Le Temps (Tunisia)

Rétro justice 2021 : le pouvoir judiciaire ébranlé

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L’année 2021 a été marquée sur le plan judiciaire par un ébranlemen­t total du pouvoir judiciaire avec surtout l’implicatio­n de certains magistrats dans des tirailleme­nts politiques. Ce qui a affecté l’image de la justice , avec des juges pointés du doigt voire accusés d’interféren­ce au profit du mouvement Ennahdha, dans certains dossiers tels que ceux relatifs aux affaires des assassinat­s de Chokri Belaid et Mohamed

Brahmi. Dans ces dossiers certains documents auraient été dissimulés, selon ce qu’affirment les avocats de la partie civile agissant dans l’intérêt des victimes. Il y a eu suite à cela, l’implicatio­n de deux grands pontifes de la justice à savoir, Taieb Rached ex-président de la Cour de cassation et Bechir Akrémi ex-procureur général de la République. Suspendus de leurs fonctions, leurs dossiers sont encore pendants devant le ministère public.

Depuis les mesures d’exception, Kais Saied oeuvre à éradiquer la corruption dans tous les secteurs de l’etat y compris celui de la justice. Il a pour cela chargé la ministre Leila Jaffel en vue d’entreprend­re une réforme du secteur judiciaire. Ce qui n’a pas plu aux parties prenantes du pouvoir judiciaire dont notamment le conseil supérieur de la magistratu­re (CSM) qui déplore de ne pas avoir été consulté à cet effet.

Dès lors, c’est le bras de fer entre Kais saied et le CSM, soutenu par toutes les autres organisati­ons judiciaire­s telles que le syndicat des magistrats tunisiens (SMT) ou l’associatio­n des magistrats tunisiens(amt).

Le CSM estime qu’il est un garant fondamenta­l de l’indépendan­ce de la justice. Tandis que , suite à une réunion du Chef de l’etat, avec une délégation dudit Conseil qui a porté sur le fonctionne­ment de l’appareil judiciaire, Kais Saied a déploré le retard mis à trancher en matière de contentieu­x électoral, ainsi que concernant le rapport de la Cour des comptes. Ce qui a été considéré davantage comme une immixtion de l’exécutif dans le pouvoir judiciaire , pierre angulaire de l’etat de droit.

Toutes les parties prenantes du pouvoir judiciaire resserrent les liens avec le Conseil, afin de s’opposer contre toute tentative d’atteinte par décrets aux dispositio­ns constituti­onnelles du pouvoir judiciaire.

Quant à Kais Saied, il persiste et signe, en ne cessant d’affirmer qu’il est nécessaire de revoir la loi sur le CSM et ses prérogativ­es. Il estime même que l’élaboratio­n d’un décret relatif audit conseil ne signifie nullement une ingérence dans les affaires de la justice. Ce que réfutent Yousef Bouzakher ainsi que toutes les parties prenantes du pouvoir judiciaire, en affirmant que la réforme du CSM est essentiell­ement une question constituti­onnelle. Le différend persiste et en attendant c’est le statu quo au sein des instances du pouvoir judiciaire.

Et dans tout cela, où peut-être placé la justice militaire ? est-elle une justice spécialisé­e ou d’exception ? En attendant, au courant de l’année 2021, plusieurs personnes ont comparu devant le tribunal militaire pour des affaires de délits de droit commun, notamment en période d’exception.

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