La réouverture se fait encore attendre
« Tourbet El Bey » toujours fermé:
Le monument funéraire des Beys de Tunis, « Tourbet El Bey », situé sur la rue qui en porte le nom dans la Médina de Tunis et qui a été construit sous Ali Bey II, qui avait régné entre 1759 et 1782, demeure fermé au public depuis plusieurs années. Pourtant, des travaux de restauration avaient eu lieu, par intermittence durant des dizaines d’années, mais qui n’avaient pas permis sa réouverture définitive.
Ce lieu, dont la façade extérieure a été récemment restaurée, est à notre connaissance rare et presque unique au monde. Il appartient à l’histoire de la dynastie husseinite (1705-1957) et de l’histoire de la Tunisie sous l’empire ottoman. Il est constitué de chambres funéraires donnant sur deux patios avec les tombes des souverains dans une salle qui leur est réservée et d’autres chambres pour les membres de leur famille, particulièrement les princes et les princesses. Le délabrement ne menace, certes, pas ruine, mais l’entretien, voire la rénovation y sont absolument nécessaires pour que ce mausolée puisse garder sa pérennité et reprenne sa vie et sa place dans le circuit touristique, historique et culturel de Tunis. De plus, cette grande demeure, à valeur de musée, devrait être découverte par nos générations d’aujourd’hui. Car l’histoire du règne des Beys en Tunisie a été occultée dès la proclamation de la République le 25 juillet 1957. Du coup, ce lieu avait été abandonné à son sort et les citoyens devaient « haïr », en quelque sorte, la famille husseinite et ne point en parler, à l’exception de Moncef Bey, le Bey nationaliste qui avait défié la France, voire le régime de Vichy et payé cher son engagement pour l’indépendance de la Tunisie. Il n’avait pas été enterré à « Tourbet El Bey », à l’instar de son successeur Lamine Bey. Mais peut-on « effacer » l’histoire ? On doit seulement l’étudier et la rappeler, même s’il s’agit de celle de tyrans ou de dictateurs. Et on allait l’oublier. Le mausolée d’hussein Ben Ali, fondateur de la dynastie husseinite, situé à quelques mètres de « Tourbet El Bey », est une petite maison aujourd’hui squattée ou habitée par ses propriétaires. Or, cet autre lieu de l’histoire, qu’on reconnait à travers un poème écrit sur une plaque de marbre blanc sur sa façade, devrait revenir à l’etat et constituer une suite du musée funéraire des Beys de Tunis. Il s’agit bien de l’histoire et de la mémoire collective des Tunisiens. Et pour la petite histoire, feu le poète Mahmoud Bourguiba habitait dans un « Eli » (une maison à l’étage) située dans la Driba, le hall d’entrée de « Tourbet El Bey. » Nous croyons savoir que le père de « Si » Mahmoud y logeait avec sa famille, étant donné qu’il était le gardien de ce lieu, de ce temple de l’histoire.