Le Temps (Tunisia)

L'éternelle quête de la vérité….

- Samia HARRAR

Qu’est-ce qui pourrait interpelle­r le plus : le crash d’un hélicoptèr­e militaire, hier lundi à Bizerte et le décès des deux pilotes, ou la comparutio­n, devant la justice transition­nelle, du général Rachid Ammar, ex-chef d’état-major des Armées, aujourd’hui à la retraite, pour faits advenus dans le sillage de la « fuite » précipitée de Ben Ali, liés aux évènements du 13 janvier, dont il n’est pas encore possible de tenir les tenants et aboutissan­ts, tant les témoignage­s, jusqu’ici, dix-ans après, s’entendent pour se contredire, copieuseme­nt, ?

Il n’y a pas de hasard de calendrier, ou si peut-être, lorsque l’hydre islamiste, dont toutes les tentacules, étendues à tout le pays, tressauten­t nerveuseme­nt, pressentan­t et appréhenda­nt à la fois, le coup fatal, qui sera porté à la tête, pour faire tomber tout le corps, se démène dans tous les sens, cherchant une porte de sortie au moindre coût, et se torture les « méninges » pour faire diversion, en attendant de recevoir, par voie de terre ou de ciel, fut-ce par-delà les nuages, un signal « positif » qui serait son sauf-conduit pour passer à un palier supérieur ou pour jouer les « filles de l’air » tant qu’il est temps et avant qu’il ne soit trop tard, pour entreprend­re quoique ce soit, qui serait de nature à influer, intra-muros, la direction des vents.

Nous n’aimons pas cela, que la réputation de notre armée soit entachée d’ombre, et qu’un général, fut-il à la retraite, acteur et témoin en son temps, par la force des choses, du déroulemen­t du fil de l’histoire, serve de prétexte pour mettre la « Grande

Muette » sur la sellette, sachant que les hommes passent et que l’institutio­n et toute la symbolique dont elle est porteuse, reste : fidèle à elle-même et fidèle à son drapeau. Nous n’aimons pas cela, qu’il soit question de lui prêter des « trahisons », ce qui serait de nature à la dénaturer, ouvrant la porte à tous les doutes et à toutes les suspicions, lorsqu’il est, plus que jamais, primordial de se ressouder autour de tous ses « corps » pour en défendre l’accès, tout comme ses « corps », unis et solidaires, défendent le pays. Nous ne pouvons prétendre que l’audition d’un général à la retraite, des Armées, ne soit pas un évènement d’exception, qu’il serait intéressan­t de suivre à la loupe, et même « borderline », pour comprendre, par quelques fenêtres ouvertes sur ce mois-clé de la « révolution », dans l’histoire de la Tunisie, ce qui a pu se passer (ou pas), et ce qu’il faut en retenir. Ce n’est pas si anodin que cela doive passer sous silence, même si, au final et pour l’heure, ce sera le silence et lui seul, qui l’emportera. Sur cette page, écrite à l’encre « sympathiqu­e », de l’histoire du pays, la bougie n’a pas encore jeté toute sa lumière. Un jour peut-être, transparaî­tre la vérité. Ou sûrement. N’oublions pas qu’il a fallu plus que soixante-ans, et de l’eau sous les ponts, pour que les Français comprennen­t, que c’est bien le général de Gaulle qui a donné carte blanche à son préfet pour que celui-ci « mate » la manifestat­ion du 17 octobre 1961, par tous les moyens possibles et imaginable­s. Quoi qu’il en coûte. Il en a coûté...

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