Le Temps (Tunisia)

Economie et cinquième vague : un pari risqué pour Emmanuel Macron avant la présidenti­elle

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Face aux contaminat­ions galopantes du variant omicron, le chef de l’etat cherche l’équilibre pour ne pas fragiliser les entreprise­s tout en limitant la nouvelle dynamique épidémique. Une stratégie à quitte ou double alors qu’il espère être réélu.

Depuis le premier confinemen­t, Emmanuel Macron a deux obsessions: maintenir l’économie du pays à flot, et laisser les écoles ouvertes afin d’éviter de voir les enfants enfermés chez eux avec tous les risques de décrochage scolaire et de violences intrafamil­iales que cela implique. D’où les décisions annoncées lundi soir qui préservent les deux, l’économie et l’école. Du moins pour l’instant.

La situation sanitaire est à ce point volatile que ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain. Depuis le début de cette pandémie, scientifiq­ues et politiques naviguent à vue avec les éléments dont ils disposent à un temps T. Certains chefs d’etat prennent des risques, d’autres non. Macron serait plutôt dans la première catégorie. Il s’informe, dévore les rapports scientifiq­ues, demande des avis tout en s’en méfiant puis accommode les mesures à sa façon en tenant compte des deux impératifs cités plus haut : et ça passe ou ça casse. Pour l’instant, c’est plutôt passé.

Cette fois, il fait le pari que la vague omicron – qui ne provoque «pas de surcharge hospitaliè­re», a confirmé Jean Castex – va finir par refluer comme elle l’a fait en Afrique du Sud où le variant, qui serait né là, a diminué en intensité. Il continue à miser sur la vaccinatio­n à marche forcée grâce à la transforma­tion du pass sanitaire en pass vaccinal qui obligera nombre de non-vaccinés à recevoir une injection et espère que la réduction des délais d’isolement pour les infectés et les cas contacts (en cours d’ajustement) ainsi qu’un recours accru au télétravai­l permettron­t aux entreprise­s de tourner.

Comme tout pari, celui-ci est risqué. Emmanuel Macron, qui quoiqu’il en dise est en campagne, est d’ailleurs un des rares chefs d’etat européens à résister à la tentation du tour de vis drastique. S’il perd ce pari, si les hôpitaux saturent et si l’économie disjoncte, ses espoirs de réélection s’amenuisero­nt. S’il le gagne, ses concurrent­s auront bien du mal à se démarquer sur un sujet qui devrait s’imposer quotidienn­ement jusqu’au printemps.

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