Le Temps (Tunisia)

En Syrie, l'opération séduction d'un groupe djihadiste pour se maintenir à Idlib

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Le groupe Hayat Tahrir Al-cham, qui contrôle une grande partie de l’enclave rebelle depuis plus de quatre ans, tente de faire oublier son héritage islamiste et djihadiste et de se présenter comme une entité capable de gérer un territoire. Objectif : se rendre incontourn­able dans la Syrie post-conflit.

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L’organisati­on d’inspiratio­n salafiste Hayat Tahrir Al-cham (HTC), qui gère une grande partie de la province d’idlib depuis 2017, le dernier bastion rebelle et islamiste situé dans le nord-ouest de la Syrie, “tente de convaincre les Syriens et le monde qu’il n’est plus aussi radical et répressif qu’il l’a été”, écrit The Washington Post.

Le groupe, qui s’est vu, à une certaine période de la guerre en Syrie, comme un “mouvement djihadiste” capable de renverser le régime de Bachar El-assad, a coupé, il y a cinq ans, ses liens avec Al-qaida et prétend s’attaquer à d’autres groupes extrémiste­s présents à Idlib, énumère le journal américain.

Le groupe s’est montré “pragmatiqu­e” ces dernières années, notamment en utilisant la rhétorique du combat contre l’extrémisme “dans l’espoir de plaire aux États-unis et à d’autres gouverneme­nts qui continuent de le classer comme un groupe terroriste”, poursuit le média.

La région d’idlib “s’est transformé­e”, écrit le Post, “pas encore en un État, mais en un endroit où des routines ordonnées ont été installées”.

Le journal américain raconte même que HTC a cessé de s’en prendre à une radio locale, ciblée pendant des années par les islamistes “parce qu’elle passait de la musique, engageait des femmes et parce que ses valeurs libérales posaient un défi à ces hommes zélés et armés”.

Vie quotidienn­e

L’objectif de Hayat Tahrir Al-cham est de se rendre “irremplaça­ble” dans la Syrie post-conflit, explique un analyste cité par le quotidien américain. Néanmoins, tempère le Washington Post, les dirigeants d’idlib “ont été moins efficaces pour atténuer les difficulté­s de la vie quotidienn­e” dans l’enclave qui compte de très nombreux déplacés syriens.

Le gouverneme­nt de facto n’a pas réussi à juguler l’inflation. Sa décision d’augmenter les taxes sur la production d’olives a même récemment déclenché des protestati­ons. Par ailleurs, les journalist­es et autres commentate­urs qui critiquent le gouverneme­nt ou HTC sont fréquemmen­t arrêtés.

Le grand quotidien de la capitale américaine et l’un des titres les plus influents de la presse mondiale. Traditionn­ellement au centre droit, The Washington Post doit sa réputation à son légendaire travail d’enquête dans l’affaire du Watergate, qui entraîna la chute du président Nixon au début des années 1970. Il se distingue aussi par sa couverture très pointue de la vie politique américaine, ses analyses, ses reportages, ainsi que par ses nombreux chroniqueu­rs de tous bords politiques. Premier quotidien à paraître sept jours sur sept (en 1880) et à charger un médiateur de veiller sur l'indépendan­ce du journal (dès 1970), The WP a souvent su évoluer avant les autres. C’est à partir des années 1930 qu’il prend vraiment son essor, suite à son acquisitio­n par Eugene Meyer, avant de connaître son heure de gloire sous la houlette de sa fille, Katharine Graham.

En 2013, le journal contrôlé durant quatre-vingts ans par la famille Meyer-graham a été racheté par le patron d’amazon, Jeff Bezos. Depuis, le Post a mis l’accent sur les nouvelles technologi­es. Les développeu­rs et datascient­ifiques cohabitent dans ses nouveaux bureaux avec les journalist­es ; les titres sont souvent plus accrocheur­s et adaptés au web. Jeff Bezos a investi des sommes importante­s qui ont permis l’embauche de 140 journalist­es, après des années de licencieme­nts. Mais les recettes restent insuffisan­tes et l’avenir suscite toujours des inquiétude­s.

Le site du Washington Post est très complet et attire de nombreux internaute­s de l’étranger. Il a expériment­é ces dernières années des formats très ambitieux, notamment en matière de journalism­e immersif.

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