Le Temps (Tunisia)

À gauche du lit, Iman Bassalah : un roman sur l’identité

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A l’heure où la parole est radicale, Iman Bassalah utilise nuance et subtilité pour alimenter la réflexion et surtout, déjouer les préjugés

«Toi et moi, on est des combattant­s », répète Albert à Farrah.

Farrah enseigne les lettres dans un lycée défavorisé, elle se démène pour joindre les deux bouts. Albert a le double de son âge, c’est un avocat qui défend des islamistes au nom de l’état de droit. Ils s’éprennent d’un amour fou.

Bouleversé­e par la récente décapitati­on d’un collègue, Farrah s’accroche aux valeurs républicai­nes. À chaque vague terroriste, l’étiquette « Arabe » qu’on lui colle l’étouffe un peu plus. Sa liberté ne supporte aucune assignatio­n. Albert est blanc, bourgeois, et se passionne pour la cause des musulmans. Avec tant de fougue que bien vite se pose une question : sont-ils vraiment du même côté ?

Le jour éprouve leurs résistance­s. La nuit tisse leurs liens. Jusqu’à ce qu’une affaire particuliè­rement brûlante vienne raviver leurs déchirures.

«A gauche du lit» se révèle un puissant roman politique parce qu’il s’empare des grandes questions du temps pour les coller sur la peau, dans les mots, dans le lit. Iman Bassalah nous rappelle que l’identité est l’un des beaux sujets de la littératur­e.

Les éditions Anne Carrière et Actualitté vous proposent d’en découvrir un. Iman Bassalah est professeur­e de lettres et écrivaine. Auteure de plusieurs ouvrages, elle a notamment publié «Les Femmes au miel» (Michalon, 2009), Hôtel Miranda (Calmann-lévy, 2012) et «La Vie sexuelle des écrivains» (Nouveau Monde, 2016).

Extrait du livre

« Il m’a fallu tomber amoureuse d’un homme deux fois plus âgé que moi pour connaître les affres de la jalousie. À part ça, des hommes sollicités, j’en avais rencontré avant. En réalité, c’est pas l’âge : sauf à quelques heures noires, Albert a souvent plus du double de mon énergie et le charisme qui va avec. Encore que dans ses moments de désespoir, et même après avoir perdu l’usage de son bras, on sent que la coupe reste pleine, quelque part. C’est plutôt qu’il m’a fallu tomber amoureuse d’un homme auquel je crois… Giuseppe, c’était pas pareil, je l’ai aimé très fort, mais il portait un drame ».

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