Le Temps (Tunisia)

Une drôle d’approche de la vie après la mort

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- Remises en question Des personnage­s un peu clichés Zouhour HARBAOUI

«The good place» est une série américaine en quatre saisons ayant pour sujet la vie après la mort. Ce n’est pas une série dramatique. Elle est plutôt comique si l’on regarde le sérieux du sujet, mais, également, philosophi­que. Elle propose une drôle d’approche de la vie après la mort… Que se passe-t-il après la mort ? C’est l’une des grandes questions philosophi­ques que nous, êtres humains, nous nous posons. Que deviendron­s-nous après la mort ? Où irons-nous ? Pour toutes les religions, qu’elles soient monothéist­es ou polythéist­es, les gens qui ont fait le bien iront au paradis. Pour ceux qui ont fait le mal, il y a des variantes selon le culte. Dans les religions monothéist­es, ils iront directemen­t en enfer.

Dans les religions polythéist­es, notamment hindoue, leur âme doit se réincarner pour évoluer et mériter le «nirvana». Et les autres, dont l’âme pesée montre un parfait équilibre entre le bien et le mal ? Pour la religion chrétienne, par exemple, ils iront séjournés au purgatoire. Puis, pour les athées, il n’y a rien après la mort. La série américaine «The good place» est, un peu, un mélange de tout cela, tout en subtilité, avec nombre de références philosophi­ques.

Eleanor Shellstrop est décédée. Elle arrive au «Bon endroit» (The good place). D’après l’architecte qui l’accueille, elle a été une bonne personne toute sa vie et elle a sa place au paradis. Il l’emmène dans la maison de ses rêves avec la décoration qu’elle voulait, et lui présente son âme soeur en la personne de Chidi Anagonye, qui, dans sa vie sur terre, a été prof de philosophi­e, et, également, deux autres personnes : Tahani Al Jamil, une femme très mondaine, et son âme soeur Jianyu Li, un moine bouddhiste ayant fait voeu de silence depuis ses 8 ans. Mais voilà, Eleanor n’a jamais été une bonne personne durant sa vie terrestre, et le résumé de son vécu que lui a fait l’architecte n’est pas le sien. Elle s’en ouvre à Chidi, qui va tout tenter pour qu’elle ne soit pas démasquée et envoyée au mauvais endroit (l’enfer) en lui inculquant des notions philosophi­ques, notamment l’éthique, à coups, entre autres, de Kant et de Descartes.

Cependant, Eleanor n’est pas seule dans son cas, Jianyu Li est en fait Jason Mendoza, un petit loser de Jacksonvil­le en Floride, dont l’âge mental est celui un ado pubère. Ces quatre personnage­s, loin d’être des modèles de vertu, vont s’apercevoir qu’ils ne sont aucunement au paradis mais dans une sorte de no man’s land, qu’ils sont, en fait, les cobayes d’une nouvelle forme de torture et que l’architecte n’est pas un ange mais un démon ; un démon qui va rallier la cause des quatre humains. Puis, il y a Janet (la bonne Janet), une humanoïde avec une immense base de données concernant tout ce qui est existe sur terre et dans l’univers.

Cette drôle d’approche de la vie après la mort est d’éternelles remises en question, comme fait-on le bien par intérêt ou pas abnégation ? L’intérêt est d’accéder au paradis après sa mort et l’abnégation est peu importe où nous allons après notre mort. C’est aussi l’éternel combat que se font le bien et le mal depuis la nuit des temps et les questions de savoir comment les définir.

Pour ne pas froisser certaines sensibilit­és et susceptibi­lités, Dieu n’est pas mentionné dans cette série en quatre saisons. On trouve les architecte­s, les démons, les comptables (qui comptabili­sent les points de la vie de chaque humain sur terre) et la juge ; même si cette dernière fait office, à un moment, d’être suprême en essayant de réduire la Terre à néant.

La série joue, également, sur le fait que l’entraide peut permettre aux humains de s’améliorer, que l’union fait la force. Eleanor était égocentriq­ue, Chidi avait un problème d’indécision qui faisait le malheur de ses amis, Tahani faisait le bien par égoïsme, et Jason des coups bas et des larcins. Face à leur situation, ces quatre personnage­s, aussi différents les uns des autres, vont former un groupe soudé, malgré quelques couacs, pour avoir leur place au vrai bon endroit et permette à d’autres d’y accéder.

«The good place» est assez plaisant à regarder, avec de l’humour, et des données philosophi­ques qui poussent à en savoir plus. Cependant, ce qui gêne un peu dans cette série c’est que les personnage­s principaux sont un peu clichés dans leur rôle final. Eleanor est une petite blondinett­e américaine matérialis­te et égocentriq­ue. Chidi, un Nigérian intellectu­el. Tahani, une mondaine anglaise d’origine indienne. Jason, un américain d’origine philippine abruti. Mais, au final, c’est la petite blondinett­e qui trouve les solutions à tout et mène les autres ; c’est un peu comme si le personnage d’eleanor représenta­it l’amérique sauveuse du monde et des «pauvres» peuples «opprimés» (représenté­s par les autres).

Pas d’arabes dans la série ; c’est normal, il n’y avait ni rôle de terroriste, ni rôle de criminel, ni de traître vendant son pays pour le drapeau américain…

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