Mais «Omicron & co», risquent de tout « doucher »
La Banque Mondiale prévoit une croissance de 3.5% pour la Tunisie en 2022:
La nouvelle vague du covid 19, portée par le variant Omicron, vient de « doucher » les perspectives de croissance mondiale de la Banque Mondiale pour l'année 2022. « Après un rebond estimé à 5,5 % en 2021, la croissance mondiale devrait nettement marquer le pas, pour s'établir à 4,1 % en 2022, dans un contexte de recrudescences de la COVID-19, de réduction des mesures de soutien budgétaire et de problèmes d'approvisionnement persistants », souligne le rapport de la BM sur les perspectives de croissance mondiale. Pour 2022, la Tunisie devra réaliser une croissance de 3.5% avant de se contracter à 3.3% en 2023, estime l'institution de Bretton Woods mettant en garde contre les menaces d'un atterrissage brutal.
Tout comme les schémas de vaccination inégale entre les pays avancés et le reste du monde, les schémas de croissance suivront la même courbe. Alors que dans les économies avancées, les chiffres de la production et de l’investissement devraient renouer l'année prochaine avec leurs niveaux d'avant la pandémie, ils resteront en deçà des tendances PRÉ-COVID dans les marchés émergents et les économies en développement, pénalisés par des taux de vaccination moins élevés, le resserrement des politiques budgétaires et monétaires, et un impact de la pandémie plus durable. Pour la région MENA, la croissance devrait s’accélérer à 4,4 % en 2022 avant de ralentir à 3,4 % en 2023. Les résultats économiques ont été inégaux dans la région, selon la gravité et les effets de la pandémie.
En Tunisie, la reprise a été freinée par la multiplication des cas de COVID au milieu de 2021 et les nouvelles restrictions imposées aux déplacements, ainsi que par l’incertitude politique qui a régné l’année dernière. La BM prévoit une croissance de 3.5% pour la Tunisie en 2022 et 3.3% en 2023.
Accentuation des pressions inflationnistes
Selon la même source, les nouvelles flambées de COVID-19, l’agitation sociale, le niveau élevé de la dette dans certains pays et les conflits pourraient freiner l’activité économique dans la région MENA, notamment en Tunisie malmenée par une crise financière et budgétaire aigue.
« Le ralentissement de la croissance mondiale entre 2021 et 2022 pourrait être plus prononcé qu’anticipé si la propagation rapide du variant Omicron vient submerger les systèmes de santé et conduit les autorités des grandes économies à réimposer des mesures drastiques de lutte contre la pandémie. Les perturbations économiques dues au variant Omicron risquent ainsi d’amputer encore davantage la croissance mondiale — dans une fourchette allant de 0,2 à 0,7 point de pourcentage en fonction des hypothèses sous-jacentes. Ces turbulences risquent d’aggraver les goulets d’étranglement au niveau des chaînes d’approvisionnement et accentuer les pressions inflationnistes », ajoute la même source.
D’ailleurs en Tunisie, les pressions inflationnistes s’aggravent. L’inflation devra frôler les 7% en 2022. La BCT table sur un taux d’inflation moyen de 6,8%, en 2022, avant de s’atténuer à 5,6% en 2023. La vigilance est de mise surtout avec un niveau de croissance très timide prévu et qui risque d’accentuer la manne d’une dépression économique sévère.
Ce n’est pas tout, l’explosion de l’endettement et le creusement du déficit budgétaire viendront jeter un pavé dans la mare et étriquer toute marge de manoeuvre. Selon la BM, « la pandémie a entraîné une explosion de l’endettement : la dette mondiale totale ressort désormais à 263 % du PIB, soit son plus haut niveau en 50 ans. Cette hausse concerne aussi bien la dette publique que la dette privée, et la dette extérieure comme la dette intérieure. Et si elle touche à la fois les économies avancées et les économies émergentes et en développement, elle a eu pour conséquence d'aggraver les vulnérabilités dans celles-ci, et en particulier dans les pays à faible revenu ».
Jérome Vacher, le représentant du FMI en Tunisie a affirmé hier sur les ondes d’express.fm que l’impulsion de la croissance et le rétablissement de l’équilibre des finances publiques sont les défis majeurs de l’économie tunisienne affirmant que le soutien du FMI dépendra du programme de réformes et de l’engagement des différentes parties du pays.
Yosr GUERFEL AKKARI