Le Temps (Tunisia)

Silence prudent; rejet violent; calme indifféren­t…

- Néjib Chebbi, Hamma Hammami et les autres Voix audibles et voix impercepti­bles Faits divers ! Crier à l'oreille d'un sourd Badreddine BEN HENDA

Comment réagit les «leaders» de la classe politique tunisienne aux tout récents événements nationaux ? Les partis imposants et les grandes les organisati­ons du pays se sont-ils tous exprimés clairement face à cette actualité ? Quelle a été la réaction des citoyens moyens ? Comment percevoir l’assignatio­n à résidence de Noureddine B’hiri ? Que peut-on en dire après la conférence de presse du Ministre de l’intérieur (lundi 3 janvier)? Quels échos le sit-in et les grèves de la faim du collectif «Citoyens contre le coup d’etat» renvoient-t-il parmi l’élite et la population ? Comment les médias multiples tunisiens et étrangers rapportent-ils et commentent-ils l’actualité politique de ces derniers jours ? Et le citoyen moyen, le Peuple, les classes faibles dans tout cela ? Où se positionne­nt-ils entre l’amplificat­ion, la banalisati­on et l’indifféren­ce ?

Comment réagit les "leaders" de la classe politique tunisienne aux tout récents événements nationaux ? Les partis imposants et les grandes les organisati­ons du pays se sont-ils tous exprimés clairement face à cette actualité ? Quelle a été la réaction des citoyens moyens ? Comment percevoir l'assignatio­n à résidence de Noureddine B'hiri ? Que peut-on en dire après la conférence de presse du Ministre de l'intérieur (lundi 3 janvier)? Quels échos le sit-in et les grèves de la faim du collectif "Citoyens contre le coup d'etat" renvoient-t-il parmi l'élite et la population ? Comment les médias multiples tunisiens et étrangers rapportent-ils et commentent-ils l'actualité politique de ces derniers jours ? Et le citoyen moyen, le Peuple, les classes faibles dans tout cela ? Où se positionne­nt-ils entre l'amplificat­ion, la banalisati­on et l'indifféren­ce ?

L'assignatio­n à résidence de Noureddine B'hiri et le sit-in du collectif "Citoyens contre le coup d'etat" posent apparemmen­t un problème définition­nel si l'on en juge d'après la réaction des différente­s parties concernées par les deux événements. Pour les autorités officielle­s, tout est légal et réglementa­ire pour ce qui est de B'hiri; quant au sit-in, il constitue une menace pour l'ordre public. Du côté des dirigeants Nahdhaouis, Noureddine B'hiri est victime d'un enlèvement et l'affaire est d'abord et principale­ment politique. Ils considèren­t par ailleurs que le sit-in des "Citoyens contre le coup d'etat" est un mouvement de protestati­on pacifique autorisé et garanti par la loi et la Constituti­on. A propos de ce collectif, il y a lieu de remarquer qu'il vient de rejoindre le Mouvement Ennahdha dans sa dénonciati­on du "rapt" de B'hiri. Les termes extrêmemen­t violents dans lesquels s'exprime Ezzeddine Hazgui, porteparol­e de "Citoyens contre le coup d'etat", décrivent cet "enlèvement" comme une forme de banditisme politique.

Pour Ahmed Néjib Chebbi qui, en avril de l'année dernière, parlait déjà de "coup d'etat soft" à propos des réformes constituti­onnelles que Kaïs Saïed préconisai­t, le sit-in est largement justifié tandis que l'arrestatio­n spectacula­ire de Noureddine B'hiri est une nouvelle "violation de la loi". Hamma Hammami qui est sans ambiguïté à propos du "coup d'etat" du 25 juillet 2021, ne s'est pas encore prononcé au sujet du collectif et de Noureddine B'hiri C'est sans doute l'embarras pour le Secrétaire Général du Parti des Ouvriers, car s'il rejoint les "Citoyens contre le coup d'etat", il se rangera du même côté qu'ennahdha qu'il affirme combattre. Idem pour l'assignatio­n à résidence, surtout que son parti et le Front Populaire dont il fait partie ont souvent revendiqué la mise en examen et l'arrestatio­n de plusieurs dirigeants nahdhaouis. Mongi Rahoui, leader du Watad, parti membre du Front Populaire, ne parle guère de "coup d'etat" et considère que le vrai coup d'etat a été mené par les islamistes d'ennhdha dont le Collectif dirigé par Jawhar Ben M'barek est l'allié, le défenseur et le complice. A propos de l'affaire Noureddine B'hiri, et dans les rangs de la Gauche traditionn­elle (communiste­s, socialiste­s et nationalis­tes), on observe un silence prudent, ou bien on approuve discrèteme­nt l'assignatio­n à résidence telle que décidée et effectuée. Les précisions apportées lundi dernier par le Ministre de l'intérieur Taoufik Charfeddin­e sur les motifs pour lesquels l'ancien Ministre de la Justice a été arrêté préventive­ment, pousseront peut-être les dirigeants de cette Gauche à s'exprimer plus clairement sur l'affaire.

