Le Temps (Tunisia)

Neuf anciens membres devant la justice française

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Brigades rouges italiennes :

Le gouverneme­nt italien demande leur extraditio­n. Ils sont neuf et sont soit d'anciens militants d'extrême-gauche, soit d'anciens membres des Brigades rouges. La justice française se prononce sur leur sort. Elle a demandé une grande quantité de documents au ministère italien de la Justice ces derniers mois.

Narciso Manenti, 63 ans, originaire de Telgate, a été condamné à la réclusion à perpétuité en Italie pour le meurtre du carabinier Giuseppe Gurrieri, le 13 mars 1979 à Città Alta.

Narciso Manenti habitait depuis en France. Il a été arrêté le 28 avril dans le cadre d'une opération sur le sol français contre d'anciens militants des Brigades rouges. Sept ont été arrêtés ce jour-là, deux autres se sont présentés d'eux même à la police. Narciso Manenti a ensuite été libéré sous surveillan­ce policière avec les autres.

Giovanni Allemonti, Luigi Bergamin, Giorgio Pietrostef­ani, Raffaele Ventura, Marina Petrella, Roberta Cappelli, Sergio Tornaghi, Narciso Manenti, Enzo Calvitti sont âgés de 63 à 71 ans. Certains risquent la prison à perpétuité en Italie.

Le gouverneme­nt italien avait demandé leur extraditio­n pour implicatio­n dans des meurtres terroriste­s commis lors des « années de plomb » des années 60-80, période marquée par le terrorisme, d’extrême gauche et d’extrême droite. Dans ce climat de très grande violence l’italie vivait sous un régime de quasi exception, les condamnati­ons étaient parfois hâtives et la torture répandue. Plus de 300 personnes avaient fui vers la France à l’époque.

« La doctrine Mitterrand »

La question de leur extraditio­n a toujours empoisonné les relations franco-italiennes. Fin avril le Premier ministre italien Mario Draghi s'était félicité du changement de position de la France qui jusque-là s'était contentée d'appliquer « la doctrine Mitterrand », c'est-à-dire le refus d'extrader ces individus venus se réfugier en France et qui avaient choisi d’abandonner la lutte armée, excepté ceux ayant commis des crimes de sang. Depuis 1981, seuls deux décrets d'extraditio­n ont été signés sous la présidence de Jacques Chirac : pour Paolo Persichett­i qui sera extradé en Italie en 2002, et Cesare Battisti.

Le président Emmanuel Macron a en effet exprimé une nouvelle position. « La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l'absolu besoin de justice des victimes. Elle s'inscrit également, à travers cette transmissi­on, dans l'impérieuse nécessité de la constructi­on d'une Europe de la Justice, dans laquelle la confiance mutuelle doit être au centre ».

La chambre d’instructio­n de la cour d'appel de Paris doit se prononcer sur cette demande d’extraditio­n italienne. Les plaies de cette période n’ont jamais été refermées en Italie et les familles de victimes attendent toujours que justice soit rendue; les avocats des prévenus estiment pour leur part qu’un travail de mémoire et de vérité plus large doit être entrepris dans le pays.

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