Le Temps (Tunisia)

Les choses simples de la vie

- L'homme comme un sujet et non pas un esclave Mona BEN GAMRA

« Toutes ces choses, vous les avez dites de la beauté, Cependant, en vérité, vous ne parlez pas d'elle, mais de vos besoins insatisfai­ts, Et la beauté n'est pas un besoin, mais une extase. Elle n'est pas une bouche assoiffée, ni une main vide et tendue, Mais plutôt un coeur embrasé et une âme enchantée. » extrait du Prophète

En choisissan­t de lire ou de relire Khalil Gibran on optera certaineme­nt pour Le Prophète, un ouvrage que l'on peut considérer comme l'un des livres cultes du 20ème siècle. Le prophète que signe en 1923 l'auteur libanais « le plus occidental­isé » dit-on, résume le testament spirituel d'al Mustapha dans un langage universel délicat et aérien qui ne laisse personne indifféren­t devant la grandeur d'un Message d'amour destiné à l'humanité toute entière.

Loin d'être un exposé dogmatique et calcifié sur la religion, le propos de ce livre écrit par un chrétien ayant grandi dans la tolérance et le respect du prochain, rappelle que l'islam est avant toutes choses Amour.

On a besoin aujourd'hui, plus que jamais d'ailleurs, d'être dérangé, bouleversé, ému, attendri par ces choses de la vie devant lesquelles nous passons souvent sans y faire attention ... La beauté du monde qui nous entoure, la simplicité et la profondeur des sentiments d'amour du prochain ... Ce livre qui parle d'un sage qui s'apprêtait à quitter une cité imaginaire, est un concentré de réponses sur des questions ordinaires que l'on peut se poser dans des étapes différente­s de notre existence, telles que la vie, la mort, l'amour, la beauté... Le sage répondait en effet, aux inquiétude­s des villageois qui s'empressaie­nt à lui poser des questions qui les tracassaie­nt et auxquelles les réponses ne sont pas aussi simples ou évidentes. Et là aussi, les propos du sage sont inattendus car Khalil Gibran considère que toues « les réponses sont en nous ». Et il suffit d'observer d'une manière profonde et censée le monde qui nous entoure pour l'appréhende­r.

Ici la prière figure comme une manière de renouer avec une force, une source d'énergie intarissab­le capable de nous changer et de faire de nous des êtres meilleurs. Elle est aussi et toujours selon l'auteur, un véritable art de vivre capable de faire de nous des êtres meilleurs. L'homme y est décrit comme un sujet et non pas comme un esclave vis-à-vis du divin.

"Je ne connais pas d'autre exemple, dans l'histoire de la littératur­e, d'un livre qui ait acquis une telle notoriété, qui soit devenu une petite bible pour d'innombrabl­es lecteurs, et qui continue cependant à circuler en marge, comme sous le manteau, sous des dizaines de millions de manteaux, comme si Gibran était toujours un écrivain secret, un écrivain honteux, un écrivain maudit" écrivait Amin Maalouf à propos de ce livre phare de la littératur­e mondiale. Celui-ci a fait l'objet, rappelons-le, de plusieurs critiques qui l'ont encensé depuis sa parution au début du siècle dernier. Il a été traduit dans plusieurs langues et dans plusieurs éditions en français. Alexandre Najjar, lui aussi libanais a consacré un ouvrage sur ce livre qui, dit-il « Rarement un livre de spirituali­té n'a autant voulu dépasser, dans un langage clair et accessible à tous, les opposition­s religieuse­s pour chanter les valeurs universell­es qui, depuis la nuit des temps, consacrent la grandeur de l'humanité. »

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