Catharsis ?
Dans son célèbre ouvrage « Samaranch », Amine Maâlouf plaçait, en troisième de « Couv », cette célèbre expression d’omar El Khayam : « Si tu réponds au mal que je fais par le mal, quelle différence entre toi et moi ? ». On ne sait toujours pas à qui s’adressait El Khayam, même si de sérieuses études de contenu accréditent la thèse d’un ressentiment à l’endroit de son créateur.
Ici-bas, cependant, l’expression est transposable dans le sens d’une espèce de Catharsis. Cette purgation des passions telle que définie par Aristote. Un défoulement, finalement, et une illusoire libération affective.
Nous savons, tous, ce qu’a fait Ennahdha pour tout démanteler dans ce pays. Nous connaissons aussi (et nous l’avons toujours dénoncé) l’ampleur des injustices, toutes mues par un esprit diaboliquement et sadiquement revanchard. Le temps est venu pour lever le voile sur l’appareil secret, sur les assassinats politiques, sur les enrichissements illicites, sur la corruption des âmes et sur une …justice aux ordres.
Dans ces magmas, dans ce tourbillon n’ayant eu de cesse d’engloutir les institutions, comme par la magie noire d’un cercle vertueux, les noms des grands caciques du « Mouvement » émergent comme par une évidence géométrique.
Sauf que, maintenant que l’étau se resserre sur eux, au moins que nous n’utilisions pas leurs armes à eux ; que nous ne les imitions pas dans leur névrose démente.
Le pouvoir ne se conquiert que par le droit, par la légalité. Et l’etat de droitcelui-là même qu’ils ont bafoué- ne se rétablit que par le biais d’une Justice saine, impartiale et souveraine. Surtout, surtout, ce peuple qui adhère à l’ascèse apportée par Saïed dans un fantastique élan purificateur, a le droit d’être bien informé. Et de lui éviter d’être tétanisé par les slogans qui peuvent facilement décliner en fantasmes que nourrit la propension à une morbide catharsis.
L’heure de la Justice a sonné. Il faudra lui donner les moyens de s’affranchir, de se remettre en question. Et, au final, après une mise à niveau et une impérieuse restructuration, elle doit recouvrer ces réquisits universels et sans lesquels elle retomberait dans les mêmes travers.
Kaïs Saïed s’est, un jour, esclaffé : « Nous n’avons pas érigé des potences ». C’est vrai. Sauf que c’est au peuple, à travers la Justice, de s’exprimer. De juger et d’être sensibilisé quant aux risques de dérives que comporte un défoulement incontrôlable.