Un poète témoin de son temps
Il est à rappeler qu’abderrahmane Kablouti est originaire de Kairouan, où il a fait ses études primaires et secondaires. Il est titulaire d’un diplôme de l’ecole Normale Supérieure, en tant que professeur de langue arabe. Après quoi, il a commencé à enseigner dans les instituts et obtint plus tard le titre de professeur agrégé, travaillant pendant de longues années comme inspecteur de langue arabe au Ministère de l’education. Il a ensuite assumé la responsabilité du délégué culturel dans le Gouvernorat de Ben Arous.
Concernant son dernier recueil, le poète écrit dans sa préface ceci : « Voici un autre bouquet de poèmes que j'ai écrits avec beaucoup de sentiments et d'émotions dans plusieurs domaines de la poésie qui traitent de questions générales , allant des relations humaines vers l’amour de la patrie, en passant par les soucis personnels et les préoccupations dans les pays arabes et dans le monde. J'y ai enregistré des faits que j'ai vécus et des problèmes qui m’ont affecté en y mettant toute mon âme et tout mon coeur. »
Ce livre comprend environ 200 pages et contient plus de 50 poèmes classiques (à forme fixe) qui obéit à la versification arabe traditionnelle. On y lit des poèmes épiques (« Oudhna » P. 50) ou élégiaques (« Le livre » P. 46) ou (« La poésie à l’ère de l’internet » P.42, un beau poème qui énonce une évidence : la poésie existe bel et bien à l'heure moderne, aux côtés des ordinateurs, des portables et des ordinateurs. On y trouve aussi des poèmes lyriques (« Des mots profonds » P.104 ou « « Quand je te rencontre » P.108), et d’autres humoristiques comme dans les poèmes (« Le Portable » P. 184) et (« Plaisanteries ramadanesques » P. 188).
Certains poèmes sont des hommages rendus à nos compatriotes qui ont fait leur preuve, chacun dans son domaine, qu’ils soient des écrivains (« Authenticité et modernité » P.21), des musiciens (« Le Maestro de l’orchestre des cuivres » P. 26) , des chanteurs (« De notre patrimoine musical »P.52), des comédiens (« Le Maréchal » P. 24) ou des martyrs de la patrie (« La Tunisie, fière de son fils Chokri » P.132) ou (« L’âme de Chokri » P.135). De même, le poète dédie un poème au martyr palestinien « Mohamed Eddorra» en page 142 et au peuple palestinien de Gaza dans son poème intitulé « Embargo et défi ». La pandémie COVID-19 a également inspiré notre poète qui écrit son poème « Coronavirus » en page 168 pour exprimer ses sentiments envers ce fléau.
Nous pouvons lire aussi des poèmes qui immortalisent des personnalités mondiales comme dans le poème intitulé « Mondela, L’aigle libre » P. 140). On y trouve également des poèmes qui glorifient les villes tunisiennes, notamment Kairouan, sa ville natale, comme « Kairouan, l’éternelle » P. 64 ou « Kairouan, la glorieuse » P.66). D’autres sont destinés à Mahdia, à Sousse, à Ezzahra, à Radès, à Ariana, à la Marsa…
Bref, les poèmes d’abderrahmane Kablouti sont l’expression de son milieu et de son environnement. Ne dit-on pas que le poète est témoin de son temps ? En tant que tel, notre poète retranscrit la sensibilité de son époque au travers de textes qui expriment sa vision sociologique, politique, religieuse, morale ou politique. En outre, malgré le boom technologique et la prolifération de la poésie en vers libre, Abderrahmane reste fidèle à la poésie traditionnelle, classique où le rythme de la versification et la musique des rimes sont en vigueur et cherche toujours à susciter une émotion chez le lecteur.