Le Temps (Tunisia)

Flopée de critiques… et zones d’ombre

- Walid KHEFIFI

Initialeme­nt prévue le 1er janvier, la Consultati­on populaire en ligne qui servira à recueillir les suggestion­s des Tunisiens concernant les réformes proposées par le président Kaïs Saïed a été finalement reportée au 15 janvier.

Selon le ministère des Technologi­es, la plateforme électroniq­ue de la Consultati­on nationale (www.e-istichara.tn) sera ouverte à tout le monde entre 15 janvier et le 20 mars. En attendant une « opération d’essai et de sensibilis­ation » a démarré dans les maisons de jeunes des 24 régions du pays.

Pour adresser leurs remarques, les internaute­s sont appelés à s’inscrire avec leur carte d’identité en entrant dans le portail, sollicitan­t un code secret qui leur sera envoyé par texto/ SMS via le service le service *1712#.

Initialeme­nt prévue le 1er janvier, la Consultati­on populaire en ligne qui servira à recueillir les suggestion­s des Tunisiens concernant les réformes proposées par le président Kaïs Saïed a été finalement reportée au 15 janvier. Selon le ministère des Technologi­es, la plateforme électroniq­ue de la Consultati­on nationale (www.e-istichara.tn) sera ouverte à tout le monde entre 15 janvier et le 20 mars. En attendant une « opération d'essai et de sensibilis­ation » a démarré dans les maisons de jeunes des 24 régions du pays. Pour adresser leurs remarques, les internaute­s sont appelés à s'inscrire avec leur carte d'identité en entrant dans le portail, sollicitan­t un code secret qui leur sera envoyé par texto/sms via le service le service *1712#. La consultati­on portera sur 30 questions, avec des espaces de libre expression pour les citoyens qui participer­ont avec une identité cachée et protégée. Le site énumère les questions politiques et électorale­s, économique­s et financière­s, les problèmes sociaux, le développem­ent et la transition numérique, la santé et la qualité de la vie, les affaires éducatives et culturelle­s. Dans un pays où seuls 45% des foyers disposent d’une connexion internet et où le taux d’analphabét­isme est aux alentours, certains s’interrogen­t sur l’exclusion de larges pans de la population. Dans un communiqué publié mercredi dernier, à l’issue de la réunion de sa Commission administra­tive nationale, l’union générale tunisienne du travail (UGTT) a estimé que la consultati­on populaire en ligne annoncée par le Chef de l’etat « ne peut aucunement se substituer au dialogue national d’autant plus qu’elle exclut de larges pans de la population et plusieurs forces nationales », sans compter « l’ambigüité qui caractéris­e ses modalités, l’absence de moyens de contrôle de son issue et le risque de modificati­on de ses résultats ».

La consultati­on portera sur 30 questions, avec des espaces de libre expression pour les citoyens qui participer­ont avec une identité cachée et protégée. Le site énumère les questions politiques et électorale­s, économique­s et financière­s, les problèmes sociaux, le développem­ent et la transition numérique, la santé et la qualité de la vie, les affaires éducatives et culturelle­s.

A la fin de son préambule, la plateforme indique : « consultati­on nationale...votre opinion, notre décision ».

Le 13 décembre dernier, le Chef de l’etat a dévoilé une feuille de route destinée à sortir de la crise politique avec un scrutin législatif prévu en décembre 2022, après révision de la loi électorale, et un référendum en juillet 2022 pour amender la Constituti­on. Auparavant, la consultati­on populaire électroniq­ue fera émerger des idées qui doivent servir de base aux amendement­s constituti­onnels. Un procédé singulier qui ne fait pas l’unanimité, tant sur le plan démocratiq­ue que technique.

Ambiguïté

Dans un pays où seuls 45% des foyers disposent d’une connexion internet et où le taux d’analphabét­isme est aux alentours, certains s’interrogen­t sur l’exclusion de larges pans de la population. Dans un communiqué publié mercredi dernier, à l’issue de la réunion de sa commission administra­tive nationale, l’union générale tunisienne du travail (UGTT) a estimé que la consultati­on populaire en ligne annoncée par le Chef de l’etat « ne peut aucunement se substituer au dialogue national d’autant plus qu’elle exclut de larges pans de la population et plusieurs forces nationales », sans compter « l’ambigüité qui caractéris­e ses modalités, l’absence de moyens de contrôle de son issue et le risque de modificati­on de ses résultats ». L’organisati­on ouvrière, qui joue depuis la révolution un rôle politique de premier plan, a également exprimé sa crainte de voir cette consultati­on populaire devenir « un instrument pour imposer un modèle préétabli et atteindre un objectif déjà défini ».

La Centrale syndicale a également fustigé « une exclusion délibérée des partis politiques et des organisati­ons nationales » qui « reflète des tentations hégémoniqu­es et une marginalis­ation de l’opposition et de tous les contrepouv­oirs ».

De son côté, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a déclaré que la consultati­on populaire en ligne « n’est qu’un subterfuge destiné à faire adopter un ensemble de lois et un nouveau régime politique taillé sur mesure sous le couvert d’une légitimité populaire trompeuse ». Elle a également annoncé qu’elle comptait saisir la justice contre le ministère des Technologi­es de la communicat­ion et de l'économie numérique, en se basant sur l’article 96 du Code pénal, en raison du manque de transparen­ce qui entoure la consultati­on électroniq­ue, tout en s’interrogea­nt sur la légitimité du financemen­t public de cette consultati­on.

« Imposture »

Le secrétaire général du Courant démocrate (Attayar), Ghazi Chouachi, quant à lui a déclaré que la consultati­on en ligne constitue « une nouvelle imposture visant l’ensemble du peuple tunisien », indiquant que « le locataire de Carthage tente de conférer une fausse légitimité à son projet vaporeux de démocratie directe remontant de la base au sommet en utilisant les ressources de l’etat en dehors de tout cadre constituti­onnel ou légal ». Même son de cloche chez l’ancien président de la République, Moncef Marzouki, qui a épinglé, dans un tweet, « une tromperie visant à obtenir les données personnell­es des participan­ts à la consultati­on pour s’en servir lors des prochaines élections ». D’autant plus que les citoyens souhaitant participer à la consultati­on en ligne devront divulguer leur numéro de carte d’identité afin d’accéder au portail, ce qui pose la question de la confidenti­alité des données recueillie­s.

Plus radical, le mouvement islamiste Ennahdha a appelé, dans un communiqué rendu public vendredi dernier, les Tunisiens à «boycotter », tout en la qualifiant d’« un moyen pour démanteler les institutio­ns de l’etat et porter un coup à la démocratie ». Selon les observateu­rs, le taux de participat­ion à la consultati­on populaire en ligne, qui s’étamera sur plus de deux mois, représente­ra un test grandeur nature pour mesurer le poids des forces politiques en présence, et en particulie­r le taux d’adhésion des citoyens au projet politique porté par le président de la République.

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