Le Temps (Tunisia)

Les films d’animation parmi les nouveautés

- Zouhour HARBAOUI

La deuxième édition du programme Sentoo, qui devait se tenir entre juin 2020 et février 2021, a été reportée, pour cause de Covid-19, a débuté le 29 novembre dernier avec la première résidence qui s’est tenue au Burkina Faso. La seconde édition devrait se clore en juin ou en juillet 2022. Sept projets ont été retenus. Il s’agit de deux fictions, deux documentai­res, et, nouveauté, de trois films d’animation.

Avant toute chose, rappelons ce qu’est le programme Sentoo. Initié par le Centre National du Cinéma et de l’image, à l’époque où Chiraz Latiri était à sa tête, Sentoo est « un projet fédérateur et structuran­t imaginé par et pour des profession­nels africains (…) visant à donner à nos auteurs et producteur­s les outils et les moyens matériels pour développer leurs films en préservant leur identité africaine et leurs droits à les exploiter (…). Sentoo est composé de deux résidences d’écriture et d’un atelier de production et de coproducti­on. Notons que des bourses d’aide au développem­ent d’une valeur de cinq mille euros sont attribuées à chaque projet sélectionn­é.

7 projets au lieu de 6

Pour cette nouvelle session, 66 candidatur­es ont été reçues. La sélection a, donc, été rude et les organisate­urs sont tombés d’accord sur sept projets, au lieu de six comme lors de la précédente édition : deux fictions, deux documentai­res, et, nouveauté, trois films d’animation.

Autre nouveauté, la présence de cinéastes de Côte d’ivoire et du Togo, montrant, ainsi, que la première édition de Sentoo a eu un impact important auprès de nombre de réalisateu­rs africains.

Cette seconde édition a été lancée le 29 novembre dernier au ciné Guimbi de Bobodioula­sso, la seconde ville du Burkina Faso, avec la première résidence qui s’est close le 5 décembre, et en présence de Bonaventur­e

Ouédraogo, directeur général du cinéma et de l’audiovisue­l burkinabè. La seconde résidence devrait se tenir, pour deux semaines, courant mars 2022 au Sénégal, puis la dernière en juin ou juillet, pour une semaine, en Tunisie. Evidemment, tout dépendra si notre invitée planétaire, Dame Covid-19, daigne laisser les choses se faire.

Pour Sentoo An 2, ce sont sept projets, donc, qui ont été sélectionn­és : tunisien, burkinabè, marocain, sénégalais, malien, ivoirien, et togolais. La Tunisie est représenté­e par Nadia Raïs avec un nouveau film d’animation, « Maara is back». Rappelons au passage que la réalisatri­ce avait obtenu le premier prix « films d’animation » pour «Briska», au FESPACO 2019. Son projet actuel raconte l’histoire de «Shams, un jeune artiste fan du poète syrien du onzième siècle : Maâri. Après la décapitati­on de la statue de ce dernier, Shams s’engage à adapter une de ses oeuvres : L’epître du pardon en film d’animation, intitulé "Entre ciel et terre" (…). Son projet devient une obsession, il rentre dans un délire qui l'amène à rencontrer le fantôme du poète Al-maâri. Leur rencontre va se renforcer et se lier d’affection au moment où Shams se retrouve confronté à la même censure et décide de quitter le pays avec un groupe de clandestin­s dans une vieille camionnett­e poussiéreu­se sans prévenir son entourage (…)».

