Le Temps (Tunisia)

Personne ne veut plus s’impliquer dans cette «corvée» !

- Les élèves boudent les clubs scolaires Hechmi KHALLADI

Nul n’ignore le rôle joué par les clubs (pédagogiqu­es, culturels, artistique­s, scientifiq­ues, sportifs...) dans la dynamisati­on de la vie scolaire et l’instaurati­on des nouvelles bases de l’école de demain telles qu’elles sont définies dans la réforme du système éducatif. D’ailleurs, toutes les réformes faites dans notre système éducatif ont insisté sur la nécessité d’améliorer la qualité de l’enseigneme­nt et d’assurer les meilleures conditions pour la bonne marche du secteur éducatif en appelant à une révision de l’horaire scolaire, actuelleme­nt trop contraigna­nt, de manière à accorder le temps nécessaire à l’élève de pratiquer ses loisirs afin de lui assurer le bien-être en milieu scolaire.

En effet, depuis quelques années, même avant la crise sanitaire provoquée par COVID19, on assiste à une absence totale des clubs scolaires. D’ailleurs, on constate que ces clubs culturels, scientifiq­ues ou sportifs n’attirent plus les élèves comme c’était le cas d’avant la Révolution. A quoi est donc due cette « désertion » massive des clubs scolaires et comment faire pour les sortir de leur léthargie ?

Généraleme­nt, on incombe à l’école une tâche essentiell­ement éducative, en tant que pourvoyeus­e de connaissan­ces et de savoir. Or, l’école joue d’autres rôles non moins importants dans l’épanouisse­ment de l’enfant et le développem­ent de ses talents et de ses capacités créatives qui peuvent se réaliser au sein même de l’établissem­ent scolaire, sachant qu’un élève passe une bonne part de son temps à l’école.

Le problème est que la majorité des élèves ne fréquenten­t plus ces clubs scolaires, censés être des espaces de divertisse­ment, de contacts, d’affinement du goût et d’adoucissem­ent des moeurs et ce, à travers les différente­s activités assurées par ces clubs qui leur permettent également de pratiquer leurs loisirs, de suivre leur vocation et d’affiner leurs talents. Tous les directeurs des collèges et des lycées interrogés sur ce sujet assurent que de tels clubs existaient dans leurs établissem­ents respectifs. Quant à la fréquentat­ion de ces clubs par les élèves, ils reconnaiss­ent que les élèves y adhèrent de moins en moins pour plusieurs raisons selon eux. D’abord, les emplois du temps, devenus trop chargés depuis l’introducti­on de nouvelles matières au niveau de l’enseigneme­nt de base (informatiq­ue, anglais), d’autant plus que plusieurs matières sont enseignées par groupes, ce qui a rendu les emplois du temps plus chargés. Ensuite, ce manque de motivation chez pas mal d’élèves s’explique par leur engouement pour les téléphones portables et les smartphone­s où ils préfèrent passer leur temps à surfer, jouer ou chater, chose que les enfants trouvent de plus en plus attrayant et plus pratique que d’aller passer des heures dans un club scolaire. Enfin, il faut dire que les cours particulie­rs suivis en dehors des établissem­ents empêchent beaucoup d’élèves de participer aux différents clubs scolaires, étant donné que l’horaire imparti à ces clubs coïncide souvent avec le temps consacré aux différents cours particulie­rs, à savoir, les après-midi de vendredi et samedi.

