Le Temps (Tunisia)

Doit-on parler d'une «affaire B'hiri» ?

- R.K

Ce qui était donné comme « un mystère », se dissipe inexorable­ment. Si l’on devait parler d’une « Affaire B’hiri », il faudrait remonter à certains faits.

A son arrestatio­n, tout de suite après, c’est son parti qui a répercuté l’informatio­n. Durant de longues heures, on a dû attendre des éclairages de la part du ministère de l’intérieur, puisqu’il était déjà clair qu’il s’agissait d’une opération d’assignatio­n à résidence, sauf que ce n’est pas chez lui qu’il y serait astreint, mais dans un endroit tenu secret par le ministère.

Or, l’opération s’est faite dans le strict respect du texte de 1978, texte tout de même encore en vigueur.

Après, le ministère de l’intérieur et le ministère de la Justice ont publié des communiqué­s laconiques, mais qui ne pouvaient s’étaler outre-mesure sur les faits, ni communique­r les griefs reprochés à Noureddine B’hiri.

Sur le plan procédural, néanmoins, Taoufik Charfeddin­e a bien informé le Bâtonnier des avocats, Brahim Bouderbala (puisque Noureddine B’hiri est avocat de son état). Brahim Bouderbala a été conduit auprès de Noureddine B’hiri, et il a démenti les propos de l’épouse de ce dernier, propos selon lesquels il aurait eu les yeux bandés…

Pourquoi le Bâtonnier ? Simplement, parce que c’est la coutume qui le dit. Pourquoi pas le Procureur de la république, simplement parce que Noureddine B’hiri ne fait pas (encore) l’objet d’un mandat d’amener et, encore moins, d’un billet d’écrou.

Mais, au fait, pourquoi Noureddine B’hiri ?

On sait qu’il fait figure de « Jurrassik Park » au sein du mouvement Ennahdha. C’est lui le concepteur des grandes manoeuvres de négociatio­ns d’ennahdha avec « ses » partenaire­s et c’est lui qui paraphe ces accords, depuis, déjà 1988, avec Ben Ali, dès temps du fameux pacte national. C’est Me Ben Halima qui l’a à juste titre rappelé.

En fait, Noureddine B’hiri n’a pas vécu la répression depuis 1991, enclenchée par Ben Ali, à l’endroit des islamistes. Mais à la prise de pouvoir d’ennahdha, au lendemain de la révolution, B’hiri était devenu son homme de brèche et, surtout, l’homme fort du ministère de la Justice. Il y a procédé à sa purge à lui, limogeant 82 magistrats et toute la nomenclatu­re de la Justice lui est, depuis, assujettie.

Maintenant que Kaïs Saïed s’est attaqué au volumineux dossier de la Justice, des présomptio­ns conduisent droit vers Noureddine B’hiri.

Il est clair que cette situation s’éclaircira très vite. Mais il est évident que quelque chose de très important se produira inévitable­ment.

Ce n’est pas à nous d’anticiper sur les faits, ni de nous y prononcer.

Sauf que l’affaire fait couler beaucoup d’encre. Les médias français s’en sont même saisis. Convient-il cependant de parler d’une « affaire B’hiri » ? Et, qu’est ce qui fait que les Nahdhaouis ne s’occupent que de B’hiri, sans piper mot sur Fethi Beldi ?

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