Entre animations et fictions

Le second film d’animation sélectionn­é est celui du réalisateu­r et animateur burkinabè André Daniel Tapsoba, «La grande fertile». Tapsoba a réalisé et coréalisé plusieurs courts métrages d’animation. «La grande fertile» devrait être son premier long métrage d’animation ; un long métrage qui raconte l’histoire de Yaaba Yacouba. «De retour de sa forêt préférée, Yaaba Yacouba (grand-père Yacouba) sur sa grosse mobylette arrive à la maison située dans un quartier populaire de Bobodioula­sso. Comme à l’accoutumé, le bruit de sa mobylette alerte les enfants. Les plus dégourdis à l’aide d’un sifflet préviennen­t les autres qui accourent pour l’accueillir en chantant son nom ... Les enfants raffolent des fruits naturels (goût divin) que Yaaba Yacouba leurs donne à chaque retour de sa forêt. Ornella, une des fillettes qui aime bien la compagnie de Yaaba, lui demande puérilemen­t la provenance du goût particulie­r des fruits. Ravi de la question, celui-ci s’ouvre à eux».

Le dernier film d’animation est «Le retour de Warakôrô» du Malien Gaoussou Tangara, histoire d’un vieil immigré, Warakôrô, qui «décide de rentrer dans son village après sa retraite en France. Il envoyait beaucoup d’argent à Surukuba son jeune frère pour lui construire une villa et entretenir son champ. Ce dernier le gaspillait. Wara Kôrô de retour constate une maison inachevée et son champ dans un sale état, il chasse alors Surukuba en le privant de tout ce dont il jouissait. Sous le coup de la colère, Surukuba décide d’aller lui aussi en aventure, il vend tous les biens lui restant et emprunte la voie irrégulièr­e (…)». Gaoussou Tangara est un passionné de dessins et de films d’animation. En 2015, il réalise son premier court d’animation, et, en 2018, son premier moyen métrage de fiction, «Oumou, un destin arraché». Il a travaillé sur différents longs de fiction dont «Nogochi», un film fantastiqu­e du Franco-malien Toumani Sangaré.

Raja Amari parmi les mentors

Du côté des fictions, le comité de sélection a opté pour le projet du réalisateu­r et producteur marocain Nabil Merrouch, «Ceux qui vont au paradis», l’histoire de Larbi, un jeune ouvrier précaire, qui décède en chutant du haut d’un chantier. «Son âme monte au ciel pour traverser l’au-delà. L’entrée au paradis lui est refusée étant dépourvu du certificat d’inhumation. Il est renvoyé sur terre pour finaliser ses démarches. En mort-vivant, il traverse un monde cynique et inhumain peinant à se procurer une tombe. En chemin, il bute sur son passé douloureux d’orphelin qui a ruiné sa vie et, dans une sorte de continuum, sa mort».

L’autre projet de fiction sélectionn­é est celui du réalisateu­r, scénariste et ingénieur du son ivoirien Joël Akafou, «Lorenzo», «un jeune homme, vivant dans une immense colère contre son père, se retrouvant confronté à son propre jugement. Contre toute attente, Lorenzo se lance dans un combat de réhabilita­tion de l’image et de la mémoire de celui-ci dont il perçoit désormais la dimension héroïque».

Les deux projets restants sont des documentai­res. D’abord, celui du Sénégalais Abdou Lahat Fall, qui a été assistant réalisateu­r de Moussa Sène Absa sur la série humoristiq­ue «Goorgorlou», et assistant réalisateu­r sur la série «C’est la vie». «République, pétrole, révolution» suit, entre autres, Guy Marius Sagna, militant chevronné du Front révolution­naire anti-impérialis­te populaire et panafricai­n, à travers les yeux d’abdoulaye Seck, président de la branche étudiante de mouvement et disciple du premier.

Le dernier documentai­re est «Etre aimé» du Togolais Justin Kpatcha Palakiyem, ayant réalisé un court métrage de 15’, «Et si Dieu avait tort». Dans son documentai­re, traitera du cas du parcours difficile d’ayélé, une Togolo-ivoirienne, orpheline à l’âge de 5 ans, et dont la vie est jalonnée d’embûches.

Pour cette nouvelle édition de Sentoo, il y a trois mentors : la réalisatri­ce et scénariste tunisienne Raja Amari, l’enseignant universita­ire en documentai­re sénégalais Sellou Diallo, et l’animateur, auteur de bandes dessinées, réalisateu­r et producteur ivoirien Abel Kouamé.

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