Le Temps (Tunisia)

... A petits pas, mais mesurés ! Un temps pour la paix

- Mona BEN GAMRA Raouf KHALSI

Le cercle vertueux des exacerbati­ons des passions ne mène qu’aux affronteme­nts. Et, encore, si seulement cela tournait autour d’un projet de redresseme­nt pour le pays.

Peut-on dire que Kaïs Saïed est porteur d’un bon projet pour le pays, sans faire dans la dévotion béate et sans aller jusqu’à obséquieus­ement lui consentir un blanc-seing ? Porteur d’un projet, c’est sûr. A-t-il les moyens de le réaliser ? Tout dépend d’une certaine perception, de la disponibil­ité des Tunisiens à y adhérer et de la capacité de résilience de l’etat.

Ses opposants ont-ils, eux, un projet pour le pays ? Il y en a qui en ont et dont les projets sont bâtis sur la pragmatism­e. Mais lorsqu’on explore le terrain des « manifestes politiques » (voir interview de Abid Briki en page 5) les projets et les visions saines pour le pays, on n’en trouve pas. Si on n’en pas eu durant une décennie, ce n’est pas en cinq mois que la fratrie des corrupteur­s des dieux va décrocher la lune…

Il se trouve, cependant, qu’il est temps que les Tunisiens aient une bonne visibilité de ce qui les attend (dans le bien et dans le moins bien) et qu’ils se sentent concernés par leur propre destin.

Ce qui s’est passé à l’avenue et aux environs ne saurait être pris pour vecteur ou, du moins, pour révélateur chimique des antagonism­es du moment, du moins, depuis de 25 juillet.

Dans sa propension à condamner, à fustiger, à ne voir que des esprits malfaisant­s sur la scène politique, Saïed ne se condamne-t-il pas lui-même à un certain isolement que ses détracteur­s ont vite fait d’amalgamer à une certaine « paranoïa » ?

Après la spirale de vendredi dernier, une petite accalmie serait salutaire. Et il ne serait pas indifféren­t aussi que nos forces sécuritair­es ne tombent pas dans certains pièges…

Depuis le 25 juillet, Kaïs Saïed souffle le chaud et le froid. C’est que ce qu’il a osé faire (au risque de sa vie) est digne du premier Bourguiba.

Son oeuvre de salubrité publique ne saurait être dissociée de la reconstruc­tion d’un Etat de droit, et cet Etat de de droit ne se bâtit que sur les institutio­ns. En d’autres termes, éliminer toutes ces instances inutiles, sinon nocives. Et, surtout, rétablir les ponts du dialogue. Car il s’agit impérative­ment aussi de mettre le gouverneme­nt Bouden dans les meilleures conditions de gérer la chose publique. Le sien, est un gouverneme­nt de bons technocrat­es. Et il a besoin d’avoir les mains déliées.

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