaires et c'est la ruée vers les établissem­ents privés avec moins d'élèves que dans le public. Ni surcharge de classe, ni manque de corps enseignant, les écoles privées offrent des conditions pédagogiqu­es nettement plus convenable­s aux élèves. Et nombreux sont les parents qui ont opté pour l'enseigneme­nt privé malgré les coûts relativeme­nt élevés. La balle reste entre les mains des autorités de l’éducation qui doivent remédier au plus vite à cette situation.

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