Biden et les démocrates s'attaquent à la question de l'immigration
Hier, Joe Biden a tenu une importante promesse de campagne : il fait passer à 125 000 par an le plafond des réfugiés qui peuvent entrer aux États-unis et ce, alors que la question de la politique migratoire continue de diviser au sein du parti démocrate.
Aux États-unis, le « shutdown » n’a pas eu lieu, le Congrès a adopté un nouveau budget pour le gouvernement. Mais cela ne règle pas tous les problèmes de Joe Biden puisque son parti continue à se déchirer sur ses réformes les plus importantes. Lors de la crise des migrants haïtiens à la frontière, l’aile gauche des démocrates n’avait pas hésité à fortement critiquer le président. Au début de l’année, Joe Biden avait déçu les démocrates en hésitant à relever le plafond de 15 000 réfugiés mis en place par son prédécesseur Donald Trump. De fait, depuis son arrivée au pouvoir, sa politique migratoire déçoit l’aile gauche de son parti.
Une déception plus ou moins attendue selon Olivier Richomme, maître de conférences à l’université de Lyon: « La rhétorique de campagne était “une politique migratoire plus humaine”, sans pour autant définir ce que l’on entendait par là ». De fait, les démocrates sont depuis au moins deux décennies
Car le président démocrate est arrivé après quatre années où le système migratoire était « mis à mal par l’administration Trump, que l’on parle des réfugiés ou de l’immigration légale », rappelle
Andréanne Bissonnette, chercheuse à la chaire Raoul-dandurand. Et si Joe Biden a pu mettre en place des politiques de rattrapage, comme hier avec l’augmentation du nombre de réfugiés admis par an, il a maintenu certaines des politiques de son prédécesseur, comme « le titre 42, qui autorise le renvoi immédiat de demandeurs d’asiles et de migrants aux frontières sous le prétexte du Covid-19 et des enjeux sanitaires ».
Si la politique migratoire du président reste donc floue, c’est aussi parce que les démocrates euxmêmes ne sont pas d’accord entre eux. On a beaucoup entendu les progressistes critiquer Joe Biden lorsque des dizaines de milliers d’haïtiens, venus d’amérique latine, se sont retrouvés, il y a peu, bloqués dans une petite ville du Texas à la frontière avec le Mexique. Joe Biden en avait alors expulsé une grande partie vers Haïti.
Mais le parti démocrate n’est pas uniquement composé de progressistes, rappelle Elizabeth Vallet, directrice de l’observatoire de géopolitique à la chaire Raoul-dandurand
à Montréal. Sur ce dossier, « il y a une partie qui serait presque plus pragmatique, que l’on va retrouver du côté des “Clinton democrats”. Bien sûr, ils sont touchés par ces Haïtiens arrivés à la frontière au bord du Rio Grande, et qui ont été repoussés, avec des images qui ont été très fortes. C’est sûr que cet aspect-là va déranger tout le monde dans le parti démocrate, mais certains vont être plus pragmatiques vis-à-vis de l’immigration ».
De fait, les républicains sont en embuscade sur le thème. Car s’ils sont divisés sur certains dossiers, celui de l’immigration les réunit, explique Andréanne Bissonnette. « C’est une possibilité pour le parti républicain d’offrir l’image d’un parti uni, fédéré derrière cet enjeu, et de dire que l’administration Biden ne répond pas aux exigences de sécurité par rapport à la gestion des frontières et de l’immigration. » Les républicains demandent donc « une réponse qui soit plus dure, plus sécuritaire, qui assure des frontières... fermées ».