«Diversifier la clientèle ne dépend pas des opérateurs touristiques mais plutôt des liaisons aériennes disponibles»
Anis Meghirbi (Directeur commercial et marketing à « Seabel Hotels Tunisia » :
Le Temps :La zone touristique de Djerbazarzis a enregistré une amélioration aussi bien au niveau des arrivées +59% de janvier au 20 décembre. Comment expliquez-vous cette hausse ?
Anis Meghirbi :A mon avis, il faut relativiser cette hausse car elle est comparée à l’année 2020. Il serait plus judicieux de comparer les chiffres à 2019 et analyser où nous en sommes par rapport à une année d’activité normale, à l’instar de ce que font les autres destinations ainsi que les entreprises de voyages. Certains opérateurs ou régions dans le monde ont par exemple affiché des chiffres dépassant 2019 pendant certaines périodes. C’est là que nous avons pu déduire que le tourisme de loisirs pouvait revenir très rapidement à son niveau de prépandémie.
Est-ce le covid a impacté l'île ?
Le tourisme est un acteur économique très important pour l’île. La baisse vertigineuse de la fréquentation à cause de la pandémie a considérablement impacté l’île.
Comment s’annonce l’hiver à Djerba ?
Le tourisme tunisien souffre depuis plus de deux décennies d’un problème de saisonnalité. Si on y ajoute, la baisse continue des liaisons aériennes voire disparition des charters en hiver conjuguée à la pandémie (la dernière apparition du variant Omicron), on peut déduire que la situation de cet hiver sera très difficile. Néanmoins, la proximité de la Libye ainsi que l’organisation de certaines manifestations locales, permettent de générer des clients pour les quelques hôtels ouverts.
Faut-il diversifier encore la clientèle ? Diversifier la clientèle ne dépend pas des opérateurs touristiques mais plutôt des liaisons aériennes disponibles. On ne peut pas parler de nouveaux marchés, si l’aérien ne suit pas.
Le tourisme alternatif est-ce un moyen pour booster l'île ?
Tourisme balnéaire, Tourisme alternatif, Tourisme Sportif, Tourisme de bien-être, Tourisme de congrès……chaque destination ou région a besoin de développer tout type de tourisme afin d’attirer un maximum de segments de clientèle et de niches. Tout type de tourisme permettra de diversifier la demande, de capter une clientèle génératrice de revenus et d’assurer la stabilité des emplois.
Et le troisième âge ?
C’est le segment qui assure, aujourd’hui et depuis plusieurs années, la survie de la plupart des hôtels en basse saison. Ce segment peut encore se développer.
Peut-on relancer et réinventer cette destination en 2022 ?
Nous devons réinventer l’intégralité de notre tourisme et pas seulement l’année 2022. Les investissements dans le tourisme sont lourds et donc à Long terme. Il faut retravailler notre image car actuellement, c’est cette perception de destination bas de gamme qui prédomine et ce qui est encore plus inquiétant, c’est que même « les bons élèves » vont être attirés dans cette tourmente, malgré eux.
E est-ce que l’aérien suit ?
C’est très timide par rapport au potentiel de la destination, son historique et le rôle pouvant être joué par le secteur sur le plan macroéconomique. On lit de temps en temps, qu’il y aura des vols en haute saison, d’une manière ponctuelle, mais ce n’est guère la solution. Ça ne résout pas le problème de la précarité des emplois par exemple…