Le Temps (Tunisia)

Chiraz Latiri, membre jury «Fiction long métrage»

- Zouhour HARBAOUI

Le Festival panafricai­n du cinéma et de la télévision de Ouagadougo­u (FESPACO) aura lieu du 16 au 23 octobre, un report dû à la pandémie de la Covid-19, car, historique­ment, cet événement biennal se déroule courant février. Peu importe la date du moment que le cinéma tunisien peut y montrer son art. Cependant, pour cette 27e édition, la représenta­tion tunisienne y est assez réduite.

Nos films sont-ils tunisiens ?

Un seul film «tunisien» sera en compétitio­n. Il s’agit de «Une histoire d’amour et de désir» de Leyla Bouzid. Nous avons mis l’adjectif tunisien entre guillemet, car nous avons encore du mal à accepter qu’il soit qualifié de «tunisien». En effet, l’on peut lire sur le site d’unifrance, spécialisé dans le cinéma français : «La sélection de cette édition 2021 (NDLR : du FESPACO) comporte de nombreux films français, la plupart en coproducti­on et, à la demande du festival, l’interventi­on d’unifrance portera cette année sur la prise en charge des coûts de déplacemen­t de plusieurs artistes et producteur­s de ces films. Mahamat-saleh Haroun, Mati Diop, Leyla Bouzid, Philippe Lacôte et Axel Guyot font partie de cette liste ainsi qu’aïssa Maïga et Sébastien Onomo (…)». D’autant plus que pour le Centre national du cinéma et de l’image animée (Cnc/france), ce long métrage est classé de nationalit­é française…

L’autre film «tunisien» sélectionn­é, mais cette fois dans le Panorama (long métrage fictions et documentai­re) de la section Parallèle est «L’homme qui a vendu sa peau» de Kaouther Ben Hania, qui, rappelons-le, est majoritair­ement français avec 46,18 % de la production, 20,92 % tunisien, 20 % allemand, et un chouia belge et suédois. Sélectionn­é, également, dans ce Panorama, «Un fils» de Mehdi M. Barsaoui qui sera projeté dans la section Parallèle ; long métrage dont les origines sont à 55,41 % tunisien et 44,59 % français (Ouf ! l’honneur est sauf !).

Quant au quatrième et dernier film, il s’agit de «Caméra d’afrique» de Férid Boughédir dans la section Classique de la section Parallèle (ça fait beaucoup de section), un documentai­re de 1983 dans lequel le réalisateu­r fait la chronique du cinéma noir. Un documentai­re français et tunisien, mais là nous n’avons pas les pourcentag­es.

Quand cela arrange, soit on regarde la nationalit­é du réalisateu­r, soit le plus grand apport financier dans la production… Bon, il est vrai qu’il n’y a pas que nos films qui soient à plus forte production étrangère ; nombre d’oeuvres africaines le sont aussi. Mais, franchemen­t, il n’y a pas de quoi être fiers ! Heureuseme­nt que certaines films se démarquent comme «Camp de Thiaroye» d’ousmane Sembène et Thierno Faty Sow ; une coproducti­on sénégalo-algéro-tunisienne…

Lina Chaâban dans le comité de sélection

Autre présence tunisienne, celle de Chiraz Latiri. Cette ancienne directrice générale du Centre National du Cinéma et de l’image (CNCI) et ancienne ministre des Affaires culturelle­s a été choisie pour faire partie des membres du jury «Fiction long métrage» avec Abderrahma­ne Sissako (Mauritanie/président), Germaine Acogny (Sénégal), Suleman Ramadan (Afrique du Sud), Salif Traoré (Côte d’ivoire), Hamid Shaddad (Soudan), et Apolline Traoré (Burkina Faso).

Une autre présence tunisienne s’est faite en amont du FESPACO : celle de Lina Chaabane qui a fait partie du comité de sélection chargé de définir le programme du festival dans sa 27e édition. Rappelons que Lina Chaâban est productric­e exécutive ; fonction qu’elle a tenu dans des films tels que, entre autres, «Satin rouge», «Inhebbek Hédi» ou encore «Tunisia factory».

Rappelons qu’aucun film tunisien n’a obtenu le prix suprême, à savoir L’etalon d’or de Yennenga, mais le cinéma tunisien s’est distingué à travers d’autres prix, entre autres : Etalon de bronze pour «Fatwa» de Mahmoud Ben Mahmoud (2019), Poulain d’or de Yennenga pour «Les souliers de l’aïd» d’anis Lassoued (2013) et «Black mamba» d’amel Guellaty, Poulain d’argent pour «Comme les autres» de Mohamed Ben Attia (2007) et «Tabou» de Meriem Riveill (2011), Poulain de bronze pour «Zakaria» de Leyla Bouzid (2015) et «On est bien comme ça» de Mehdi M. Barsaoui (2017), et premier prix d’animation pour «Briska» de Nadia Raïs (2019).

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