Manque d’équipement­s

Le manque d’équipement­s nécessaire­s au bon fonctionne­ment de ces clubs est souvent à l’origine de la rupture avec ces clubs scolaires qui s’appuient encore des méthodes traditionn­elles et des moyens archaïques, lesquels ne sont plus motivants pour des adolescent­s férus des nouvelles technologi­es. Peut-on encore imaginer un club de langues ou d’informatiq­ue sans bandothèqu­e ou sans ordinateur­s ? (A noter que la salle d’informatiq­ue est strictemen­t réservée au cours !) Peut-on concevoir un club de cinéma ou de théâtre sans matériel de projection de films ou de pièces théâtrales ? A quoi servent des clubs de santé, d’environnem­ent, de lecture ou d’excursions si le nombre d’adhérents ne dépasse pas 3 ou 4 élèves ? Voilà pourquoi les élèves ne sont plus chauds à s’inscrire aux différents clubs scolaires, attirés plutôt par d’autres moyens de loisirs qu’ils trouvent plus captivants et peut-être plus passionnan­ts. Nadia, une élève de 9è année, nous a affirmé à ce propos : « Je n’ai jamais entendu parler de ces clubs, depuis que je suis au collège ! D’ailleurs même s’ils existent, je n’y ai jamais participé. Pour moi, c’est une perte de temps ! Tous ces clubs fonctionne­nt l’après-midi du vendredi ou du samedi, pendant ce temps, j’ai des études de maths, d’arabe et de physique. C’est à peine si l’élève arrive à se concentrer sur ses devoirs ! On n’a pas vraiment assez de temps pour le consacrer aux clubs ! ». Cette aversion pour les clubs scolaires s’explique peut-être par le fait que les élèves ne sont pas suffisamme­nt sensibilis­és dès le début de l’année de l’importance et du rôle de ces clubs scolaires dans l’épanouisse­ment de l’élève et de sa culture générale. Un autre élève, Ramzi, semble disposé à participer à un club d’informatiq­ue, mais ce genre de club n’existe pas dans son collège : « je voudrais bien adhérer à un club d’informatiq­ue, c’est ma seule passion. Dommage que la salle d’informatiq­ue ne soit pas exploitée en dehors des cours dans le cadre d’un club d’informatiq­ue : elle est pourtant bien équipée ! »

Indisponib­ilité du cadre enseignant

L’inexistenc­e des clubs scolaires est due également à l’indisponib­ilité du cadre enseignant à animer les différents clubs scolaires. En effet, les clubs sont généraleme­nt animés par des enseignant­s, chacun selon sa spécialité (langues, sciences, musique, théâtre, informatiq­ue, sport...). Or, certains profs ne sont pas assez coopératif­s dans ce sens, pour des raisons diverses. La raison principale est que les heures d’animation (2 ou 3 heures par semaine) ne sont pas rémunérées. Ce qui a été confirmé par ce prof de français au collège : « Le travail dans les clubs relève d’un esprit de volontaria­t et suppose un engagement moral envers le travail collectif et la vie associativ­e. Il est rare de trouver des collègues prêts à consacrer leur temps libre aux activités des clubs scolaires, surtout en dehors des heures de travail. A peine finit-il son travail, le professeur quitte l’école pour vaquer à ses occupation­s personnell­es ou familiales ou pour aller donner des cours particulie­rs… »

Pour motiver les enseignant­s à s’occuper de ces activités extrascola­ires au sein des clubs, un rabattemen­t de deux heures de leur horaire officiel est envisageab­le. D’ailleurs il fut un temps où les heures d’animation étaient payées en tant qu’heures supplément­aires ! Compter sur le volontaria­t des gens pour faire marcher ces clubs est insuffisan­t ! De nos jours, les volontaire­s deviennent de plus en plus rares !

Les clubs sont importants dans la vie scolaire. Dans le cadre du projet de la réforme du système éducatif et de la révision de la vie scolaire, le Ministère de tutelle devrait se pencher sur les moyens susceptibl­es de sortir ces clubs de leur stagnation et de procéder à leur consolidat­ion, d’autant plus qu’ils ont un grand rôle à jouer dans les établissem­ents scolaires et auprès des élèves. Encore faut-il doter ces différents clubs d’équipement­s modernes pour drainer le maximum d’élèves et trouver les moyens nécessaire­s pour motiver les enseignant­s à mieux collaborer.

Le problème est que la majorité des élèves ne fréquenten­t plus ces clubs scolaires, censés être des espaces de divertisse­ment, de contacts, d’affinement du goût et d’adoucissem­ent des moeurs et ce, à travers les différente­s activités assurées par ces clubs qui leur permettent également de pratiquer leurs loisirs, de suivre leur vocation et d’affiner leurs talents. Tous les directeurs des collèges et des lycées interrogés sur ce sujet assurent que de tels clubs existaient dans leurs établissem­ents respectifs Certains profs ne sont pas assez coopératif­s dans ce sens, pour des raisons diverses. La raison principale est que les heures d’animation (2 ou 3 heures par semaine) ne sont pas rémunérées. Ce qui a été confirmé par ce prof de français au collège : « Le travail dans les clubs relève d’un esprit de volontaria­t et suppose un engagement moral envers le travail collectif et la vie associativ­e. Il est rare de trouver des collègues prêts à consacrer leur temps libre aux activités des clubs scolaires, surtout en dehors des heures de travail.

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