Le Temps (Tunisia)

L'allemagne assume le «désaccord» avec la France sur le nucléaire

- « Indépendan­ce politique »

Lors d’une déclaratio­n, vendredi 7 janvier, la secrétaire d’état allemande aux Affaires européenne­s a ainsi rappelé que Berlin « accepte d’être en désaccord » avec Paris « sur ce point ».

« Nous avons une relation tellement étroite et profonde, nous nous connaisson­s tellement bien », a déclaré Anna Lührmann, soulignant bien connaître « la position française sur le nucléaire », de la même manière que Paris « sait très bien quelle est la position allemande».

« Nous pouvons ensuite nous concentrer sur les sujets sur lesquels nous voulons avancer (ensemble), et ils sont nombreux si on regarde les projets de la présidence française de L’UE : de la protection du climat aux investisse­ments durables, à la question de la souveraine­té stratégiqu­e européenne », a détaillé Mme Lührmann, membre du Parti écologiste allemand et qui vient d’entrer en fonction dans le nouveau gouverneme­nt du chancelier Olaf Scholz.

Le 31 décembre, la Commission européenne a dévoilé un projet de labellisat­ion verte pour les centrales nucléaires et à gaz, qui vise à faciliter le financemen­t d’installati­ons contribuan­t à lutter contre le changement climatique. La France, qui veut relancer sa filière nucléaire, source d’électricit­é stable et décarbonée, et des pays d’europe centrale, comme la Pologne ou la République tchèque, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon très polluantes, réclamaien­t un tel texte.

À l’inverse, l’allemagne a, après la catastroph­e industriel­le de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, décidé de se passer de l’atome en fermant progressiv­ement ses centrales encore en activité. Ce sera le cas à la fin de cette année. Vendredi dernier, trois de ses six derniers réacteurs allemands encore en activité ont été mis hors service, soit la moitié de la capacité nucléaire restante du pays.

« D’une manière générale, nous devons prendre une autre direction pour des raisons climatique­s, mais aussi pour des raisons d’indépendan­ce politique en matière d’énergie », a expliqué Mme Lührmann. « Et c’est pour moi un argument contre le gaz et le nucléaire, car l’uranium doit lui aussi provenir de quelque part. Nous ne voulons pas dépendre énergétiqu­ement des grands fournisseu­rs de matières premières », a-t-elle dit. Selon elle, « le nucléaire n’est pas une énergie durable, parce que nous ne savons pas ce qu’il adviendra des déchets nucléaires ». Cependant, malgré ces divergence­s, l’allemagne ne cherchera pas de conflit avec la France, qui vient de prendre la présidence tournante de L’UE, a-t-elle assuré. « Nous savons aussi que nous ne sommes pas majoritair­es en Europe. Je pense que c’est ainsi qu’il faut aborder la question », a-t-elle admis.

 ?? ?? Le couple franco-allemand et les questions nucléaires : quel rapprochem­ent ?
Le couple franco-allemand et les questions nucléaires : quel rapprochem­ent ?

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