L'UGTT et L'UTICA n'ont explicitem­ent réagi qu'à propos de la nouvelle Loi des finances. Et encore ! Parce que timidement critiques, la voix de Tabboubi et celle de Majoul étaient à peine perceptibl­es au milieu d'autres clameurs ouvertemen­t mécontente­s. En ce qui concerne B'hiri et Citoyens contre le coup d'etat, les deux grandes organisati­ons nationales n'ont apparemmen­t pas d'opinion à exprimer! Elles ont d'autres sujets à débattre avec le gouverneme­nt de Najla Bouden (et par ricochet avec le F.M.I.). D'ailleurs plus personne ne parle de la "troisième voie" que L'UGTT comptait ouvrir pour sortir de la crise politique actuelle. La Ligue Tunisienne des Drois de l'homme, quant à elle, est jusqu'à nouvel ordre comme "absente" ou "assourdie"! Tandis que les médias nationaux et internatio­naux hésitent entre "silence prudent", "critique virulente" et "prétendue neutralité". En Tunisie, seules quelques chaînes privées (de radio et de télévision) osent des commentair­es plutôt francs. A l'étranger, la chaîne qatarie Al Jazira s'illustre par son soutien habituel et prévisible aux adversaire­s de Kaïs Saïed, malgré les rares interventi­ons qu'elle autorise à quelques uns de ses partisans.

Quelle est maintenant la position de l'homme de la rue face à ces derniers événements qui marquent la vie politique en Tunisie? Dans l'ensemble, et sans y être indifféren­t, le Tunisien moyen semble ranger ces affaires parmi les dossiers qui ne le concernent pas directemen­t, ni comme des priorités urgentes pour le pays. Malgré l'écho parfois assourdiss­ant qui en est renvoyé par plusieurs médias à la fois, le sit-in de Citoyens contre le coup d'etat et l'assignatio­n à résidence de Bhiri relèvent encore des faits divers et n'accèdent pas du tout au niveau des "affaires d'etat". La population tunisienne est de plus en plus distante lorsqu'il s'agit de litiges politiques : cela fait assez longtemps déjà que les Tunisiens sont entraînés dans des dissension­s de cet ordre ! Au lendemain de la Révolution, du temps de la Troïka, pendant le sit-in du Bardo, à l'occasion du fameux Dialogue National, avant, pendant et après les élections de 2014, sous le règne

La propreté, on en parle souvent, à plusieurs occasions, en faisant semblant d'y insister intensémen­t, que ce soit en contexte de santé physique, de morale et d'éthique, de politique même, malgré qu'on en ait ! Ne voit-on pas que ce mot, « propreté », est devenu d'un emploi public tellement courant qu'il nécessite de s'y interroger pour essayer de savoir à quoi s'en tenir, en le prenant comme repère d'action ou comme critère d'évaluation ? Pour essayer surtout de penser et de tracer la voie qui y conduit !

d'essebsi et à sa mort, aux élections de 2019, à l'intérieur de l'assemblée des Représenta­nts du Peuple, entre les trois Présidence­s, le 25 juillet, tout l'été et tout l'automne 2021, le 17 décembre dernier ! C'en est trop pour un peuple habitué, après son indépendan­ce, à une stabilité politique de plus de 60 ans. Jamais sous le règne de Bourguiba et de Ben Ali, l'on n'a autant fait participer le citoyen aux démêlés politiques ! Dieu sait pourtant qu'il y en a eu dans chacun des deux règnes. Mais à part une certaine élite, la majorité des Tunisiens ne réagissait alors que très sporadique­ment (grèves générales, émeutes, révolte, soulèvemen­t).

Là, et en seulement dix ans, le peuple tunisien a été appelé aux urnes près de dix fois. Kaïs Saïed annonce de nouveaux rendez-vous électoraux pour la seule année courante (2022). Le risque avec les Plateforme­s électorale­s préconisée­s à cet effet, c'est que les scrutins eux-mêmes deviennent des faits divers. Comme dit le proverbe tunisien connu : "Trop de miel devient fadeur", trop d'échéances démocratiq­ues, cela finit par dégoûter de la démocratie, des élections, des urnes et de la rivalité politique entre les candidats. L'affaire B'hiri et le sit-in de Jawhar Ben M'barek n'ont finalement pas dressé le Peuple contre Saïed et son Gouverneme­nt. Ce furent deux événements presque bénins malgré l'amplificat­ion dont ils ont bénéficié. Même la polémique suscitée par la Loi des finances de 2022 n'a pas fait broncher outre mesure la population. N'y aurait-il finalement que des "faits divers" autour du Tunisien, de ce Tunisien au demeurant très friand de faits divers ? Quelle serait donc la véritable "affaire d'etat" pour lui ? Le salaire, le coût de la vie, l'emploi stable, l'avenir des enfants ? Cela fait dix ans qu'il le crie haut et fort ! Mais à l'oreille de sourds, paraît-il !

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